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Portables sur écoute : Facebook avoue

Après s’être longtemps défendu de complot face aux accusations d’écoute des smartphones, Facebook admet aujourd’hui que des messages vocaux étaient conservés afin d’être retranscrits. La pointe de l’iceberg concernant les données privées ?

Facebook Twitter

La question de l’écoute de nos téléphones est posée depuis de nombreuses années, avec les nombreuses applications demandant l’accès à nos micros et autres. Quand des publicités coïncident avec une discussion de la veille, comment ne pas douter de la bienveillance des géants du web ? Après avoir nié ces pratiques durant des années, Facebook avoue aujourd’hui une partie de la vérité.

Mensonge avoué, à moitié pardonné ?

En début de semaine, suite à une enquête du journal Bloomberg le pôle communication de Facebook a confirmé qu’une partie des messages vocaux étaient jusqu’à présent retranscrits par une société de sous-traitance, TaskUs.

Facebook avance que cette pratique leur permet d’améliorer leur service, notamment l’intelligence artificielle (IA) traduisant les messages vocaux en texte. Mais cette révélation remet sur la table plusieurs problématiques : le transit d’informations privées par des sociétés tierces et l’usage du microphone des utilisateurs en dehors des messages vocaux. Concernant le transit de données, Bloomberg précise notamment que TaskUs, n’a pas pour seul mission l’amélioration de l’IA de Facebook, mais possède également des groupes de travail tournés vers la publicité, dont celles dédiées aux élections. Malgré ce que peut dire Facebook, les frontières paraissent rapidement floues entre les différentes activités de l’entreprise : entre publicités et améliorations des algorithmes, les données seraient-elles vraiment séparées ?

L’ensemble des GAFA utilisent en réalité ces pratiques

Concernant cette affaire, Facebook a annoncé avoir suspendu l’activité de transcription des messages vocaux. Alors que l’entreprise s’est vu attribuer une amende record de cinq milliards de dollars par le gouvernement américain concernant sa gestion des données privées, Facebook n’avait pas d’autre choix que de temporiser lors des révélations.

De plus, il s’avère que depuis le début du mois d’août c’est en réalité l’ensemble des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) qui ont annoncé avoir mis fin à ces pratiques. Facebook ne pouvait rester le seul géant du web à maintenir cela, alors que ses confrères ont été contraints d’arrêter. Concernant Amazon, Google et Apple, les trois entreprises pratiquaient le même type d’espionnage à travers leurs enceintes connectées, avec la même justification d’amélioration des services.

Écoute ponctuelle ou constante ?

Aujourd’hui nous connaissons donc partiellement la vérité, autour des messageries vocales et des enceintes connectées, on peut dire que les utilisateurs "autorisent" dans une certaine mesure, l’usage de leur voix lors de la transmission de message ou lors de commande vocale aux appareils domotiques de dernières générations.

Une autre polémique est pourtant toujours en cours sur l’usage des micros de nos téléphones portables en dehors des utilisations ci-dessus. Alors que Mark Zuckerberg qualifie ces hypothèses de théories du complot, de plus en plus de doutes s’accumulent sur la question. Les experts affirment que de fait, cela est techniquement possible, les applications étant systématiquement en alerte pour capter une éventuelle interaction avec l’utilisateur. Reste à savoir si Facebook et consorts utilisent réellement tout ce qui se dit autour des téléphones.

Plusieurs tests ont déjà montré qu’émettre une envie d’achats, de voyages ou d’autres actes de consommation à côté de son smartphone se transforme en proposition publicitaire même si l’utilisateur n’a jamais fait de recherche à ce sujet. Ce qui va dans le sens d’une écoute permanente. Certaines personnes proposent l’hypothèse de mots déclencheurs, qui lanceraient l’enregistrement et transmettraient cela à des IA qui traiteraient les données afin de proposer des publicités ciblées. Ce qui ne serait évidemment pas étonnant si l’on prend en compte la volonté des géants du web de réunir le plus de données possibles concernant les utilisateurs, le marché de la vente de données étant en perpétuelle évolution.

D’une meilleure publicité à une meilleure répression

Outres les dimensions éthiques liées à la récupération de données à des fins publicitaires, l’opacité de la gestion des données et de l’accès aux fonctionnalités de nos appareils multimédias en général, posent d’autres questions, notamment celles de surveillance et de la répression politiques sur les réseaux sociaux.

En France, la dernière séquence politique marquée par la mobilisation des Gilets Jaunes en a montré un exemple flagrant et on ne compte plus le nombre d’interpellations voir d’inculpations liées à des posts sur les réseaux sociaux. Par exemple, à Narbonne, en janvier Hedi M., gilet jaune, était condamné à 6 mois fermes pour avoir relayé un appel au blocage d’un dépôt pétrolier. A Montauban, 4 mois de sursis ont été prononcés pour un gilet jaune ayant fait un post insultant le préfet... pour ne prendre que quelques cas.

Ces condamnations résultent d’une "simple" consultation des profils Facebook de manifestants, mais le gouvernement français a d’ores déjà passé un accord avec Facebook afin de récupérer les adresses IP des utilisateurs postant des contenus jugés « haineux » sur le réseau social.

Alors que le mouvement des Gilets Jaunes a notamment pris naissance sur Facebook, les réseaux sociaux deviennent une nouvelle cible pour les gouvernements. Afin de préparer leur arsenal répressif en vue des prochaines mobilisations sociales, tous les moyens sont bons, et Emmanuel Macron a déjà émis à plusieurs reprises durant le Grand Débat une potentielle « fin de l’anonymat sur internet » allant dans ce sens.

La collaboration entre les gouvernements et les géants du web étant déjà engagée, il n’est pas fou de s’imaginer qu’à ce rythme nos conversations, à quelques mètres de nos portables, pourraient être transmises à des fins répressives. Des pratiques d’écoute déjà mises en place par les services de renseignements gouvernementaux, qui pourraient facilement être renforcées par la grande expertise de Facebook dans ce domaine !


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