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Podemos face aux prochaines élections

Podemos serre la main de l’Église et de l’OTAN

Auteur : Ivan Tamajón Traduction : Malena Vrell Sergio Pascual, secrétaire d'organisation de Podemos et candidat pour Séville, a déclaré, lors d'une interview parue dans El Pais, que, s’ils étaient amenés à gouverner, Podemos ne changerait rien aux traités signés avec l'OTAN et ne supprimerait pas la concession faite aux écoles religieuses.

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Le candidat pour la capitale andalouse a fait référence aux traités de collaboration que l’État espagnol maintient avec l’OTAN comme des "engagements faits par notre pays" et que donc "nous allons respecter jusqu’à la dernière virgule". C’est ainsi que Podemos envoie un message clair aux secteurs les plus conservateurs de la société. La volonté de faire passer un quelconque type de réforme qui remette en cause ne serait ce qu’un des ciments du Régime de 78 (en référence à l’année de la constitution post-franquiste) est une question qui n’est aucunement dans la feuille de route de la formation politique de Pablo Iglesias.

Cette affirmation cachée derrière une rhétorique de pragmatisme politique, non seulement approfondie le virage du groupe violet vers le “centre politique”, mais le montre prêt à vaincre toutes les barrières. Derrière ce voile de “hauteur politique” et de “parti de l’État” que Podemos essaie de promouvoir avec des déclarations comme celles de Sergio Pascual, se cachent encore plus de reculs par rapport au programme initial qui suppose des capitulations inconcevables.

Ne pas questionner les traités de collaboration de l’État espagnol avec l’OTAN suppose de ne pas questionner les près de 9,666 millions d’euros qui, d’après l’OTAN elle-même, seront destinés de la part l’État espagnol à l’armée impérialiste. Par ailleurs, l’accord entre les États membres établit que dans les prochaines années les couts militaires devront représenter jusqu’à 2% du PBI (ils tournent autour de 0,9% actuellement). De la même façon, cela ne suppose pas de remettre en question l’utilisation des bases militaires qui servent à transférer illégalement des prisonniers, cas dans lequel le gouvernement espagnol s’est retrouvé en 2008.

L’entretien a aussi donné lieu à une autre déclaration d’intentions en faveur d’un des secteurs les plus rétrogrades qui conforment “la chaste” du Régime de 78 : l’Église catholique. Dans le même entretien, le Secrétaire de l’Organisation a assuré qu’il fallait « prioriser les dépenses dans l’éducation publique sans pour autant retirer de l’argent à l’éducation privée agréée”, et il rajoutait “ on maintiendra notre engagement vis à vis de l’éducation privée agréée”. Il s’agit d’un changement de 180 degrés par rapport à ce que disait Pablo Iglesias il y a peu de temps lors d’un entretien avec Ana Pastor pour El Objetivo. Le leader de Podemos affirmait paradoxalement lors de cet entretien “qu’il fallait réduire l’éducation privée agréée à des situations expérimentales”. La défense d’un modèle éducatif avec un réseau d’écoles concertées est, dans les faits, un modèle qui cherche à permettre l’accès à l’éducation selon l’origine sociale de l’élève. Elle offre ainsi à l’élève ayant suffisamment de moyens économiques la possibilité d’assister à des écoles avec de meilleurs matériels et moyens. Sans trop nous étendre dans cet article sur ces aspects, et delà des autres conséquences de ce modèle qui se traduit par ailleurs par la ségrégation ethnique pratiquée par ces centres, il faut mettre en relief qu’un vaste pourcentage de ceux-ci dépendent directement de congrégations religieuses.

L’État espagnol est aujourd’hui le deuxième pays de l’Union Européenne, derrière la Belgique, avec le plus d’élèves dans des écoles privées agréées. Mais derrière ces chiffres se cache un des grands business de l’Église catholique espagnole. Parmi l’ensemble des écoles privées agréées, 63% dépendent directement de congrégations religieuses. Ce qui implique un contrôle direct de la part de l’ordre religieux sur les enseignants, les sujets, les livres de texte etc.

Respecter et maintenir ce modèle d’éducation, comme le signale Sergio Pascual, veut dire respecter que l’Église catholique rétrograde, celle qui lutte contre l’homosexualité, qui minimise les féminicides et attaque de façon raciste les immigrants, maintienne sa main mise sur l’éducation et impose sa vision du monde sur la conscience de milliers de jeunes, tout en tirant des bénéfices économiques. Voici ce qui se cache derrière les propos du candidat de Podemos de Séville.

Il faudra voir par quel artifice discursif ils chercheront à insérer ces intentions dans la base du programme qui est déjà disponible pour la votation en ligne. Dans ce programme, ils signalent qu’ils vont promouvoir une “éducation publique, gratuite, laïque et de qualité comme axe du système éducatif”. Maintenir une logique de marché dans le système éducatif (les lycées privés agréés font partie de la privatisation du modèle éducatif) entre complètement en contradiction avec ce point là, au delà d’être un frein objectif. Dans une situation de crise économique, et avec la Troïka comme principale actrice des coupes budgétaires, il semble utopique de penser à une augmentation du budget pour des dépenses sociales sans toucher aux privilèges des grands capitalistes et des principales institutions du régime politique ; une ligne rouge que Podemos ne semble pas vouloir franchir.

Il semble que face aux élections du 20 décembre dans l’Etat espagnol, la stratégie de Podemos va continuer à s’inscrire dans l’approfondissement de la voie du “centralisme politique” pour ne pas perdre de souffle dans la concurrence avec Ciudadanos et le PSOE. Une orientation qui pousse à abandonner une quelconque mesure qui puisse ne serait-ce que déranger les pouvoirs du régime et le capitalisme espagnol.


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