Urgence écologique, catastrophe et profits

Planète Macron

Christa Wolfe

Planète Macron

Christa Wolfe

La Macronie c’était censé être une nouvelle planète, mais en réalité, elle emprunte dans le bric-à-brac new age de la vieille politique. Avec un peu de peinture verte.

Macron, dans le discours, c’est le nouveau monde, la start-up nation, le new management version libérale-autoritaire. Et si, en effet, on assiste à un changement de méthode, avec un usage du passage en force, dans les actes pourtant, Macron, c’est le même monde qu’avant, un monde structuré par les intérêts de la bourgeoisie et l’exploitation de plus en plus dure du travail. La Macronie n’est pas une nouvelle planète, mais le capitalisme rendu à la pureté de son concept. C’est moins un "autre" monde que la même réalité sociale qui s’exacerbe et tend vers l’illimitation du profit, de la violence, de la domination. Un bloc bourgeois en voie d’autonomisation et dont les apparentes légitimités institutionnelles font comme des grosses ficelles et une impression de "déjà-vu".
Ficelle, par exemple, que la tentative d’aller à Mulhouse braconner sur les terres du Rassemblement National en parlant de "séparatisme islamiste" en pleine mobilisation sur les retraites et à quelques semaines des municipales. A la double contrainte, Macron croit échapper en se traçant une voie vers le islamophobie et l’extrême droite. A Mulhouse, les habitants ont pourtant répondu en nommant les causes réelles de leurs problèmes : chômage, précarité, accès aux soins, aides à l’enfance.
La bourgeoisie croit encore à sa vieille lune du racisme pour diviser. Pourtant les illusionnistes montrent maintenant qu’ils sont pris à leur propre jeu.
Ficelle encore, pour une marionnette qu’on avait déjà vue dans les mandatures précédentes, que la rumeur d’un recours au 49.3 sur la contre-réforme des retraites. Une manière de mépriser l’opposition parlementaire, qui multiplie les amendements pour ralentir la procédure, mais surtout de jeter aux visages des grévistes de cet hiver une dernière injure.
Et sur l’écologie, Macron, qui n’avait rien à vendre au départ, nous promet "a brave new world" dans la ligne parfaite de Hollande, qui à l’époque avait mouliné sans tarir à la COP21 tout en procédant à des assignations à résidence de militant.e.s écolos.
Au Mont-Blanc, Macron s’émeut de la fonte du glacier et, "en même temps", la bourgeoisie européenne vote un projet de construction de plusieurs infrastructures gazières géantes.
A Fessenheim, il joue l’écologie contre le social, avec la fermeture de la centrale et ses conséquences sur l’emploi.
Avec le dérèglement climatique, la pollution au quotidien, comme à Marseille ou à Paris
l’écologie se présente comme un nouvel argumentaire électoral, que tous les partis bourgeois cherchent à s’approprier. C’est qu’après avoir emprunté les traits du pyromane, la bourgeoisie prétend se faire pompier : si aujourd’hui l’air est irrespirable et si les risques sanitaires se multiplient, c’est parce que toute l’histoire du capitalisme est faite de l’exploitation illimitée des ressources, de l’exploitation du travail humain et de la gestion en vue du seul profit de l’ensemble des besoins.
Dans le domaine d’ailleurs, la réaction principale de la classe dominante, c’est l’émotion : Macron qui rouspète à propos des incendies en Amazonie, les médias qui larmoient sur les feux d’Australie, et même Hulot, qui pleure d’y avoir cru. Une hypocrisie qui ne sert qu’à dissimuler les responsabilités énormes de la société bourgeoise dans la mise en danger de la planète et l’épuisement des ressources. Avec un peu de peinture verte, il s’agit toujours de conserver le système économique tout entier, ce très vieux monde du capitalisme qui leur rapporte beaucoup : il est plus facile de sacrifier des emplois à Fessenheim que des profits chez Total.
Ce dossier propose, en tout cas, des pistes de critiques et des éléments de discussion pour que les révolutionnaires interviennent sur ces questions pour défendre l’urgence d’un programme révolutionnaire qui prenne en compte la dimension écologique de la crise que vit l’humanité.

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