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Pétain, collabo et bourreau de 1917 : « un grand militaire » selon Macron

En 2018, Macron qualifiait déjà Pétain, bourreau des soldats mutinés de 1917, collaborateur du régime nazi et de l’extermination des juifs, de « grand soldat ». Il persiste aujourd’hui dans un entretien à l’Express, en parlant du « héros de 17 » et d’un « grand militaire ».

Yano Lesage

25 décembre 2020

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Alors que le Président est en convalescence du Covid-19, isolé à la luxueuse résidence de La Lanterne près de Versailles, il a accordé un entretien exclusif au journal l’Express. Un entretien lors duquel il évoque longuement les questions d’identité nationale et de politiques mémorielles.

Alors que ses propos sur le maréchal Pétain, responsable de la déportation de 74 182 juifs de France, dont seuls 3% survivront aux camps de la mort, avaient déjà fait polémique en 2018, il persiste et signe. Selon lui, il faudrait donc dissocier le « grand » militaire de 17 de l’antisémite de 1940. « Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l’esprit de défaite et de l’antisémitisme de Pétain, mais, et tout est dans le mais, je ne peux pas nier qu’il fût le héros de 1917 et un grand militaire. » nous explique le chef de l’État.

Non seulement la collaboration de Pétain avec le régime nazi devrait disqualifier tout son héritage, si glorieux qu’il fût, mais Pétain, avant d’être le bourreau des juifs, n’était déjà pas un « héros » en 1917. Nous republions ci-dessous un article écrit en novembre 2018 en réaction aux premiers propos de Macron.

A peine une semaine après les dénégations de Florence Parly, ministre des Armées, face à Jean-Jacques Bourdin, sur le plateau de RMC, Emmanuel Macron confirme la volonté du gouvernement de rendre hommage, lors de la cérémonie du 11 novembre, au Maréchal Pétain.

Derrière le couac et le rétropédalage, il y a la concession du président au programme de l’Etat major des Armées, en charge de l’organisation de la cérémonie de commémoration du centenaire de la fin de la guerre 14-18, prévoyant de rendre hommage, aux Invalides, aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Pétain.

Cet hommage rendu à la mémoire du chef du régime fasciste de Vichy, qui collabora au régime nazi et à l’extermination de 10 millions de personnes (tzigane, homosexuels, communistes, opposants politiques…) en Europe, dont 6 millions de juifs, marque un recul incroyable dans la reconnaissance des responsabilités de l’Etat français lors des génocides de la Seconde Guerre mondiale. Du jamais vu depuis 1995 et la cérémonie du 54ème anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, où Jacques Chirac avait reconnu la participation de la France aux crimes nazis.

Mais le « grand soldat de la Première Guerre mondiale », en 1940, n’en était pas à ses premiers faits d’armes. Contrairement à ce que voudrait faire entendre Emmanuel Macron, le maréchal Pétain s’est, dès la première guerre mondiale, forgé cette expérience de bourreau dont on connait les suites. En 1941, c’est ce même Pétain qui, lors de son « discours du mauvais vent » contre la Résistance, rappelle ses exactions commises : « En 1917, j’ai mis fin aux mutineries » avait-il alors lancé.

En effet, en avril 1917, avec l’échec de l’offensive du général Nivelle sur le Chemin des Dames, la boucherie de 200 000 soldats français tués, la colère gronde dans les tranchées. Au printemps et à l’été 1917, se multiplient les actes de mutineries de soldats qui, selon l’historien André Loez, expriment « un refus de la guerre massif et multiforme ». Le maréchal Pétain, succède à Nivelle. Il a la charge de mettre fin à l’opposition à la guerre et de fraternisation avec « l’ennemi » qu’expriment alors les soldats français. Pétain les réprimera dans le sang : la plupart des soldats mutinés sont fusillés sans plus de procès ; 600 sont condamnés à mort par des conseils de guerre à la justice expéditive. Autant de soldats refusant la guerre assassinés sous les ordres de Pétain.

Macron, en honorant Pétain, honore le bourreau de 1917 et le symbole de la collaboration française. En réhabilitant la mémoire du plus illustre fasciste français, Macron participe à la banalisation et à la diffusion des idées de l’extrême-droite. De quoi nourrir ce « climat années 30 » qu’il dénonçait hypocritement il y a à peine quelques jours...


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