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Pérou. La répression du gouvernement putschiste fait au moins 7 morts dans les manifestations

Loin de faire taire le mécontentement social avec son annonce d'avancer les élections générales à avril 2024, de nouveaux secteurs dans diverses régions du pays commencent à rejoindre les actions de protestation contre le gouvernement illégitime de Dina Boluarte. Au moins sept manifestants ont été tués dans la répression policière.

13 décembre 2022

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Photo : La police réprime les manifestants autour de l’aéroport d’Arequipa).

Au Pérou, depuis le lundi 12 décembre, des personnes de différentes régions du pays ont pris la rue et ont protesté contre le gouvernement putschiste de Dina Boluarte et contre le Parlement péruvien. Le discours à la nation prononcé par Boluarte ce même jour, dans lequel elle annonçait qu’en coordination avec le Congrès, les élections allaient être avancées à avril 2024, n’a pas réussi à détourner le mécontentement populaire, bien au contraire.

Comme on le sait, dans son discours, Boluarte a non seulement déclaré qu’elle avancerait les élections à 2024, mais a également annoncé qu’elle mettrait en œuvre l’état d’urgence là où l’agitation sociale est la plus forte.

En raison du durcissement de la répression policière, agissant sur ordre de Boluarte, au moins sept manifestants sont déjà morts au cours des protestations de ces derniers jours.

Quatre jeunes sont morts lundi dans le département d’Apurímac, dans le sud du pays, et un homme est décédé à Arequipa, ce qui porte à sept le nombre total de décès depuis mercredi dernier, date à laquelle le président Pedro Castillo a été destitué par un coup d’État parlementaire et remplacé par la vice-présidente de l’époque, Dina Boluarte.

Ajouté au profond mécontentement et au discrédit des institutions de l’État péruvien et de leurs représentants, cette répression sanguinaire est à l’origine de l’augmentation des actions et des manifestations. Les protestations contre le pouvoir exécutif et législatif, s’étendent à diverses régions de l’intérieur du pays.

L’une des principales demandes de la plupart des manifestants est que Dina Boluarte démissionne de son poste le plus rapidement possible afin que de nouvelles élections générales puissent être organisées, ce qui signifierait également la fin du mandat des parlementaires actuels. Une partie des manifestants a également souligné la nécessité de changer la Constitution actuelle de 1993 (un héritage du Fujimorisme), pour laquelle ils ont proposé un processus d’Assemblée Constituante.

Dans l’ensemble du pays on recense notamment :

Prise de l’aéroport de la ville d’Arequipa, près de la frontière avec le Chili et la Bolivie, par la population. Les médias ont annoncé que la police nationale avait réussi à récupérer cet espace public. Toutefois, les manifestants se trouvaient toujours aux alentours de l’aéroport, ce qui laisse présager de nouvelles actions de lutte. Récemment, des sources officielles ont confirmé la mort d’un manifestant lors de la répression par la police nationale. Dans la région d’Arequipa, les habitants de Chala continuent de bloquer l’autoroute Panamericana Sur.

Dans la région de Cajamarca, au nord du pays, des étudiants de l’Université nationale ont investi les locaux de leur établissement, bloquant l’accès à la zone connue sous le nom de Baños del Inca et à l’important corridor minier de Michiquillay. Dans la province de Chota, d’où est originaire Pedro Castillo, d’importantes manifestations ont également eu lieu pour demander la libération de l’ancien président et contre Dina Boluarte et le Congrès.

Dans la région orientale de l’Amazonas, plus précisément dans la région de Bagua Grande, l’autoroute Marginal de la Selva est bloquée. Ici, la principale revendication des manifestants est qu’ « ils doivent tous partir » et la tenue de nouvelles élections générales.

Dans la région d’Ucayali, à la frontière avec le Brésil, à l’est de Lima, les villageois auraient bloqué le 50ème kilomètre de la route Federico Basadre, qui relie les districts de Campo Verde et de Neshuya.

Dans la région de Huancavelica, au sud-est de Lima, une grande partie de la population de Tayacaja - district de Pazos - s’est emparée de la route reliant Huancayo et Pampas.

Dans le nord du Pérou, d’importantes actions de lutte ont également lieu, comme le blocage de l’autoroute Panamericana Norte à La Libertad et dans le district de Huacho (Norte Chico).

Dans le sud, les blocages de la Panamericana Sur, à la hauteur d’Ica, se poursuivent, malgré les tentatives de déblocage de la police nationale. À ces actions s’ajoutent désormais les blocages de routes réalisés par les habitants de la région de Moquegua et les actions menées par les habitants de Sama (région de Tacna), qui, dans la matinée de ce lundi, ont également bloqué l’autoroute.

Dans la région des hautes Andes de Puno, d’importantes actions de protestation ont également lieu, comme la grève illimitée qui a débuté aujourd’hui dans la zone d’Ayaviri et de Santa Rosa, située dans le district de Melgar, où la population a appelé à un blocage auto-organisé des différentes voies d’accès.

Mardi, les paysans regroupés autour du Front Agraire et Rural du Pérou ont annoncé qu’ils entameront une grève nationale, tandis que la Fédération nationale des travailleurs de l’éducation du Pérou, FENATEP, un syndicat d’enseignants de l’éducation de base très proche de l’ancien président Castillo, a annoncé qu’elle entamera également une grève illimitée le 15 décembre. Le même jour, la Confédération Générale du Travail du Pérou (CGTP), principale organisation syndicale du pays, appelle à une journée nationale de lutte.

Les militants du Courant Socialiste des Travailleurs (CST), qui animent le journal numérique La Izquierda Diario Perú, affirment leur solidarité aux côtés des secteurs en lutte qui font face à une répression brutale qui a déjà coûté la vie à sept personnes. Comme l’affirment nos camarades péruviens : « Nous condamnons également la probable intervention de l’armée, comme l’ont laissé entendre les nouveaux ministres et Dina Boluarte elle-même. Nous appelons les travailleurs, les paysans et les secteurs populaires, qui commencent aujourd’hui à se lever pour rejeter le gouvernement putschiste de Dina Boluarte, à donner une continuité à leurs luttes, et à développer des espaces d’auto-organisation ouvrière, paysanne et populaire, à partir desquels centraliser les différentes initiatives et discuter d’un plan d’action pour faire face à la crise actuelle. »

Pour les militants du CST, ces espaces pourraient être les points d’appui pour « une Assemblée Constituante Libre et Souveraine afin que depuis la base, depuis les secteurs exploités et opprimés, nous puissions discuter de tout et mettre fin au désastreux héritage de Fujimori exprimé dans la Constitution de 1993 et ses institutions. ».


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