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Explosion du taux de chômage

Pénicaud, forcée de mettre en pause la réforme du chômage, recule pour mieux sauter

Face à l'explosion du taux de chômage, le gouvernement a annoncé le prolongement des droits aux chômage pour les sans emploi en fin de droit en fin de droits jusqu'en mai. Reculer pour mieux sauter, et imposer la précarisation de masse pour l'après crise.

Mica Torres

28 avril 2020

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Crédits photo : Stéphane De Sakutin / AFP

Le mois de mars a enregistré une hausse historique du chômage de 7,1 %, hausse sans précédent depuis que l’on calcule ces séries statistiques. Cette hausse est bien évidemment liée au coup d’arrêt de l’économie depuis le confinement du 17 mars. Et ce bouleversement de l’économie s’annonce de long terme. Les moins de 25 ans sont les plus touchés avec une hausse de 7,9 % du chômage. 10, 8 millions de salariés sont passés au chômage partiel depuis le début du confinement mais les personnes inscrites à Pole Emploi continuent d’exploser au mois de mars. Elles représentent en plus au nombre de 246 000 personnes, en catégorie A (sans activité aucune). 

Mise en pause forcée de la réforme du chômage

Au vue de ces chiffres, la ministre a annoncé dans un communiqué de presse le prolongement, au mois de mai des droits de chômage des demandeurs d’emplois arrivant en fin d’indemnisation. Elle a également annoncé l’ouverture d’une réunion avec les partenaires sociaux pour adapter les règles d’assurance chômage à la situation exceptionnelle.

Le deuxième volet de la réforme de l’assurance qui devait entrer en vigueur au 1er avril, a été repoussé au 1er septembre. Celui-ci consiste à durcir le calcul de l’allocation pour les travailleurs précaires, alternant contrats courts et périodes de chômages. Le premier volet mis en place en septembre 2019 augmentait le nombre de mois travaillés nécessaires à une ouverture ou une recharge des droits à l’indemnisation. De ce point de vue, elle n’a pas exprimée aucune intention de le supprimer ou le suspendre, malgré les demandes unanimes de l’ensemble des organisations syndicales.

Ceci alors qu’elle se dit elle-même « inquiète » pour l’emploi dans une crise qui va « durer ». C’est le minimum que celle-ci puisse faire dans un contexte de grande difficulté de son gouvernement du fait de sa gestion chaotique de la crise et sa perte de légitimité. Alors que l’ensemble des syndicats se sont positionnés en faveur d’un retrait pure et simple de la réforme, comment assumer jusqu’au bout une réforme qui aura pour effet la réduction du nombre d’ayant droits ainsi que leur précarisation dans un contexte d’explosion du chômage.

La langue de bois de la Ministre du Travail

Elle a pu déclarer qu’il « n’y avait pas de licenciement de masse », que le chômage augmente parce que les entreprises n’embauchent plus. Or, ces mots n’ont que peu de sens dans un contexte de chômage endémique, qui s’aggrave avec les effet d’une crise qui va durer bien après le confinement.

Selon, l’observatoire français de la conjoncture économique, le FMI table sur une chute du PIB d’environ 8% au niveau national, soit deux fois supérieur à celle de 2008, et de 3% au niveau mondial, quand la crise de 2008 ne générait qu ’ « une » baisse de 0,4%. Il ne prévoit également un retour à la normale, selon ses estimations les plus optimistes, que durant le courant du second semestre 2021. 

Des mesures minimales qui cachent mal un front pro-patronal offensif

C’est à coup de mesurettes hypocrites que la Ministre du travail avance. D’ailleurs reste en vigueur la règle mise en place au 1er novembre qui durcit les conditions d’accès, avoir travaillé 6 mois sur les sur les 24 derniers mois au lieu de 4 mois sur les 28 derniers mois. Malgré les dires de la ministre, il existe tant de signes que les entreprises se préparent à affronter la crise sur le dos des travailleurs.

Le groupe industriel Daher, comprenant plusieurs sociétés dans le secteur de l’aéronautique, de l’automobile et du nucléaire à commencer. Le 13 avril un communiqué de la CGT informait que l’entreprise prévoyait un plan de suppression de plus de 3000 emplois. Une semaine après 300 postes de plus venait se rajouter, soit 1300 emplois en CDI et 2000 intérimaires.

Ainsi, pour Penicaud, des pas prudents et bien lents pendant que des milliers de travailleurs tombent dans la précarité. Un contraste net avec la rapidité à laquelle le gouvernement a répondu aux patrons, avec des ordonnances permettant de faire travailler leurs salaries plus de 60h par semaines, 15 h par jours, avec une possibilité de remise en cause du travail dominical. Sans compter les mesures de chômages partiels, qui consistent pour l’État et l’Unédic à payer une partie du salaires des salarié, en garantie que les patrons ne les licencient pas.

Les travailleurs ne doivent pas payer la crise

Dans un contexte où le gouvernement et les patrons cherchent à maintenir à tout prix leur profits, au détriment de la vie de milliards de travailleurs dans le monde, il faut revendiquer une politique qui aille dans le sens d’une garantie de subsistance digne pour tous.

Face au chômage de masse, plusieurs revendications sont à porter : l’interdiction des licenciements, de toute baisse des salaires, le partage du temps de travail. Le chômage partiel doit être rémunéré à 100%, et pour les salariés ayant définitivement perdu leur emploi, les jeunes en premier lieu, il s’agit d’exiger une allocation permettant de vivre dignement. Des mesures d’urgence à imposer collectivement pour contre-carrer les projets mortifères de la classe dominantes.


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