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Autoritarisme sanitaire

Passe vaccinal. Le Sénat maintient la ligne autoritaire et adopte le projet de loi

Ce mercredi, le Sénat a voté un nouveau texte entérinant le cœur du projet derrière quelques amendements et la stigmatisation des non-vaccinés devrait donc être prochainement appliquée. Derrière les tentatives des députés Les Républicains d'apparaitre comme les défenseurs de la liberté et des opposants au gouvernement, c'est bel et bien main dans la main avec ce dernier qu'ils poursuivent la surenchère autoritaire à l'encontre des non-vaccinés, pour mieux dédouaner l'exécutif de sa responsabilité.

Antoine Bordas

13 janvier 2022

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Crédit Photo : AFP

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Sénat a adopté un nouveau texte visant l’instauration du passe vaccinal, avec 249 voix pour et 63 voix contre, la version comporte des modifications vis-à-vis du texte voté par les députés la semaine dernière, mais conserve sa visée première : imposer le vaccin par en haut, en stigmatisant les non-vaccinés et en renforçant les moyens autoritaires dont le gouvernement s’est doté depuis le début de la crise sanitaire.

Pour rappel, le texte initialement proposé par le gouvernement, visait l’instauration d’un passe vaccinal, venant remplacer le passe sanitaire actuellement en vigueur. Concrètement, les tests négatifs ne suffiront plus pour accéder à certains lieux, mais la nouvelle formule exclue également les personnes n’ayant pas encore fait leur dose de rappel, c’est-à-dire plus de 500 000 personnes.

Les exclusions engendrées par ces propositions visent principalement à poursuivre la polarisation et la stigmatisation des personnes non-vaccinées. Loin d’une solution sanitaire répondant à la situation pourtant catastrophique, ce projet de loi comprenait aussi une extension des contrôles d’identité, cherchant à étendre et à faire adhérer une partie de la population à la répression. La logique du tout autoritaire s’incarne clairement dans ce projet de loi.

Des sénateurs Les Républicains qui miment une opposition tout en entérinant l’autoritarisme

Concrètement, le Sénat, à majorité LR (148 sénateurs sur 348) et centristes (56 sénateurs) s’est accordé sur le cœur du projet, c’est-à-dire la mise en place d’un passe vaccinal. Plusieurs amendements ont tout de même été apporté au projet, sur l’application du nouveau passe aux mineurs, les amendes aux entreprises, une clause de fin du dispositif ou encore la possibilité des contrôles d’identité dans les bars et restaurants.

Rien d’étonnants concernant les amendes aux entreprises ne respectant pas les consignes de télétravail. Les sénateurs vont ainsi dans le sens des positons du Medef, qui souhaite laisser libre champ aux patrons. On n’en attendait pas moins de la part de LR, toujours prêt à défendre les intérêts du patronat. Cette proposition pourrait d’ailleurs être acceptée par le gouvernement, dans le sens où il n’a cessé depuis de le début de la crise sanitaire de satisfaire les grands patrons, à coups d’enveloppes dont les travailleurs n’ont jamais vu la couleur ou en laissant de nombreux secteurs forcer la poursuite des activités non-essentielles durant les pics de contamination au détriment de la santé des travailleurs.

Les autres amendements restent secondaires vis-à-vis du cœur du projet, les sénateurs s’étant par ailleurs appliqués à se différencier du gouvernement en évoquant la nécessité du passe vaccinal comme un frein aux pics de contamination et non comme une obligation vaccinale, cherchant ainsi à ne pas se mettre à dos une partie de l’électorat plus ou moins sceptique vis-à-vis des nouvelles mesures gouvernementales. Idem sur la durée d’application du passe vaccinal, pour laquelle ils proposent d’appliquer des seuils, censé encadrer le déroulement de l’arsenal autoritaire.

Finalement, la commission paritaire n’a pas trouvé d’accord sur ce nouveau texte, qui sera donc renvoyé à l’Assemblée. Mais les tentatives de différenciations et les tergiversations de surface des sénateurs des groupes Les Républicains et centristes restent sans surprise bien accolés à la politique gouvernementale visant à désigner les non vaccinés comme les responsables de la situation sanitaire catastrophique, et ne sauraient "gérer" la crise autrement qu’en continuant dans la lignée de la politique liberticide, autoritaire et surtout pro-patronale qui a amené à cette même situation.


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