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Des nouvelles de l’éborgneur

« Ouvrir le feu » contre les manifestants : pour Lallement « cela risque d’arriver un jour »

Dans une interview à L’Opinion, l’ancien préfet connu pour avoir orchestré la répression des Gilets jaunes, avertit que dans les coordonnées politiques actuelles, la police pourrait être amenée à ouvrir le feu pour maintenir un ordre social de plus en plus contesté.

Léo Stella

8 novembre 2022

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Crédits photo : AFP

A l’occasion de la sortie de son livre, l’Ordre nécessaire, l’ancien préfet de police de Paris Didier Lallement, recyclé secrétaire général de la mer par le pouvoir présidentiel, a donné une interview pour le journal l’Opinion. Il revient sur le bilan de ses trois années à la tête de la préfecture de police de Paris au cours desquelles il a mené la répression brutale des mobilisations ouvrières et populaires qui ont émaillé le quinquennat Macron, du mouvement des Gilets Jaunes à la grève des retraites. Il expose également sa vision en termes de maintien de l’ordre dans le contexte de la situation politique actuelle.

« Cela risque d’arriver un jour », Didier Lallement prépare les esprits à toujours plus de répression

Interrogé sur sa « conception du maintien de l’ordre » lors des Gilets Jaunes, Lallement atteste, à sa manière, du niveau de violence sans précédent employé contre la mobilisation populaire qui a fait trembler Macron : « Il n’y a pas eu de morts à Paris pendant la crise. On a frôlé l’ouverture du feu mais, grâce au courage des fonctionnaires de police, cela ne s’est pas produit ». explique-t-il. Mais s’il n’y a pas eu de tir à balle réelle lors des Gilets Jaunes, « le courage des fonctionnaires » de police a consisté en un usage massif des mal nommées « armes non-létales » comme le LBD ou les grenades GLI-F4. Bilan : au moins 2500 blessés, dont 353 à la tête, et des mutilés à vie avec une trentaine d’éborgnés et plusieurs mains arrachées, et la mort de Zineb Redouane.

Pour Lallement, ce niveau de répression inouïe ne devrait que se poursuivre et s’accentuer. « Le jour où on devra ouvrir le feu, on entrera dans une autre dimension. Cela risque d’arriver un jour » poursuit-il. Revenant sur les mobilisations écologistes actuelles à Sainte-Soline, Lallement expose ce qui constitue pour lui un leitmotiv : « Face à la violence, notamment en zone urbaine, les autorités ne peuvent répondre qu’avec un impératif : tenir le terrain en imposant le respect des lois républicaines. Sinon, vous ne tenez plus les gens ».

Islamophobie et défense de l’impunité policière

Dans cette interview, Lallement désigne également le « séparatisme islamique » comme « principale menace ». Il souligne ainsi « divers indicateurs inquiètent : « le port de vêtements importés d’Arabie saoudite par des lycéennes ». Une thématique raciste et islamophobe privilégiée de l’État français depuis l’époque coloniale qui est toujours mobilisée par le gouvernement aujourd’hui. Récemment c’est Emmanuel Macron et Pap Ndiaye qui avertissaient sur une « épidémie de tenues islamiques » à l’école. Après l’appel à la répression, Lallement lance un appel à la discrimination raciste et islamophobe, puisque c’est bien de cela dont il s’agit lorsque des représentants de l’État parle de « lutte contre le séparatisme islamique ».

A propos de la multiplication des personnes tuées par les balles de la police sous prétexte de « refus d’obtempérer », Lallement crie à la « légitime défense ». Entendez : les policiers sont forcément innocents et si des personnes sont tuées par la police criblées de balles dans leur véhicule, c’est forcément de leur faute !

« Tenir les gens » ; « tenir le terrain » avec la police, appel à la répression et « lutte » contre le « séparatisme islamique », criminalisation des manifestants et des victimes de violences policières, renforcement de l’impunité policière… voilà ce que promet un haut dignitaire de la répression comme Didier Lallement. Dans un contexte économique et social de plus en plus insupportable pour une grande majorité de la population, ces récentes sorties constituent donc un appel à réprimer plus durement les explosions sociales à venir. Elles montrent également qu’un chien de garde du régime comme Lallement est bien conscient que la répression policière constitue l’ultime pilier sur lequel pourra compter le pouvoir en place pour tenter de se maintenir.


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