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Islamophobie

« On jouera, même si l’État le veut pas » : les Hijabeuses organisent un match de foot devant le Sénat

Ce mercredi, en réponse à l’amendement réactionnaire et islamophobe proposé par les Républicains qui porte sur l’interdiction du voile en compétition sportive, le collectif des Hijabeuses a organisé comme première action un match de foot devant le Sénat.

Léo Stella

26 janvier 2022

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Crédits photo : Sihame Assbague

Mardi dernier, les sénateurs avaient adopté un amendement interdisant le port du voile lors de compétitions sportives dans le cadre de l‘examen de la proposition de loi « visant à démocratiser le sport en France ». Ce mercredi le collectif des Hijabeuses organisait une action devant le Sénat en réaction.

Un amendement islamophobe de retour sur le tapis

Pour rappel, ce vote du Sénat qui date du mardi 18 janvier s’inscrit dans une logique et une politique particulièrement islamophobe. Ce n’est pas la première fois que cette proposition sort du Sénat.

En effet, lors de la loi séparatisme durant l’été 2021, les sénateurs avaient proposé en plus de l’interdiction de « ports de signes religieux ostensibles » dans le domaine sportif, l’interdiction des mères voilées d’accompagner les enfants lors de sorties ou voyages scolaires ou encore l’interdiction grotesque et nationaliste de drapeaux étrangers lors de mariages. L’ensemble de ces amendements avait été refusé à l’Assemblée lors du vote de la loi réactionnaire et raciste que représente la loi séparatisme.

Mais face à ces refus qui datent d’un peu plus de six mois, le Sénat revient donc à la charge. Ce nouvel amendement est de plus, une attaque frontale, les signes ostensibles étant cette fois-ci dirigés directement contre le voile. Le Sénat ne se cache donc plus de sa politique raciste et islamophobe.

De plus, il faut aussi rappeler que le droit du port du voile durant des compétitions de foot est autorisé depuis 2014 par la FIFA. La Fédération Française de football (FFF) s’inscrit elle-même dans la logique du gouvernement et des institutions en interdisant le port du voile dans le cadre du foot. Malgré un avertissement de la FIFA, un rapport incendiaire de l’Observatoire de la laïcité ainsi que la plainte de plusieurs collectifs comme les Hijabeuses, la FFF reste ferme dans ses positions réactionnaires.

« On jouera, même si l’État le veut pas »

Ce mercredi, pour dénoncer l’amendement réactionnaire adopté par le Sénat, le collectif des Hijabeuses a décidé d’organiser un match de foot devant le bâtiment du Sénat, au jardin du Luxembourg. Une action visant à revendiquer leur droit à porter le voile et de pratiquer un sport. « On jouera, même si l’État ne le veut pas, on jouera, pour les femmes et leur bonheur, et pour un football meilleur », chantent-elles sur cette vidéo de la militante Sihame Assbague.

Le collectif des Hijabeuses est un regroupement de plusieurs collectifs qui, par de multiples actions et tribunes dans la presse, comptent faire entendre leur droit de pratiquer le football face au racisme du gouvernement et des institutions. On peut notamment citer leur action la plus médiatisée qui avait été en juillet 2021 (en plein durant la loi séparatisme) d’investir le hall de la FFF pour un entraînement de foot. Cela fait maintenant plus d’un an que les Hijabeuses combattent la FFF pour leurs droits à pratiquer leurs sports tout en portant un hijab, à cela s’ajoute donc l’attaque du Sénat.

Comme le dit Bouchra dans une interview du BondyBlog, « les Hijabeuses sont des femmes qui se battent pour leurs droits tout simplement de pouvoir jouer au foot avec leurs voiles. » et qui ont donc pour but premier de lutter contre la discrimination qui touche ces joueuses de foot toutes les semaines lors de compétitions de foot que ce soit au niveau local, régionale ou nationale. Pour la plupart, leur engagement au sein du collectif s’est fait après avoir subi elles-mêmes le racisme structurel qui existe en France, comme nous le raconte Houné encore dans l’interview du BondyBlog :

« J’ai commencé à jouer au football en 2015, ça coïncidait avec mon port du hijab. J’ai été interdit d’accès au terrain par un arbitre qui m’a dit que « c’était absolument pas possible », ce qui a fait que j’ai dû rester sur le banc. C’est des années plus tard en m’engageant au sein des Hijabeuses que j’ai compris que c’était un problème qui était très grave, qui touchait beaucoup de femmes et qu’il fallait s’engager contre ça. »

Leurs discours qu’elle porte sur les réseaux ou dans leurs actions contre la discrimination islamophobe du gouvernement qu’elles subissent, sont révélateurs du climat islamophobe qu’ont instauré le gouvernement et la droite et l’extrême-droite.

Alors que la campagne présidentielle est polarisée par des débats sécuritaires et racistes, il s’agit de dénoncer l’ensemble des discours et mesures racistes adoptées par l’État et ses institutions. Plus que jamais, il est urgent de s’organiser sur les lieux de travail, dans les luttes et dans les quartiers pour construire la riposte face au racisme d’État.


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