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Occupation du campus historique Agrotech de Grignon. « Oui à la transition, non à la privatisation »

Depuis le 16 mars, les étudiants en agronomie de Grignon (78) occupent le site contre la mise en vente et la privatisation de leur campus, sur lequel s’est développé une biodiversité unique. Mais l’État, qui est le propriétaire des 300 hectares, souhaite vendre le site qui se trouve à 25 minutes de Paris en Transilien à des promoteurs immobiliers.

Sidhoum Leon

31 mars 2021

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Photo : Page facebook Stop Privatisation de Grignon

Mis en vente en mars 2020 par l’État, le campus de Thiverval-Grignon dans les Yvelines est la plus ancienne école d’agronomie de France. Depuis sa création en 1816, le site de Grignon est devenu un haut lieu de la recherche agronomique, qui forme encore des centaines d’étudiants en première année, et un patrimoine biologique irremplaçable - composé de forêts, de zones humides et d’un arboretum - s’est développé autour de lui.

Mais les ministère de l’Agriculture et des Finances n’ont que faire de ce patrimoine biologique et culturel unique ; ceux-ci ont choisi dès 2015 de délocaliser les activités d’enseignement et de recherche vers le nouveau super campus du plateau de Saclay afin de créer « un pôle de compétitivité internationalement reconnu ». Cette délocalisation traduit de manière évidente la volonté d’amener la recherche agronomique dans un campus aseptisé et orienté vers les intérêts de l’agro-industrie capitaliste et ses profits : « On se coupe trop de la recherche agronomique, si on était cynique on pourrait dire que c’est du greenwashing » témoigne un des étudiants.

Mais les jeunes mobilisés soulignent l’importance de maintenir les études d’agronomie dans un environnement riche en biodiversité qui permet une expérience de terrain, au plus près de la complexité du vivant.

Les étudiants dénoncent aussi des conditions de vente obscures, qui laissent craindre une destruction du patrimoine écologique. Situé à 25 minutes de Paris en transilien, les 300 hectares et le château du XVIe siècle ont très rapidement attiré les géants de l’immobiliser et du BTS coutumiers de l’artificialisation de sols. Cette dynamique immobilière ne se limite pas au campus de Grignon ; on l’a aussi retrouvé sur les terres de Gonesse où était implanté il y a encore quelques semaines une ZAD, que la police a violemment évacué.

Malgré de nombreuses demandes de concertations depuis des années de la part de collectifs d’enseignants-chercheurs et étudiants, les ministères de l’Agriculture et des Finances ont toujours refusé de dialoguer, comme en témoigne Henriette Goyeau, chercheuse en épidémiologie pour Le Parisien : « Nous avons tenté de faire bouger les choses à coups de pétitions et de manifestations mais il n’y a jamais eu de mouvement massif comme aujourd’hui. » .

Face à la menace de privatisation imminente du lieu historique, les étudiants qui dénoncent l’absence totale de la prise en compte de leurs avis, ont entrepris un blocus et une occupation du site dans la nuit du 15 au 16 mars : « On veut Grignon avec des champignons, pas du béton ! ». Votée à 80 % des voix en assemblée générale de la promotion, l’occupation a immédiatement été soutenue par la population de Grignon, qui craint elle aussi la privatisation site. Les étudiants mobilisés souhaitent un projet plus social permettant à Grignon de devenir une référence de la transition écologique, en créant un centre de permaculture, et l’approfondissement des recherches dans ce domaine. « Oui à la transition, non à la privatisation » est le mot d’ordre principal des étudiants qui revendiquent un droit de regard sur les appels d’offres et une part décisionnaire quant à l’avenir du terrain.

Bien que ces revendications soient encore minimales, se cantonnent à une défense du site, la détermination de l’occupation démontre la combativité croissante des jeunes étudiants qui refusent subir les logiques économiques face à des impératifs écologiques, qui sont ici est une fois de plus, antagonistes.


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