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Le gouvernement joue le pourrissement

Non, pas de trêve ! Déterminés, les grévistes durcissent le mouvement

En ce 19ème jour de grève, et face à un gouvernement qui joue au jeu du pourrissement, les grévistes, plus déterminés que jamais, commencent avec force la semaine noire avec des actions fortes et très remarquées à Paris ce lundi. Ils le réaffirment et le montrent : Aucune négociation ! Sans retrait, pas de trêve !

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Le mouvement contre la réforme des retraites, qui entre ce mardi dans son vingtième jour, voit le mouvement se durcir face à la stratégie de pourrissement du gouvernement. Après plus de deux semaines de mobilisation, en grève reconductible pour les grévistes de certains secteurs dont la SNCF et la RATP, et plus de 1,5 millions de manifestants dans les rues les 5 et 17 décembre, une nouvelle phase commence. Si le gouvernement reste droit dans ses bottes, il n’a pas eu la trêve de Noel tant souhaitée depuis plusieurs semaines. Et plus encore, à la base, le mouvement se durcit.

Après plus de deux semaines de conflit, le gouvernement campe sur ses positions et joue le pourrissement

Et le gouvernement parie sur le pourrissement du mouvement. Après deux semaines d’un mouvement avec des taux de grévistes très forts, c’est l’épreuve du temps que vont devoir passer les travailleurs mobilisés, et sur laquelle mise le gouvernement. Si la mobilisation a déjà bousculé la temporalité prévue par l’exécutif en l’obligeant à avancer ses premières annonces prévues pour janvier au 11 décembre, c’est sur ce terrain que celui-ci tente de récupérer l’ascendant en imposant un rythme inscrit dans un temps long, notamment par l’établissement d’un calendrier de concertations à partir de la deuxième semaine de janvier. Ainsi, il communique qu’il n’y aura aucune avancée d’ici là. La tactique est claire : tenter d’imposer de fait une trêve, en comptant sur l’usure de deux semaines creuses qui pèseraient sur le moral des travailleurs en lutte.

En effet, alors que les vacances scolaires commencent, dans une mobilisation où l’Éducation nationale est le troisième secteur le plus mobilisé, l’isolement des fers de lance du mouvement que sont les grévistes de la SNCF et de la RATP, couplé à l’allongement du conflit et à la pression financière qu’il implique, deviennent le centre du pari gouvernemental pour affaiblir le mouvement et faire passer sa réforme.

Un pari néanmoins risqué dans cette guerre d’usure, où l’un des enjeux centraux est aussi celui de l’opinion publique, et alors que le mouvement est encore aujourd’hui majoritairement soutenu par la population, et que le gouvernement apparaît même pour beaucoup comme le responsable de tous les désagréments causés par la grève. Après les campagnes de cheminot bashing, autour d’une mobilisation prétendue corporatiste visant à isoler les grévistes des secteurs les plus stratégiques, ou encore autour de Noël « mis en danger » voire « sacrifiés » par les grévistes, c’est sur le retournement de l’opinion après des semaines sans transports, notamment pendant les fêtes, que semble aussi compter le gouvernement.

De leurs côté, les directions syndicales ont remis aux calendes grecques la prochaine journée de mobilisation nationale interprofessionnelle le 9 janvier, une décision suscitant la colère à la base notamment parmi les grévistes de la RATP et de la SNCF.

Les grévistes durcissent le mouvement et entrent dans une semaine noire

Mais il semblerait que les directions syndicales aient été les seules à accepter de jouer le temps long comme en témoigne les réactions à la base. Pour un mouvement qui refuse toute négociation, cet étalage des concertations sur le mois de janvier n’est en rien un argument pour attendre ! Du coté de la base, qui l’a affirmé dès le lendemain des annonces, on le voit aujourd’hui plus que jamais, il est hors de question de prendre le risque du pourrissement, de l’usure du mouvement, souhaités par le gouvernement, et auxquels conduit tout droit le plan proposé par les directions syndicales. En totale opposition avec l’intersyndicale qui n’appelle à aucune date avant le 9 janvier, et plus encore avec Laurent Escure qui, à la botte du gouvernement, demande une trêve pour les fêtes, c’est avec détermination que les grévistes le réaffirment : sans retrait, pas de trêve !

C’est ainsi derrière le mot d’ordre du retrait total que restent solidement campés des milliers de travailleurs en grève depuis le 5 décembre. Réunis en urgence suite aux annonces de jeudi dernier, pour ce qui est de la région parisienne, vendredi après-midi dans une réunion de coordination, les grévistes avaient fermement exprimé leur rejet de la pause qui ressortait des déclarations des directions syndicales et appelé à une « semaine noire ». Sans plus attendre, c’est dès ce lundi matin que le mouvement est ainsi entré dans cette fameuse semaine. Du coté des taux de grève, si les grands médias ont fait leurs choux gras des chiffres de la SNCF (qui ne comptent pas les cheminots ayant pris leur congés), ils restent très forts et impactant notamment sur le secteur des transports, avec seulement 40% des TGV et TER, 20% des Transiliens et 25% des intercités en circulation. De plus, ces fortes perturbations du trafic ont été combinées avec des actions fortes dans la capitale.

Ce lundi a ainsi vu s’exprimer notamment à Paris une grande détermination avec les premiers actions de la semaine, notamment le rassemblement devant la maison de la RATP, visant à dénoncer la répression policière à laquelle a recours la direction de l’entreprise sur les blocages de dépôts de bus. Un rassemblement très réussi qui, suivi d’un envahissement de la gare de Lyon, a permis à la base des grévistes de construire « leur temps fort » en l’absence de tout plan de bataille des directions confédérales. Face à la volonté des forces de police d’empêcher les grévistes de manifester, ils ont été par plusieurs fois repoussés par les grévistes démontrant une détermination et faisant une entrée fracassante dans cette semaine d’action, ruinant tout espoir gouvernemental d’accalmie et de trêve !

Après 20 jours de mobilisation et des propositions avancées par le gouvernement pour les cheminots déjà en exercice, contre les accusations de corporatisme, les grévistes illustrent ainsi dans la réalité leur combat déterminé pour sauver le système de retraite pour l’ensemble de la société. Le message est clair, et la base se montre ferme : lorsque c’est le retrait qu’on exige, il n’y a rien à négocier ! Les grévistes n’attendent rien du calendrier des concertations, et c’est dans la rue et par le blocage du pays qu’ils entendent réaffirmer et consolider le rapport de force, battant le fer tant qu’il est chaud, en s’appuyant sur les solides taux de grèves depuis le début du mouvement.

Les grévistes durcissent le mouvement pour l’ensemble de la société : celle-ci doit les rejoindre dans la lutte !

Face à toutes les stratégies d’affaiblissement et d’isolement du gouvernement, les grévistes en lutte depuis le 5 décembre apparaissent ainsi plus déterminés que jamais. Au-delà de la détermination, les débuts de coordination et d’organisation par la base, face à l’absence du plan des directions syndicales, et qui montrent aujourd’hui leur force dans la réalité, en permettant de faire d’une semaine creuse un véritable temps fort, sont d’excellents appuis pour la suite.

Cependant, c’est en continuant d’étendre et de consolider ce mouvement majoritairement soutenu par la population, qu’il pourra mener à la victoire. Il est ainsi essentiel, comme le pointent les grévistes depuis des semaines, que la grève non seulement se durcisse, mais s’étende et se généralise. Pour cela la participation de chacun reste et devient de plus en plus essentielle, et l’entrée dans cette lutte dure de d’autres secteurs sera déterminante. Dans ce sens, la situation dans les raffineries, dont certaines sont bloquées depuis ce lundi en région parisienne, pourrait être un important point d’appui dans le durcissement de cette grève, et vers la généralisation de celle-ci. De même, la participation de tous les soutiens à ce mouvement, que ce soit par la participation aux manifestations – dont les prochaines seront le 26 et le 28 décembre -, aux actions, mais aussi aux caisses de grève, qui permettent aux grévistes qui se battent pour tous de tenir dans ce conflit, est absolument centrale. C’est tous ensemble que nous ferons plier le gouvernement !


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