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Nice. Face à un Plan de Départs Volontaires, des travailleurs du BTP bloquent leur chantier

Les salariés de Travaux du Midi sont engagés depuis mardi dans une bras de fer avec leur direction pour le maintien des emplois face à la volonté de celle-ci d’imposer un plan de licenciement massif prévoyant de se séparer de 180 salariés soit 50 % des effectifs et potentiellement d’organiser un recours à l’intérim pour les remplacer.

Mathis Carré

29 juillet 2020

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A Nice, près de l’Allianz Riviera, le stade de l’OGC Nice, le chantier du magasin Ikea qui devait faire partie de la zone commerciale proche de l’édifice était à l’arrêt ces deux derniers jours. En effet, les salariés de l’entreprise responsable du chantier, les Travaux du Midi, une filiale de Vinci Construction, ont décidé de se lancer dans un mouvement de grève et de bloquer le chantier. Une réponse à la volonté de l’entreprise de supprimer 180 emplois, d’abord via un « plan de départ volontaire », puis éventuellement un « plan de sauvegarde de l’emploi », qui permettront de mettre à la porte pas moins de la moitié des 360 salariés de l’entreprise comme nous l’apprend Nice-Matin.

Interrogées par France Bleu, les représentants syndicaux expliquent cette mobilisation par la baisse d’activité liée à la crise et précisent que la mobilisation vise centralement à négocier de meilleures conditions de départ. « Par rapport au peu d’activité qu’il y a et au nombre de salariés, on se disait qu’il allait se passer quelque chose. On est contre les licenciements, mais pas contre le Plan de départs volontaires, avec des conditions raisonnables. Là, les indemnités supra-légales sont trop basses pour intéresser les salariés : à 40 ans, ils proposent 5.000 euros, et à 56 ans, 23.000 euros. C’est trop peu pour motiver les gens à partir. Un montant raisonnable, ce serait trois fois ce qu’ils nous proposent. » a ainsi expliqué anonymement un responsable syndical.

La grève dans le BTP n’est pas très courante et le secteur est même considéré comme l’un de ceux les moins touchés par ce type de pratique de lutte, comme le rappelait un rapport du ministère du Travail de 2017. Malgré cette faible tradition de lutte, le mouvement a pourtant été un véritable succès puisque 130 grévistes étaient dénombrés mardi matin au piquet de grève, qui aura permis de maintenir à l’arrêt le chantier mardi et mercredi. Si les travailleurs ont décidé de reprendre provisoirement ce jeudi, le mouvement pourrait d’ailleurs reprendre par la suite.

Cette dynamique s’inscrit dans la multiplication récente des mouvements de contestation dans le du monde du travail. Pour faire face aux attaques patronales qui suivent la montée en puissance de la crise économique post-Covid ces derniers mois, les salariés de nombreux secteurs se soulèvent, contre les licenciements ou les attaques contre leurs droits.

Comme ailleurs, l’annonce des licenciements passe d’autant plus mal que le secteur du BTP a reçu un soutien financier important de l’État, par le biais du chômage-partiel, des « prêts garanties par l’État », ainsi que par la hausse de la dotation par l’État à l’investissement local qui concerne principalement le BTP. Les entreprises de moins de 50 salariés du secteur peuvent aussi profiter d’un report des cotisations sociales sur trois ans. Ainsi, alors que le contribuable se retrouve à financer les entreprises, le patronat du BTP souhaite tout de même faire payer le monde du travail par le biais de suppressions d’emplois massives comme ici. Un tableau renforcé par le fait que Vinci payait récemment la somme d’un milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires pour l’année 2019…

En outre, cette suppression de nombreux contrats stables agite aussi la crainte chez les salariés de voir se généraliser une flexibilisation dans le secteur, avec un recours abusif à la main d’œuvre intérimaire comme le précise France Bleu Azur. « Nous craignons que cette réduction d’effectifs ne soit qu’un prétexte pour nous remplacer par des emplois en CDD » a ainsi affirmé Raphaël Cafieri, délégué du personnel de Travaux du Midi Provence, à France 3 Provences Alpes Côte d’Azur. En multipliant les contrats de travailleurs qui seraient plus facile à mettre à la porte en cas de crise comme c’est le cas actuellement, une telle dynamique aggraverait la précarisation déjà bien avancée d’un secteur aussi massif que le BTP, réputé pour faire appel à une main d’œuvre sans-papier, au travail au noir et aux contrats journaliers.

Une perspective qui démontre que, par-delà les conditions de départs volontaires, c’est contre les suppressions d’emplois qu’il s’agit de lutter, tant elles préparent un approfondissement des logiques de précarisation.


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