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GUERRE EN UKRAINE

Neutralité de l’Ukraine, statut du Donbass, issue de la guerre... : les négociations se poursuivent

Alors que la guerre continue avec un bombardement meurtrier de la Russie sur un centre commercial à Kiev ce lundi, les négociations se poursuivent. Retour sur les principaux points de discussion.

Erell Bleuen

21 mars 2022

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Depuis le 28 février, plusieurs salves de négociations entre la Russie et l’Ukraine ont eu lieu afin de négocier la fin de la guerre. Si Zelensky a affirmé ce lundi 21 mars qu’il n’accepterait « aucun ultimatum de la Russie », faisant référence à l’appel du ministère de la Défense russe à l’Ukraine à « déposer les armes » dans la ville assiégée de Marioupol, les pourparlers entre les deux parties ont connu quelques évolutions la semaine passée.

Discuté dans son ensemble pour la première fois lundi dernier selon le Financial Times, le projet d’accord qui permettrait un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes de l’Ukraine comporte différents points. Parmi eux, les garanties de sécurité demandées par l’Ukraine, sa neutralité et sa démilitarisation exigée par la Russie, le statut des Républiques du Donbass et de la Crimée, etc…

Ce dimanche, le porte-parole de la présidence turque, qui a dirigé une partie des négociations, déclarait dans une interview au quotidien Hurriyet que les deux pays seraient « proches d’un accord », notamment suite à l’abandon de la demande d’adhésion à l’OTAN par Zelensky, qui répond en partie aux revendications de la Russie concernant un statut de neutralité de l’Ukraine. Celui-ci impliquerait cependant également l’arrêt de l’installation des bases militaires étrangères sur le territoire ukrainien.

Si l’information d’un accord qui se rapprocherait a été reprise dans la presse internationale, celle-ci reste à vérifier. De fait, certaines exigences de part et d’autre continuent de cliver. Ainsi, si le gouvernement de Zelensky a affirmé qu’il ne rejoindrait pas l’OTAN, il demande en contrepartie des garanties de sécurité « d’un certain nombre de pays », selon le conseiller du président ukrainien Mykhailo Podolyak. Zelensky exige notamment que les cinq membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies - à savoir le Royaume-Uni, la France, les Etats-Unis, la Chine, et la Russie - ainsi que l’Allemagne et la Turquie jouent le rôle de garants et s’engagent à intervenir militairement si l’Ukraine venait à être attaquée de nouveau. Une position bien difficile à tenir pour les États concernés, qui apparaissent pour le moins timorés, à l’instar de la déclaration d’un responsable occidental dans le |Financial Times ce jeudi qui affirmait qu’il était « très difficile de dire oui ou non » tant que les conditions de ces garanties « n’ont pas été fixées ».

De son côté, la Russie pourrait être revenue sur sa volonté de destituer le gouvernement de Zelensky, et il est possible, selon le Financial Times, qu’elle assouplisse sa revendication de faire du russe la deuxième langue officielle en Ukraine si le gouvernement ukrainien accepte de revenir sur les lois qui limitent actuellement son utilisation. Cependant, elle ne transige pas sur la reconnaissance de l’indépendance des Républiques de Donetsk et de Lougansk, ainsi que sur son annexion de la Crimée. Or, il est difficile pour l’Ukraine d’envisager une telle concession à la Russie, mais le gouvernement de Kiev continue de se dire prêt à discuter de solutions alternatives.

A ces débats s’ajoutent de nombreuses autres questions telles que l’issue du conflit, puisque la Russie demande une capitulation de l’Ukraine tandis que l’Ukraine revendique un « cessez-le-feu », ou les modalités des « réparations », qui s’élèveraient à plus de 100 milliards d’euros. Évidemment, les négociations sont profondément imbriquées à la situation militaire. De ce point de vue-là, si l’invasion russe rencontre une résistance, elle continue à ravager l’Ukraine, avec le siège de Marioupol qui se poursuit et des bombardements sur de nombreuses villes dont Kiev, faisant de nombreuses victimes civiles.

En parallèle des négociations, Zelensky continue de son côté sa tournée des différents gouvernements occidentaux. Après s’être adressé au Congrès américain mercredi dernier réclamant davantage d’aides aux Etats-Unis tout en demandant à Joe Biden d’être « le leader du monde », il s’est exprimé devant les parlementaires israéliens pour les pousser à prendre position en sa faveur, déclarant qu’il « est possible de se faire médiateur entre deux pays, mais pas entre le bien et le mal », et tiendra mercredi une vidéo-conférence devant l’Assemblée Nationale et le Sénat français.

Au-delà des pourparlers entre les deux parties, d’autres positions font l’objet d’une attention toute particulière, à l’instar de celle de la Chine. Le gouvernement chinois, qui n’a jamais remis en cause l’attaque russe sur l’Ukraine, réfute tout soutien militaire direct à la Russie et continue de se positionner « pour la paix mondiale ». Une ligne que Xi Jinping a réaffirmé lors d’un entretien avec Joe Biden ce vendredi, cherchant à apparaître comme l’autre « gendarme du monde », pendant que le président américain le menaçait de représailles s’il apportait une aide directe à la Russie.

Une chose est sûre, la guerre en Ukraine est entrain de bouleverser l’échiquier mondial, et quelle qu’en soit l’issue, le peuple ukrainien fera les frais de l’accord noué entre la Russie et l’Ukraine, derrière laquelle se sont rangés la majeure partie des puissances impérialistes. Dans ce cadre, l’enjeu d’une politique anti-impérialiste indépendante pour conquérir une véritable auto-détermination demeure centrale.


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Erell Bleuen

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