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Grève pour les salaires

Neuhauser en grève ! A Ploermel, les grévistes dénoncent des conditions de travail dangereuses

Depuis ce 19 octobre, les salarié.es du groupe Neuhauser, propriété du géant Invivo, sont en grève pour les salaires contre une direction qui leur offre... 0 € d'augmentation ! Le mouvement, d'ampleur nationale, est inédit. Nous nous sommes rendus sur le site Ploermel en Bretagne.

Jules Bodin

25 octobre 2022

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Crédits photos : Groupe Facebook "Les gourmandises de Brocéliande.ulplo."

Depuis ce 19 octobre, l’entreprise Invivo, qui a réalisé 10 milliards de chiffre l’année passée, connaît une grève inédite. En effet, face au mépris d’une direction qui ne propose aucune augmentation de salaire, ce n’est pas moins de six sites qui ont pris part à des débrayages, dont cinq qui sont rentrés en reconductible. Un mouvement inédit, qui a vu certains sites comme ceux de Saint-Quentin ou de Sainte-Hermine faire les tout premiers débrayages de leur histoire. Une réponse d’ampleur, à la hauteur du mépris du patronat, qui décide de ne donner aucune augmentation de salaire, malgré le contexte politique explosif sur les salaires initié par la grève dans les raffineries qui a inspiré les grévistes de Nehauser.

Une grève suivie en Bretagne qui s’explique aussi par des conditions de travail désastreuses

Sur le site de Neuhauser Ploermel, les raisons ne manquent pas pour rejoindre la mobilisation appelé par FO et CGT. Les conditions de travail y sont particulièrement difficiles. En effet, le site possède la plus grande ligne de production de beignets d’Europe et un salarié anonyme de l’équipe d’entretien nous raconte ainsi : « on n’a pas eu toutes les sécurités, avec l’huile, ça éclabousse forcément. Ils ont commencé à mettre des protections contre la friteuse, mais ils ont attendu d’avoir plusieurs accidents ».

Épinglée par la CARSAT, organisme chargé de la prévention des risques au travail, sur le nombre d’accidents du travail et des risques psycho-sociaux, la direction continue pourtant sa gestion catastrophique de l’usine : « On a des produits dangereux pour le nettoyage, on n’a pas d’équipements pour. Des tuyaux qui fuyaient, y a une intérimaire qui s’est mis du produit chimique dans l’œil, on n’avait même pas de quoi rincer correctement son oeil » nous confie le même salarié. Si la mobilisation s’exprime sur la question des salaires, les conditions de travail désastreuses sont aussi à l’origine de la colère des grévistes.

« Un mouvement de grève qui terrorise la direction face au potentiellement d’élargissement »

En phase avec le reste du mouvement national, il y a donc une humeur de combativité sur le site de Ploermel contre une direction qui ne lâche que des miettes (50 centimes sur les paniers repas). Ce conflit, inspiré par le mouvement de grève dans les raffineries concrétise l’énorme colère latente des salariés du groupe InVivo qui réalise des milions de bénéfices, augmente ses cadres et dirigeants, mais refuse de donner un seul euro d’augmentation aux salariés. Pourtant, ce sont eux qui subissent de plein fouet la hausse des prix que leur propre patron met en œuvre sur les produits de première nécessité ! « On voit bien que les fins de mois, c’est plus pareil » témoigne Mhani, élue CGT au CSE de Ploermel.

Aujourd’hui, c’est une crainte fondée d’un élargissement de la grève qui agite les responsables du groupe comme en témoigne les tweet répétés du DRH d’InVivo. La direction a peur face à la potentielle contagion de la grève aux autres entreprises du groupe telles que Jardiland, Gamm vert, Delbard, Frais d’Ici, Bio&Co, Noa qui totalise près de 1 600 points de vente. Les salariés de ces enseignes subissent aussi les mêmes hausses de prix, les mêmes conditions de salaires et de travail particulièrement difficiles, et peuvent donc largement se retrouver dans les revendications d’une hausse de 300 euros des salaires et de leur indexation sur l’inflation, porté par les grévistes de Nehauser.

Suite à la mobilisation, des ruptures de stock à Lidl, les salariés se solidarisent des grévistes

L’impact économique de la grève du site de Ploermel commence déjà à se faire sentir dans la région. En effet, comme le décrit un tract de la CGT Lidl de Nantes, le rayon boulangerie de Lidl, principal acheteur des produits du groupe Invivo, commence déjà à subir des ruptures, accroissant la pression sur la direction de Invivo. « On s’est retrouvé avec des ruptures de stocks sur des trucks de base comme la baguette à 35 centimes, celle que l’on vend le plus à Lidl. On avait la chambre froide quasiment vide avec un fonctionnement à flux tendu » nous confirme une salariée de Lidl sur Nantes.

Ce dont témoigne aussi ce tract, c’est une solidarité qui se noue entre les salarié.es du « client » Lidl et ceux du producteur en grève. « On imagine bien les conditions de travail difficile à Nehauser quand on sait que le poste de boulangerie c’est la plus forte pénibilité chez nous avec le travail en chambre froide et des produits lourds. Et évidement on se retrouve dans les questions qu’ils portent sur les bas salaires avec des rémunérations proche du SMIC à Lidl qui ne nous permettent pas de vivre dignement ».

Une solidarité importante à l’heure où les augmentations de salaires et leur indexation sur l’inflation deviennent un sujet qui anime la société entière et attise la colère partout dans le monde du travail comme en témoignent les grèves qui ont éclaté dans les raffineries, mais aussi au delà, dans des hôtels, dans les centrales nucléaires, dans l’aéronautique, etc..


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