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Solidarité contre le racisme et le sexisme !

"Négresse", "pute" ... : insultes racistes et menaces contre une déléguée syndicale à Gare du Nord

Samedi 18 septembre, une déléguée du personnel Sud-Rail Paris Nord découvrait sur son casier des menaces de mort ainsi que des insultes à caractères racistes, sexistes et antisyndicales. Face à ces attaques, ses collègues et son syndicat ont rapidement réagi : un rassemblement s'est tenu mardi 21, réunissant une centaine de personnes en solidarité et contre le racisme dans l'entreprise.

Jyhane Kedaz

26 septembre 2021

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Crédits photo : Sud Rail Paris Nord

Alors qu’elle revenait de congés, Siga, agente commerciale et déléguée du personnel en Gare de Paris Nord, a découvert à sa prise de poste plusieurs inscriptions sur son casier. « En allant récupérer des affaires, j’ai vu les injures inscrites "négresse", "pute", "crève", ou "Sud pute", une insulte utilisée contre Sud-Rail. Ce sont des propos particulièrement choquants », s’indigne la cheminote.

Un épisode qu’elle ne considère cependant pas isolé, pointant le comportement raciste de certains agents : « Il y a quelques mois, un de mes collègues d’origine étrangère a eu le droit à des menaces sur son casier qui disaient "on va te saigner comme un porc". J’ai également reçu il y a un an de graves intimidations d’un collègue qui m’a menacée en sortant son couteau ! », raconte la cheminote. Les exemples énumérés par l’agente commerciale sont nombreux, allant de réflexion sur l’accent de certains usagers, à des remarques comme « les Noirs ne portent jamais le masque parce qu’ils ont un gros nez ».

Ce climat de haine, Siga explique le ressentir au quotidien et pointe la responsabilité des politiques : « C’est sûr qu’à force d’entendre toute la journée à la télé des propos racistes dits en toute liberté, derrière les gens tiennent les mêmes propos sur leur lieu de travail, au marché, n’importe où. Cela donne de la force aux racistes, mais ça suffit : on dirait que c’est devenu normal d’insulter son collègue de "sale noir" ou de "bougnoule", mais on ne vient pas au travail pour subir ça ! ». Une situation qui s’ajoute à la dégradation des conditions de travail en Gare de Paris Nord et au manque d’effectifs. Les arrêts de travail liés au mal-être des agents et les démissions sont en effet devenus courants selon la syndicaliste.

Face à ces nouvelles attaques, les marques de soutien envers la cheminote de la part de ses collègues ont été sans faille. Sud Rail mais également la CGT ont ainsi publié des communiqués : « Notre militante, notre collègue, a tout notre soutien. A travers elle, nous sommes nombreux à nous sentir attaqués. Nous devons faire bloc, les idées de l’extrême-droite, les idées fascistes n’ont rien à faire parmi les travailleurs. Ces idées-là nous divisent, elles sont faites pour nous affaiblir, elles sont un poison. C’est collectivement que l’on doit réagir, car c’est collectivement qu’on est fort », peut-on ainsi lire dans le communiqué de Sud Rail.

Une centaine de personnes, cheminots et soutiens extérieurs se sont ainsi rassemblés mardi après-midi à l’antenne traction (au bout de la voie 36 de la Gare du Nord) afin d’afficher leur soutien, avant de se rendre à la direction : « Au début je ne voyais pas l’intérêt de ce rassemblement, je n’avais pas envie qu’on s’apitoie sur mon sort. Mais mes collègues m’ont fait comprendre que c’était important, qu’ils se sentaient concernés, qu’ils soient blancs noirs ou autre. Tout le monde a pu prendre la parole, il y avait même des soutiens extérieurs à la SNCF, des personnes avec qui je suis en manif ou des représentants d’organisations politiques ».

« On s’est par la suite rendus à la direction pour la faire réagir. Je sais que tout n’est pas forcément remonté au directeur d’établissement, mais la direction est au courant de plusieurs affaires et ne fait rien ! » raconte toujours Siga.

Face à cette situation, la cheminote insiste sur le rôle que peuvent jouer les syndicats dans la lutte contre le racisme au sein de l’entreprise : « c’est très important que l’on puisse porter la voix de ceux qui n’osent pas s’exprimer. Moi-même je suis déléguée du personnel et je n’ai jamais tourné le dos à un salarié qui venait me voir pour me faire part d’un problème. On doit être la voix de ceux qui ont peur d’affronter ces problèmes seuls, et c’est tous ensemble qu’on pourra le faire », conclue la cheminote. Solidarité avec Siga !


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