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ASIE DU SUD-EST

Myanmar. La junte militaire exécute des opposants politiques, l’Occident condamne de manière hypocrite

Le régime militaire du Myanmar a annoncé ce lundi l'exécution de quatre militants de l'opposition. Des crimes qui viennent s'ajouter aux milliers de victimes de la répression mise en place par le gouvernement suite au coup d’État de février 2021.

Maelle Hills

26 juillet 2022

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Crédits photo : La Izquierda Diaro

Au Myanmar, quatre militants de l’opposition au régime militaire ont été exécutés après avoir été condamnés à mort pour « actes terroristes » lors d’un procès à huis clos. La nouvelle a été annoncée dans le journal d’Etat Global New Light of Myanmar ce lundi et a aussitôt suscité de nombreuses réactions à l’international.

Le régime militaire a pris le pouvoir au Myanmar il y a plus d’un an, à la suite d’un coup d’état le 1er février 2021. Après avoir renversé le gouvernement en place sous prétexte d’élections frauduleuses et arrêté Aung San Suu Kyi et Win Myint, la présidente du pays, l’armée avait imposé régime d’état d’urgence d’une durée d’un an. La population avait immédiatement exprimé sa colère à coup de mobilisations et de grèves - notamment dans le secteur du textile - allant jusqu’à la grève générale. Des millions de personnes s’étaient ainsi opposées au coup d’Etat malgré la répression de plus en plus intense.

Selon l’AAPP (l’Association pour l’Assistance aux Prisonniers Politiques), plus de 2 100 personnes ont été tuées et plus de 15 000 arrêtés par l’armée au Myanmar depuis le coup d’état, l’armée tirant à balles réelles sur les manifestants. Face à cette répression sanglante, la population et notamment la jeunesse a organisé son autodéfense et la lutte contre la dictature militaire a pris la forme d’actions armées. La Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), parti d’Aung San Suu Kyi anciennement au pouvoir avait ainsi annoncé la création de sa propre milice. Lors des affrontements, l’armée n’avait pas hésité à utiliser des civils comme boucliers humains et à faire usage d’armes chimiques.

Les militants anti coup d’état qui ont été exécutés sont des proches de la LND. Il s’agit de Phyo Zeya Thaw, ancien député de la LND, Kyaw Min Yu, Hla Myo Aung et Aung Thura Zaw. Ils ont été condamnés pour avoir aidé les actions de milices populaires contre des membres de l’armée et de la police. Leurs exécutions s’inscrivent ainsi dans la lignée de la répression politique sanglante exercée par le régime militaire contre ses opposants.

Les États-Unis ont condamné ces exécutions, disant que ces quatre personnes ont été exécutées "pour avoir exercé leurs libertés fondamentales" et a appelé la Chine à en faire de même. Les gouvernements français et japonais se sont joints par la suite à cette condamnation. C’est déclarations ne peuvent qu’apparaître comme hypocrites, lorsqu’un pays comme les États-Unis pratique encore la peine de mort dans plus de la moitié de ses États, ou qu’encore les victimes des violences policières en France, comme aux États-Unis, sont toujours de plus en plus nombreuses, que les armées de ces deux puissances impérialistes commettent régulièrement leur lot d’exactions, à l’image de l’armée française qui a tiré sur des manifestants au Niger, tuant deux civils en novembre dernier et qui a son actif un passé colonial dont les massacres sont nombreux.

Mais l’hypocrisie devient révoltante lorsque l’on sait que l’Union Européenne a formé et équipé la police qui a tué par milliers les myanmarais. En effet, une enquête de Libération avait révélé en avril 2021 l’existence du programme de formation Mypol, dont le but était de renforcer la police au Myanmar sous le gouvernement d’Aung San Suu Kyi et dont le budget était de 40 millions d’euros. Or c’est bien cette police, qui aux côtés de l’armée a tué plus de 2 100 personnes, dont de nombreux enfants.


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