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Pas de justice, pas de paix !

Mort de Gaye Camara : non-lieu confirmé pour les policiers ? « On va se battre » affirme son frère

Ce mardi avait lieu l’audience devant la Chambre de l'instruction contre la décision de non-lieu du juge d’instruction dans l’affaire Gaye Camara, déresponsabilisant les policiers ayant tiré sur le jeune homme. A l’issue de l’audience, dont la décision sera rendue dans quelques jours, l’avocat de la famille, Yassine Bouzrou, a déclaré être très pessimiste. Le rassemblement de soutiens réunis devant la cour d'appel a très vite été réprimé par la police, en présence d'Assa Traoré.

Enora Lorita

16 décembre 2020

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Mahamadou Camara, le frère de Gaye, après l’audience à la cour d’appel de Paris

La nuit du 16 au 17 janvier 2018, une équipe de la BAC surveille une voiture Mercedes qui aurait été volée. Une seconde voiture s’arrête, un homme descend de la voiture et prend le volant de la Mercedes. La seconde voiture redémarre, et c’est alors que les policiers ouvrent le feu et tirent à huit reprises sur le véhicule. Gaye Camara, vingt-six ans, est touché d’une balle dans la tête. Le jeune homme décède à l’hôpital le 19 janvier, tandis que ses amis sont placés en garde-à-vue.

Depuis ce jour, la famille de Gaye Camara et le collectif qui s’est formé en soutien ne cessent d’exiger justice et vérité pour Gaye. Un long combat s’est engagé pour la famille qui s’est constituée partie civile et a déposé plainte pour homicide volontaire, et n’a subi que le mépris de la justice. Faisant traîner le dossier, un juge d’instruction n’a été désigné qu’après quatre mois, et très peu d’actes d’enquête ont été réalisés.

C’est dans ce contexte que le juge d’instruction a finalement opté pour un non-lieu en octobre 2019, invoquant la légitime défense pour déresponsabiliser le policier ayant tué Gaye Camara. Une position scandaleuse d’autant plus difficile à tenir que Gaye n’était pas présent sur le territoire français au moment du vol de la voiture.

La famille a fait appel de la décision de non-lieu et se tenait ce mardi après-midi l’audience devant la Chambre de l’instruction. Des dizaines de soutiens ont fait le déplacement, dont des figures comme Assa Traoré, Olivier Besancenot, ou encore Eric Coquerel.

Devant la salle de l’audience, qui se tenait à huis-clos, le frère de Gaye Camara, Mahamadou Camara, l’a expliqué : « Moi j’y crois pas à la justice française. On est dans l’obligation de se battre et de s’unir pour faire tomber le système. Si vous voyez que les policiers continuent à tuer c’est parce que la justice, l’Etat, et toutes ses institutions, les protègent. J’en ai fait un combat, j’y laisserai ma vie pour que la dignité de mon frère soit rétablie. »

Il a ajouté : « J’ai participé à l’assassinat de mon frère, j’ai voté pour Hollande qui a fait passer une loi en février 2017 qui permet aux policiers de tirer à n’importe quel moment, et de tirer à deux reprises. Qui nous protège de ces gens-là ? Qui nous protège de ces institutions ? ».

Alors qu’une bonne partie de la famille et des soutiens attendaient devant la salle d’audience, les soutiens situés à l’extérieur du Palais de Justice, dont Assa Traoré, se sont fait nasser par la police toute l’après-midi.

Le délibéré sera rendu dans plusieurs jours. Toutefois, à l’issue de l’audience, l’avocat de la famille de Gaye, Yassine Bouzrou, s’est montré pessimiste. Il a ainsi expliqué que les arguments des parties civiles n’avaient pas été entendus, et qu’il avait le sentiment que la décision serait négative et le non-lieu confirmé, impliquant qu’il n’y aura jamais de reconstitution, ni d’exploitation des images de vidéosurveillance, ni d’audition des policiers et notamment celui qui a tiré à huit reprises sur un véhicule et qui a donné la mort à Gaye Camara d’une balle dans la tête.

 

 
Cette décision était prévisible, d’après Mahamadou Camara qui dénonce la justice à deux vitesses qui défend et inculpe toujours les mêmes. Le cas de Gaye Camara n’est en effet pas isolé comme le rappelait récemment Bastamag en estimant que 67% des affaires de ce type aboutissent à un classement sans suite ou un non-lieu.

A la suite de l’audience, famille, amis et soutiens sont sortis le cœur plein de colère, criant « Pas de justice, pas de paix ». Ils ont rapidement été encerclés par des dizaines de policiers qui ont fait monter la pression et ont tenté de nasser la centaine de personnes présentes.

Le comité Justice pour Gaye Camara, qui s’est mobilisé ces dernières semaines contre la Loi sécurité globale et la loi séparatisme, appelle à un rassemblement ce samedi 19 décembre, à 14h, au stade Lionel Hurtebize à Champs-sur-Marne pour continuer le combat et exiger la justice pour Gaye et pour toutes les victimes de violences policières. Soyons nombreux pour les soutenir !


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