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Justice Pour Adama

Mort d’Adama Traoré : sous pression de la mobilisation, les juges vont entendre des témoins clés

Après quatre ans de lutte du Comité Adama, les juges ont accepté d'entendre deux témoins clés de l'affaire, sous pression de la mobilisation historique du 2 juin. Un point d'appui pour obtenir justice et vérité pour Adama et toutes les victimes de violences policières.

Mahdi Adi

5 juin 2020

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Crédit Photo : O Phil Des Contrastes

Cela fait bientôt quatre ans que la famille et les proches d’Adama Traoré demande que deux témoins clés de l’affaire, c’est-à-dire deux des dernières personnes à avoir aperçu le jeune homme en vie, soient entendus par les juges. En vain, ils n’avaient reçu jusque là que des fins de non-recevoir de la part de l’institution judiciaire.

Selon Le Parisien, ce n’est que ce mercredi, le lendemain de la manifestation historique du 2 juin devant le tribunal de Paris, que les juges ont accepté leur requête. Le lendemain également de la publication par le comité Justice et Vérité pour Adama d’une expertise médical mettant en cause les gendarmes et l’emploi de la technique du plaquage ventral qui aurait mené à la mort par asphyxie du jeune homme de 24 ans après son interpellation à Beaumont-sur-Oise le 19 juillet 2016.

Les deux témoins seront donc entendus début juillet. Le premier est le résident du domicile où Adama Traoré a tenté de se réfugier pour échapper aux gendarmes ce soir là, et n’a été entendu qu’une seule fois dans le cadre de l’enquête, dans des conditions dénoncées par la famille de la victime. La seconde a assisté à l’interpellation d’Adama avant qu’il ne parvienne à s’enfuir et soit rattrapé quelques temps après par les gendarmes, et n’a jamais été auditionnée.

« C’est la première fois que les juges écoutent notre avocat et acceptent sa demande », s’est félicité Assa Traoré avant de poursuivre : « nous espérons désormais obtenir aussi une reconstitution que nous demandons depuis le début de l’affaire ». En effet, le 27 février 2020 la Cour d’Appel de Paris refusait cette demande, et le comité Vérité et Justice avait annoncé en réponse qu’il l’organiserait en toute indépendance, en la finançant avec les dons des soutiens.

Et pour cause, depuis la mort d’Adama Traoré, sa famille et ses proches font l’objet d’un véritable acharnement judiciaire dévoilant les rouages de l’impunité policière. A l’image de l’arrestation et de l’incarcération des frères d’Adama Traoré – seul Youssouf Traoré a été libéré alors que Bagui Traoré est toujours en prison – où de l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale récemment mise en cause par l’avocat de la famille Traoré, Yassine Bouzrou qui demande à ce qu’elle soit dessaisie de l’affaire. Cité par France Info-] , Maître Bouzrou dénonce ainsi la « pression exercée sur les enquêteurs de l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale » par Christian Rodriguez, directeur de la gendarmerie nationale et supérieur hiérarchique des enquêteurs de l’IGGN, qui a adressé le 3 juin une lettre aux juges d’instruction chargée de l’affaire dans laquelle il affirme « tout [son] soutien et toute [sa] confiance à [ses] camarades impliqués ».

La décision des juges sous pression de la mobilisation est donc un point d’appui pour exiger justice et vérité pour Adama et pour toutes les victimes de violences policières. Elle montre le caractère profondément oppressif de l’appareil judiciaire et policier, qui n’aura fait cette concession que sous la pression d’une mobilisation historique de plus de 80.000 manifestants ce mardi à Paris, dans un contexte général influencé par la révolte contre les violences policières et le racisme aux États-Unis. Elle prouve encore que pour faire la lumière sur les violences policières et combattre le racisme d’État il est nécessaire de lutter et de se battre dans la rue afin de créer le rapport de force, et que les victimes, leurs famille et leurs proches ne peuvent compter que sur leur propre organisation indépendante de l’État et de ses institutions.


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