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Que cela vous plaise ou non

Monsieur Macron, nous continuerons à dénoncer les violences des policiers sur les migrants

En déplacement à Calais, le président de la République a annoncé vouloir durcir la répression de l’État contre les migrants jusqu'à menacer de poursuites judiciaires toute personne osant parler des violences policières contre les réfugiés.

Arthur Fontane

16 janvier 2018

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Source : Capture d’écran vidéo Jungle News

Monsieur le président,

Vous aimeriez nous foudroyer parce que nous dénonçons la répression que les gendarmes et les policiers exercent contre les réfugiés. A Calais,vous avez affirmé que vous ne « laisserai personne caricaturer le travail [des policiers] ». Une attaque en règle contre toutes les associations, partis et syndicats qui dénoncent régulièrement les coups et insultes des policiers, les destructions de couvertures et de tentes par les forces de l’ordre. Il y a moins d’un an, à Calais, ces policiers empoisonnaient l’eau de la « jungle » pour empêcher les réfugiés de s’hydrater. Et vous voudriez que l’on se taise !

Lundi dernier, le Secours catholique et l’Auberge des migrants portaient plainte contre X (contre des policiers) pour destruction et dégradation de biens prêtés par les associations. Face à cela, et aux autres associations qui aident ces personnes parmi les plus démunies, vous leur avez répondu qu’elles «  encouragent les femmes et les hommes à rester là, voire à passer clandestinement de l’autre côté de la frontière, elles prennent une responsabilité immense. Jamais l’Etat ne sera à leurs côtés. » Ces mêmes associations que Collomb accusait la semaine dernière dans Le Canard Enchaîné d’être « noyautées par les gauchistes ».

Finalement, Monsieur le Président, vous nous prévenez que vous n’hésiterez pas à poursuivre pour diffamation toutes les personnes qui parlent des violences policières envers les migrants sans preuves. Quelles seront vos prochaines propositions ? Poursuivre en diffamation les collectifs qui dénoncent les violences policières dans les quartiers populaires ? Dans les manifestations ? Voulez-vous envoyer Assa Traoré en prison parce qu’elle dénonce depuis un an et demi un crime commis par vos gendarmes ? Je vous prie de m’excuser, vous avez déjà envoyé en prison deux de ses frères…

Nous le redisons ici : les violences policières existent. Contre les migrants, contre les personnes racisées, contre les manifestants, qu’ils soient militants politiques ou syndicaux. Elles ne sont pas l’œuvre de « brebis galeuses » dans la police ; elles ne sont pas des « bavures ». Elles sont l’œuvre d’une politique gouvernementale qui décide, quand bon lui semble, d’utiliser les forces de répression pour mater les indésirables, quitte à prendre le risque d’en tuer un ou deux.

Finalement, vous précisez que vous ne poursuivrez en diffamation que celles et ceux qui accusent « sans preuves ». Comme si les preuves, que l’on peut trouver par centaines dans tous les médias, étaient un quelconque moyen d’obtenir justice quand un police tue ou mutile. Il y a quelques jours, l’assassin de Rémi Fraisse a été acquitté. Avec lui, c’est toute sa hiérarchie qui a été jugée non coupable d’un homicide, qui, loin d’être accidentel, n’a été que la conséquences des 400 grenades que votre prédécesseur avait fait lancer sur les manifestants. Qu’en est-il du gendarme qui a tué Adama Traoré ? Qu’en est-il de ce syndicaliste qui a perdu un œil place de la République ? Votre justice vous protège, vous et vos policiers, et si l’existence de preuve devient trop évidente, vous les effacez. Doit-on rappeler les mensonges qui ont suivi la mort d’Adama Traoré et des tentatives du tribunal d’effacer les preuves ?

Votre police, votre justice et vos prisons tuent, blessent et mutilent. Nous ne tairons pas ces violences, que cela vous plaise ou non.


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