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Contrôlons les prix

Moins mais plus cher : comment les patrons nous volent par « l’inflation masquée »

Moins de produits dans l’emballage, au même prix voire plus cher : voici « l’« inflation masquée ». Comme le montre un récent reportage, le patronat utilise ce procédé pour continuer à augmenter ses profits sur notre dos.

Tom Cannelle

2 septembre 2022

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Crédits photo : AFP

Ce jeudi 1er septembre était diffusé un nouveau numéro de Complément d’enquête. Le sujet, intitulé « Inflation : les coups bas des hypers », a fait grand bruit notamment du fait des révélations de l’association de consommateurs Foodwatch. Celle-ci dévoile en effet des procédés dits « d’inflation masquée » ou de « shrinkflation » de la part des grandes marques.

Ce subterfuge consiste à retirer quelques grammes de fromage, de sirop, de gâteau ou de yaourt, tout en augmentant jusqu’à plus de 30% le prix au kilo. Les clients paient le même prix, ou même plus cher parfois, pour moins de produits.

A titre d’exemples, le reportage montre par exemple le cas d’une réduction de 10% du poids d’une boite de fromage Kiri, soit 2 grammes par carré de fromage, pour le même prix. De même, la bouteille de sirop de grenadine Tesseire a connu une augmentation de 37% tout en passant de 75 à 60 cl. Enfin, les chocolats Lindt ont augmenté leur prix de 30% alors que les boîtes contiennent 6 chocolats en moins.

« Le plus souvent avec la shrinkflation, le prix à l’unité reste inchangé alors que le prix au kilo s’est envolé. Le consommateur ne voit pas la différence quand il passe à la caisse. (…) [Cette hausse] a souvent lieu sur des produits bien installés dans les placards et dans les habitudes de consommation. Vous ne regardez plus le prix du produit et encore moins le grammage » explique Camille Dorioz, responsable des campagnes chez Foodwatch à Challenges

Ainsi, non seulement de multiples entreprises profitent de la crise et de l’inflation pour augmenter leurs prix artificiellement et nous faire payer la crise, mais le patronat recourt à de nouveaux subterfuges pour voler les travailleurs. Un constat d’autant plus scandaleux que le secteur de l’agro-alimentaire amassent des profits faramineux ces dernières années. Comme le souligne un récent rapport d’Oxfam, « les milliardaires [ndlr : les patrons] des secteurs de l’agroalimentaire ont vu leur fortune augmenter d’un milliard de dollars tous les deux jours » ces derniers mois grâce notamment à l’augmentation des prix.

Dans le même temps, les travailleurs de l’agro-alimentaire font de leur côté face à une pression croissante à la production. « Pour un croissant, on doit le faire à 60 grammes par exemple, ce qu’on n’arrive jamais à faire. Normalement on a une marge dans le grammage, mais aujourd’hui la pression est de plus en plus forte : les chefs veulent qu’on se tienne à ces 60 grammes. Ça nous rajoute énormément de contraintes en termes de conditions de travail, et au final ça conduit paradoxalement à des pertes de pâte qui finit aux rebuts, sans parler des pertes dans le processus de conditionnement : c’est totalement absurde » confie Christian Porta, ouvrier de l’agro-alimentaire et militant de la CGT Neuhauser.

Ainsi, malgré les profits records, le patronat cherche et trouve de nouveaux moyens d’augmenter ses profits sur le dos des consommateurs et des travailleurs. Face à ces politiques patronales, il y a urgence pour les travailleurs à contrôler les prix, une politique qui doit se mener main dans la main avec les ouvriers de l’agro-alimentaire, de la distribution, du commerce et de tous les autres secteurs en prise avec ce que nous consommons au quotidien.

Une politique de contrôle ouvrier et populaire sur les prix serait un élément important dans le cadre de la bataille à mener contre l’inflation. Une bataille qui nécessite aujourd’hui un plan de bataille à la hauteur. En ce sens, il est nécessaire de faire du 29 septembre un point d’appui pour défendre de telles mesures, mais aussi exiger l’indexation des salaires sur l’inflation et leur augmentation immédiate.


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