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Militarisation de la police

Mobilisation contre la venue de Valls à Nantes. Les CRS ressortent le PGL-65 : un lanceur de grenade ultra-rapide

Depuis quelques temps, seul un expert est en mesure de distinguer un policier d'un militaire, c'est-à-dire une force de répression du ministère de l'Intérieur d'une force de répression du ministère de la Défense. En effet, l'état d'urgence et plus récemment la mobilisation de plusieurs mois contre la loi Travail ont accentué la tendance de fond à militariser la police. Rebellyon ou encore Désarmons-les avaient déjà décrit cette tendance. Après le char Titus, offert à la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), c'est au tour des CRS de ressortir leur nouvel instrument de coercition : le PGL-65, un lanceur de grenade ultra rapide, dégainé de nouveau par les CRS lors de la mobilisation contre la venue de Manuel Valls, à Nantes, le 26 septembre. Boris Lefebvre

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Le mystère planait sur cette nouvelle arme que la police française arbore fièrement depuis quelques mois. D’abord pris pour un fusil ARWEN, fusil anti-émeute britannique mis au point dans le cadre des émeutes en Irlande du Nord, on est désormais sûr qu’il s’agit d’une arme « pas trop létale » (less lethal product source) fabriquée par Combined Systems, une firme américaine dont les munitions ont fait des victimes dans le monde entier.

Fusil ARWEN 37

Fusil PLG 65-40, le 2 juin 2016

L’État français n’a donc pas orchestré de campagne de communication pour démontrer les bienfaits du fusil PGL-65-40 : il en a directement fait usage dans la répression des manifestations contre la loi Travail et plus récemment lors de la venue à Nantes du premier ministre, le 26 septembre dernier. Présente dans les unités de CRS depuis 2013, l’arme n’est entrée en usage qu’au printemps 2016. Auparavant, son utilisation n’avait pas été jugée nécessaire. C’est dans le cadre de l’état d’urgence et pour mater la mobilisation contre la loi Travail que les CRS ont sorti ce lanceur de cartouches lacrymogènes et fumigènes de leur armada. En effet, le gouvernement et sa police ont voulu frapper un bon coup pour stopper la détermination des manifestants à la fois dans les lycées, dans les facs et dans la rue. La police a tout tenté pour étouffer le mouvement sous les gaz et les fumigènes. Ainsi, dans les villes de Paris, Nantes et Lyon, hauts lieux de la répression de ce printemps, on a vu apparaître cette arme destinée à la gestion et la répression des foules. Voulant mater le mouvement, les forces de police ne s’en sont pas remises au simple lanceur de grenade traditionnellement utilisé. Avec ce barillet équipé pour tirer six cartouches de 40 millimètres, les policiers ont pu « gagner du temps de rechargement » pour tenter de faire taire la contestation.

Cette arme, utilisée dans des circonstances toutes plus réactionnaires les uns que les autres, pour contenir les émeutes de Ferguson ayant fait suite à l’assassinat de Michael Brown, n’a plus à prouver sa dangerosité. Responsable de la mort du manifestant palestinien Mustafa Tamimi dans le village de Nabi Saleh en 2011, elle s’est encore illustrée récemment en blessant de nombreux participants au mouvement Occupy et à Ferguson.

Ferguson, le 18 août 2014

Si son usage doit normalement se limiter à l’envoi de grenades lacrymogènes et fumigènes, il serait facile de convertir ce fusil en flash-ball dernière génération, car les munitions des lanceurs de balle de défense sont de même calibre que celles du PGL-65-40. À la faveur d’une modification apparemment anodine de la réglementation, le potentiel de nuisance de la police pourrait être démultiplié. Disposant d’une distance de tir de 140 m et d’une cadence de tir de 6 coups en 4 secondes, cette arme, normalement utilisée en tir en cloche, pourrait infliger de lourdes blessures en tir tendu. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’elle a été conçue. Véritable fusil à pompe, ce lance-grenades à répétition dispose d’une capacité de tir redoutable et bien plus importante que celle des modèles Cougar et Chouca largement diffusés dans la police française. À n’en pas douter, des cas comme celui de Laurent, éborgné par un tir de grenade le 15 septembre, vont se reproduire fréquemment, et c’est plus d’un œil perdu ou mutilé que l’on risque d’avoir à déplorer à chacun sortie de cette arme.

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