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Surprise surprise

Mis en difficulté après l’acte 8, le gouvernement joue la carte du retour à l’ordre

Perpétuellement en retard sur la situation le gouvernement s’est heurté de plein fouet à un acte VIII bien plus massif que les précédents. Alors que le soutien demeure massif, le gouvernement joue la carte du retour à l'ordre pour remobiliser ses troupes, espérant conjurer la haine que cristallise le macronisme.

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Surprise, les Gilets Jaunes sont toujours là !

Nouvelle année, nouveau départ. Pour Macron, la rentrée devait impérativement signifier retour au calme et aux réformes. Tant et si bien que La République en Marche avait même organisé une grande marche de soutien au Président pour lancer cette nouvelle période sur les chapeaux de roues, fort de l’espoir, sans doute, qu’après Noël les Gilets jaunes se soient évaporés. Les médias d’ailleurs se gargarisaient de la démobilisation au moment des fêtes : à les entendre plus un Gilet jaune sur un rond point. Confiant sur sa capacité à maîtriser les manifestations, le gouvernement avait même autorisé les rassemblements ce week-end et prévu une moindre présence policière.

Une nouvelle fois en tout cas le gouvernement s’est retrouvé dépassé par un niveau de mobilisation qu’il n’avait pas anticipé. L’acte VIII a ainsi mis un coup d’arrêt aux vagues espoirs qu’il pouvait rester au gouvernement : « C’est peu dire que le regain de mobilisation du mouvement des « gilets jaunes », plus nombreux que samedi dernier, a jeté un froid au sommet de l’État, où on espérait que les fêtes feraient baisser la température » analyse ainsi Le Monde.

Alors que le gouvernement espérait pour ce nouveau samedi une journée sans anicroche, les Gilets jaunes ont une nouvelle fois démontré que leur colère et leur détermination n’avaient pas faiblies d’un pouce. On a ainsi vu, Rue de Grenelle, la porte du ministère de Benjamin Grivaux défoncée, image parlante d’un gouvernement dépassé.

« Ordre et action » pour conjurer la haine anti-macron

« Ordre et action, voilà qui peut attiser la colère des jaunes radicalisés mais qui parle aux électeurs d’En marche. » écrit Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos. Mis en grande difficulté, le gouvernement, qui n’espère plus un retournement de l’opinion, acquis aux Gilets Jaunes, change désormais de registre, et, en jouant la carte du retour à l’ordre républicain, comme annoncé au cours des vœux de Macron, espère non seulement remobiliser ses propres troupes et son propre électorat mais aussi couper l’herbe sous le pied à Marine le Pen en attirant dans son orbite une frange des républicains au moment où LR est totalement atone. Une façon de conjurer la haine anti-macron qui se cristallise sur la figure du président.

L’ensemble des éditorialistes fustigent ainsi « l’ultra-violence » et exhortent le gouvernement à monter un cran dans la répression : « Le gouvernement doit même se préparer à l’exercer plus durablement, plus fermement, face à cette montée des populismes qui, dans le tréfonds du pays, nourrit des ennemis de cet ordre républicain sans lequel il n’est pas de prospérité possible. » peut-on lire dans Les Echos, dans un article au titre éloquent « la République prend les armes ».

Pour autant, la seule posture de fermeté ne suffira pas à mettre fin au mouvement des Gilets Jaunes qui ont ouvert une crise politique d’une ampleur exceptionnelle. La réponse, à ce titre, ne peut être que politique de la part du gouvernement. Se dessinent ainsi deux volets complémentaires d’une stratégie de division du mouvement, dont le grand débat et les élections européennes, constituent l’autre facette.

D’un côté l’exécutif réaffirme sa stigmatisation de « casseurs ultra-violents » vis-à-vis desquels l’exécutif veut jouer la carte autoritaire afin de restaurer son autorité vacillante – notamment vis-à-vis de l’électorat de droite. D’autre part le gouvernement continuer espère coopter les franges les moins radicales du mouvement dans son Grand débat pour endormir les Gilets jaunes. « Emmanuel Macron espère que les plus modérés joueront le jeu du grand débat national, qui doit débuter la semaine prochaine. » peut-on ainsi lire dans le Figaro.

Edouard Philippe n’a ainsi pas cessé de tendre des perches illusoires à d’hypothétiques « Gilets jaunes pacifiques », vantant la bonne tenue des manifestations déclarées ce week-end, qui se seraient « très bien passé ». Sur TF1 il a d’ailleurs justifié la répression des manifestants au prétexte de permettre au Grand débat de se dérouler le plus sereinement possible.

Aujourd’hui le « Grand débat » annoncé avec précipitation par Macron le 10 décembre est ainsi en train de devenir un enjeu central pour le gouvernement dans l’objectif de sortir de la crise des Gilets Jaunes, qui ont d’ores et déjà annoncé qu’ils boycotteront ce cadre présidé par Chantal Jouanno pour un salaire indécent.
Avec le grand débat le gouvernement espère ainsi remiser la crise ouverte par les Gilets Jaunes et sauver l’essentiel de son programme en poursuivant ses réformes : « Il est la solution à une crise qui n’en finit pas ; l’ultime recours quand d’autres ont été tentés sans succès, concessions comme discours d’autorité. » souligne encore Cécile Cornudet. « Faire du grand débat un moment crucial, mais éviter qu’il ne le devienne trop : tel est le cadrage auquel se livrent les ministres en attendant la lettre d’Emmanuel Macron aux Français. » En effet l’équilibre s’annonce périlleux à trouver pour la Macronie entre la nécessité de ne pas réveiller la colère des Gilets Jaunes en muselant le débat, sans pour autant céder d’un pouce, les porte-paroles du gouvernement ayant d’ores et déjà annoncé qu’ils ne reviendraient pas sur les réformes déjà passées.

La crise des Gilets Jaunes n’est pas terminée, mais déjà le gouvernement, avec cette posture d’autorité, prépare le terrain non seulement à son grand débat mais aussi à ses élections. Pourtant, la réponse politique pourrait bien se révéler trop faible pour endiguer le mouvement, « ce grand débat, c’est la partie la plus compliquée », admet ainsi un conseiller gouvernemental cité par Les Echos.

Crédit photo : AFP/Yoan VALAT


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