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Stop à la répression

Militants, Gilets jaunes, lycéens, sans-papiers interpelés : s’organiser face à la répression généralisée

Samedi dernier lors de la manifestation contre la loi islamophobe de Darmanin, le gouvernement a confirmé sa stratégie ultra-répressive. Plus de 142 personnes ont été interpelées, dont des femmes Gilets Jaunes, des lycéens et des sans-papiers qui militaient pour leurs droits. Face à cela, il est urgent pour notre camp social de répondre fermement à ces attaques.

Gabriel Ichen

16 décembre 2020

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Crédit photo : AFP, THOMAS COEX

Samedi dernier, le gouvernement a opéré un tournant dans la répression du mouvement contre les lois liberticides et sécuritaires. Le ministère de l’Intérieur a mis en place une stratégie de charges systémiques, d’interpellations massives et de répression de masse. Le gouvernement s’est d’ailleurs félicité de cette politique de la peur qui a pour objectif d’endiguer les mobilisations actuelles. Lors de la manifestation, plus de 142 personnes ont ainsi été arrêtées. Une bonne partie des personnes interpelées ont ensuite été réparties dans les commissariats de différents arrondissements.

De nombreux rassemblements de soutien appelés pour exiger la libération des interpelés

Dès le lendemain de la manifestation durement réprimée qui avait réuni près de 10 000 personnes, plusieurs rassemblements devant les commissariats parisiens où étaient retenus les manifestants interpelés ont été appelés par différentes organisations, collectifs, soutiens ou proches des réprimés. La grande majorité des personnes placées en garde-à-vue ont été libérées et leurs arrestations se sont soldées par des classements sans suite. Une preuve claire que la stratégie répressive du ministère de l’intérieur, expérimentée samedi, consiste à tenter de répandre la peur parmi les manifestants en réalisant des interpellations au hasard. Une stratégie dont celui-ci se félicite d’ailleurs avec l’aide de BFM TV et autres médias bourgeois.

Mélanie Ngoye-Gaham, militante Gilets Jaunes, membre du collectif « Mutilé.es pour l’exemple » a été arrêtée en pleine manifestation. Elle a été placée en garde-à-vue pendant 48 heures dans le commissariat du 19ème arrondissement, puis a été déférée au parquet de Paris le lundi. Durant sa détention, Mélanie a subi des pressions psychologiques et un mauvais traitement, des phénomènes fréquents en garde-à-vue ou dans les geôles des tribunaux. Rappelons qu’elle avait déjà été victime de la répression policière en avril 2019, matraquée par un CRS lors d’une manifestation des Gilets Jaunes. Le lundi et le mardi, des rassemblements avaient été appelés devant le TGI de Paris pour soutenir Mélanie et toutes les personnes devant passer en comparution immédiate. Au total elle aura passé trois jours enfermée dans une cellule avant que l’affaire ne soit classée sans suite.

De la même manière, Ahamada Siby, un militant sans-papier pour les droits des réfugiés, membre du Collectif sans-papiers de Montreuil, a été violemment arrêté par la police lors de la manifestation. Il marchait avec la Marche des Solidarités et les collectifs de réfugiés contre la loi séparatisme. Il a été arrêté par la BRAV alors qu’il cherchait à sortir de la manifestation car blessé au genou. Il sera libéré suite à la mobilisation de plusieurs dizaines de soutiens, dont le collectif sans-papiers de Montreuil, devant le commissariat du 13ème arrondissement où il était détenu afin d’exiger sa libération. Là aussi aucune charge ne sera retenu contre lui.

A cela s’ajoutent également les interpellations de plusieurs lycéens et étudiants.

L’urgence d’une réponse systématique et unitaire face à la répression

Alors que le gouvernement utilise centralement son appareil policier pour répondre à la colère sociale qui s’est exprimée largement pour rejeter le projet de loi sécurité globale. Ces arrestations massives sont bien politiques. Elles représentent des tentatives de dissuader les différents secteurs mobilisés de continuer à descendre dans la rue.

Il apparaît alors totalement irresponsable que la Coordination contre la Loi de Sécurité Globale, ainsi que Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble des organisations syndicales et politiques de la gauche institutionnelle aient choisi de ne pas organiser de mobilisation à Paris ce samedi 12 décembre, dans un contexte d’importante mobilisation contre l’offensive liberticide et raciste du gouvernement, sous prétexte que "les conditions de sécurité des manifestants et manifestantes ne sont pas assurées" - comme l’affirmait la Coordination dans un communiqué. Refuser d’appeler à la mobilisation dans un tel moment charnière, revient à laisser le terrain de la rue à la police prête à réprimer et, plus largement, au gouvernement pour faire passer ses lois liberticides alors que Macron se trouve dans une situation de crise ouverte par la mobilisation du 28 novembre.

De la même façon il est impératif pour l’ensemble des organisations et des secteurs mobilisés contre l’offensive sécuritaire et liberticide du gouvernement, de répondre de manière unitaire à cette stratégie de la peur et d’interpellations massives. Il faut montrer au gouvernement qu’il ne peut attaquer ou réprimer impunément les travailleurs, les militants des quartiers populaires, les lycéens et les gilets jaunes qui se mobilisent actuellement. En ce sens, nous devons refuser la division relayée dans les médias bourgeois entre « bons » et « mauvais manifestants » entre manifestants pacifiques et casseurs, que tente d’instiguer le gouvernement.

Les quelques rassemblements qui ont eu lieu devant les commissariats où étaient détenus les manifestants arrêtés sont une réponse salutaire mais largement insuffisante, et pour le moment encore minoritaire, pour créer un rapport de forces conséquent face à la répression. Nous devons continuer de descendre massivement dans la rue afin de rejeter les projets de lois liberticides du gouvernement. Que ce soit la loi sécurité globale, la loi raciste sur les séparatismes, il est important de lier ces différents fronts en faisant le lien entre ces attaques et les violences policières quotidiennes que vivent les habitants des quartiers populaires. Nous devons affirmer haut et fort que pour chaque manifestant attaqué, chaque personne matraquée par la police et interpellé c’est tout notre camp social qui est visé.


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