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Europe forteresse

Migrants. Un sommet d’urgence pour hermétiser les balkans

A. Bronstein La « crise des migrants » engendre une répression de plus en plus importante de la part des gouvernements européens. Les frontières se renforcent, les forces de répression sont mobilisées et nos dirigeants se renvoient la balle pour désengager leur responsabilité dans la politique xénophobe à l’œuvre dans toute l’Europe. Dans ce contexte nauséabond, empreint de racisme, dix pays se trouvant sur « l’itinéraire des Balkans » parcouru par des milliers de migrants fuyant la guerre et la misère, vont se réunir ce week-end. Ce sommet miniature de l’Union Européenne a été convoqué pour tenter de trouver une solution au flux de migrants en Europe.

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La répression et le mépris dont font preuve les gouvernements impérialistes prennent des formes multiples. Cela se traduit tout d’abord par le renforcement des frontières, extérieures comme intérieures, rendant l’espace Schengen toujours plus imperméable. La Hongrie a beaucoup fait parler d’elle à ce sujet. Après avoir dressé un mur à la frontière serbe, c’est au tour des portions jouxtant la Croatie d’être fermées, obligeant de plus en plus de migrants à passer par la Slovénie. Cette logique de fortification médiévale oblige les personnes souhaitant se réfugier en Europe à emprunter des chemins de plus en plus dangereux.

Certains d’entre eux se voient donc contraints de passer par la Russie pour rallier la Norvège, en dépit du froid. Afin de parer cet afflux jugé trop important, le gouvernement norvégien a annoncé mardi qu’il allait mettre en place une politique visant à renvoyer un grand nombre de demandeurs d’asile en Russie.

Dans le même temps, les frontières se ferment également à l’intérieur de l’Union Européenne. Que ce soit à la frontière franco-italienne près de Vintimille, ou à Calais pour la France, la répression se durcit à l’encontre des migrants. Franchir les frontières au sein de l’espace Schengen devient de plus en plus compliqué, et la tendance n’est pas près de s’inverser.

La politique réactionnaire des États européens

La politique de répression des réfugiés, mise en place par les pays membres, s’intensifie en Europe et transparaît au travers des déclarations et des accords passés entre dirigeants impérialistes. En Norvège toujours, pays qui a reçu 1600 demandes d’asile depuis le début de l’année, le ministre de la Justice a invoqué un accord passé avec Moscou pour désengager son pays de la « crise migratoire » qu’il rencontre. Tous ceux qui n’ont « pas besoin de protection » et disposant d’une double nationalité, d’un permis de séjour ou d’un visa russe pourront être expulsés vers la Russie sans examen préalable de leur demande d’asile. De son côté, la Slovénie a fait part de sa décision consistant à mobiliser son armée pour « contrôler » l’afflux de migrants sur son territoire et seconder la police dans les fouilles et les interpellations de ceux qui franchissent ses frontières.
Ces politiques réactionnaires menées par les pays membres de l’Union Européenne tendent à alimenter les idéologies racistes qui s’expriment un peu partout sur le continent. Pour ne citer qu’un exemple, il suffit de constater l’ampleur de la dernière manifestation organisée par le mouvement islamophobe Pegida, en Allemagne, qui a rassemblé près de 10.000 personnes.
Dans le même temps, les gouvernements européens tentent d’organiser la « traque aux migrants » par-delà les frontières de l’espace Schengen. Ainsi, Merkel est allée rencontrer le chef d’Etat turc dimanche dernier. Elle a profité de ce déplacement pour appuyer le projet d’Erdogan quant à la création d’une zone tampon à la frontière syro-turque, en échange d’un ensemble de concessions faites au bourreau du peuple kurde. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, cette décision va permettre de fait l’intensification de la répression à la frontière vis-à-vis des Syriens qui tentent de fuir leur pays, dont l’instabilité a été causée par les politiques impérialistes occidentales depuis des décennies.

Un mini-sommet convoqué en urgence par la commission européenne

Dans ce contexte répressif et réactionnaire, le gouvernement slovène a demandé l’aide des pays de l’Union Européenne, invoquant entre autres le manque de moyens et une faible capacité d’accueil. Le pays avait déjà reçu une dotation d’urgence de 4 millions d’euros, investie très certainement dans les appareils de répression servant à décourager les migrants. Juncker, président de la Commission Européenne, a répondu mercredi à cet appel à l’aide en convoquant, dès dimanche, un sommet qui réunira dix pays : la Macédoine, la Serbie, l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, la Roumanie et la Slovénie.
L’un des prétextes à ce sommet est la nécessité humanitaire : une vague de froid va bientôt s’abattre sur l’Europe, et toute catastrophe doit être anticipée. Mais ce sommet s’annonce clairement comme une nouvelle étape dans la politique réactionnaire anti-migrants de l’Union. Dans les faits, à n’en pas douter, les pays membres de l’Union Européenne vont chercher à se coordonner pour réprimer les migrants dans les Balkans, ainsi qu’à se répartir la manne financière nécessaire aux politiques de répression. Mais lorsqu’on fuit la guerre et la misère, le risque vaut la peine d’être pris…


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