Alors que la presse voudrait faire passer cet assassinat comme un « fait divers » vite oublié - on notera que les articles d’actualité récents ont, systématiquement, genré au masculin la victime - cette triste histoire nous rappelle à quel point les personnes trans en situation de prostitution sont très souvent confrontées à des situations d’extrême précarité qui les exposent à la violence transphobe.
Ecartées du salariat et des contrats stables, elles ne bénéficient pas, entre autres, d’une protection ou d’une couverture sociale. Si les situations de prostitution recouvrent un ensemble de situations diverses, ceux/celles qui exercent en « autonome », se retrouvent souvent isolés-e-s et plus à même d’être confronté-e-s à des situations de violence, d’agressions physiques ou sexuelles, qui peuvent aller, comme ici, jusqu’au meurtre. C’est pourquoi, nous soutenons les personnes en situation de prostitution dans leur lutte pour l’accès à des droits sociaux et économiques et nous nous opposons à toute forme de pénalisation des clients.
Si, dans les articles de presse parus suite à l’assassinat de cette femme trans, les motifs du meurtre « demeurent une énigme », les personnes trans et les mouvements LGBTI savent très bien que la motivation de tels actes est à chercher du côté de la stigmatisation des personnes en situation de prostitution, ainsi que de la transphobie, du sexisme et de l’homophobie. Les personnes trans et les travestis sont ceux qui statistiquement sont le plus souvent victimes de vols ou d’agressions sexuelles. Encore une fois, le meurtre de cette femme trans s’ajoute à une longue et triste liste d’agressions et d’assassinats de personnes trans à travers le monde. Déjà, en novembre 2012, une femme trans avait été retrouvée morte par asphyxie dans l’agglomération de Rouen. A celà, on peut ajouter les assassinats de deux personnes trans, ces derniers jours, au Brésil et en Argentine.
De fait, bien plus qu’un « fait divers », ce meurtre nous rappelle aussi combien précarité et inégalités de genre sont liées. Les femmes et les minorités de genre sont, dans notre société patriarcale et capitaliste, entre ceux et celles qui souffrent le plus des discriminations fondées sur le genre, et a fortiori, se retrouvent les plus précarisés-es sur l’ensemble du marché du travail. Par exemple, sans un accès libre et gratuit au changement d’état civil, les personnes trans sont exclues du marché du travail, condamnées à la précarité et ont plus difficilement accès au logement et aux soins.
Les femmes et les personnes LGBTI sont des secteurs opprimés par le capitalisme et le patriarcat. Alors même que le gouvernement attaque, en ce moment même, avec la loi El Khomri l’ensemble des droits des travailleur-ses, nous savons que ce sont les plus précaires qui seront les premiers à en pâtir. C’est pour cela que nous devons nous battre aussi contre ces contre-réformes qui précariseront encore ceux et celles que le système économique maintient dans ses marges : les femmes, les trans, les racié-e-s, etc.
