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Etats-Unis

Meurtre de Breonna Taylor. L’impunité policière déclenche une vague de colère et de manifestations

Mercredi, l'institution judiciaire a annoncé que les policiers ne seraient pas poursuivis pour le meurtre de Breonna Taylor, jeune africaine-américaine tuée par balle par la police à son domicile. Une provocation qui a déclenché des manifestations dans plusieurs villes, tandis qu'à Louisville 127 personnes ont été interpellées et que la garde nationale a été appelée en renfort.

Coline Isabel

26 septembre 2020

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Des manifestants dans les rues de Louisville, Kentucky, après l’annonce de la décision judiciaire de ne pas poursuivre les policiers responsables de la mort de Breonna Taylor. Crédit Photo : AFP/Jeff Dean

Breonna Taylor, ambulancière africaine-américaine de 26 ans, a été tuée par balle par des policiers dans la nuit du 12 au 13 mars 2020, à Louisville dans le Kentucky. Cette nuit là, trois policiers ont enfoncé la porte de son appartement de la jeune femme, dans le cadre d’une affaire de trafic de drogue. Croyant à l’intrusion de voleurs, le compagnon de Breona Taylor se serait alors servi de son arme, qu’il détenait légalement, et sera par la suite inculpé pour tentative de meurtre d’un officier de police. La police ne trouvera finalement aucune trace de drogue dans l’appartement, et c’est pour « riposter » que les policiers racontent avoir tiré une vingtaine de balles, dont dix par l’agent Brett Hankinson. Huit d’entre elles toucheront Breonna Taylor qui décédera de ses blessures.

C’est ainsi que Breonna Taylor est devenue un des symboles des meurtres policiers après le déclenchement du mouvement contre les violences policières et le racisme aux États-Unis qui a suivi le meurtre – filmé et relayé sur les réseaux sociaux – de George Floyd, le 25 mai 2020. C’est aussi en son hommage qu’ont émergé les hashtags #SayHerName ou #WeAreHerVoice pendant les manifestations de cet été. Et pour cause, son nom fait malheureusement partie d’une longue liste de victimes de violences policières.

Mais alors que la mobilisation Outre-Atlantique continue et met en difficulté le gouvernement Trump et le régime américain, l’annonce ce 23 septembre par le procureur général du Kentucky chargé de l’affaire, qu’aucun des policiers ne serait poursuivi pour le meurtre de la jeune femme qu’il a justifié par de la « légitime défense », a provoqué des manifestations importantes à Louisville et dans plusieurs grandes villes américaines comme New-York, Washington ou Atlanta. A Louisville, où le drame a eu lieu, 127 personnes ont été arrêtées, un couvre-feu à 21h a été décrété, et la garde nationale a été appelée en renfort, tandis que deux policiers auraient été blessés par balles.

C’est donc la colère qui a dominé suite à l’annonce du procureur. Pour Lebron James, ceci est représentatif du racisme en cours aux États-Unis, étant donné que « les seuls chefs d’inculpation de cette affaire concernent des coups de feu tirés dans l’appartement d’un voisin blanc, alors qu’une personne de couleur a été tuée ». En effet, Brett Hankinson, un des policiers impliqués dans l’affaire qui avait été licencié par la police de Louisville en juin, accusé d’avoir tiré à l’aveugle, et qui avait déjà été sanctionné début 2019 pour conduite imprudente et accusé d’agressions sexuelles dans des publications sur les réseaux sociaux, est le seul agent de police à avoir été inculpé, et seulement pour une charge mineure qui n’implique pas le meurtre de Breonna Taylor. Il est poursuivi pour avoir mis en danger les voisins chez qui des impacts de balles ont été retrouvés. Après avoir été poursuivi pour mise en danger d’autrui, le policer s’est rendu dans une prison de la région pour être relâché peu après avoir payé une caution ridicule de 15 000 dollars.

Cette décision de la justice révèle donc l’impunité dont jouissent les policiers coupables de violence, en particulier contre les personnes africaines-américaines. Elle confirme le racisme institutionnel qui structure le régime impérialiste américain, propagé sans complexe par le gouvernement de Donald Trump. Dans le cadre de la crise multiforme – sanitaire, économique et politique – qui traverse le pays, cette décision montre le peu d’importance donnée à la vie des personnes noires et issues de l’immigration aux États-Unis, et rend d’autant plus légitime la lutte contre les violences policières et le racisme d’Etat portée principalement par la jeunesse, en confirmant la justesse des mots-d’ordre les plus radicaux exprimés jusque là, telle que la revendication de l’abolition de la police.


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