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Soutien à la FCPE et à celles qui refusent d'être exclues !

Mères voilées en sortie scolaire : Blanquer à la tête de la déferlante islamophobe

Dans un contexte où les lois et les discours islamophobes, racistes et anti-migrants ne font que s'accentuer, les déclarations de Jean-Michel Blanquer en faveur de l'interdiction des sorties scolaires aux mères voilées et contre une affiche de la FCPE, expriment la stratégie raciste d’un gouvernement qui stigmatise une partie de la population pour mieux diviser l'opposition qui se forme contre lui depuis plusieurs mois. Un arsenal juridique et des propos qui ont des conséquences néfastes sur la vie des femmes voilées : loin de la volonté affichée de les "libérer" du joug de leur oppresseur (l'homme arabe et musulman), tend à les exclure, les exposer à des violences et leur retirer toujours un peu plus leurs droits.

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Crédit photo / AFP

Blanquer face à une contestation dans l’éducation nationale. Que fait-il ? Il attaque les femmes musulmanes voilées

A la rentrée de septembre Blanquer perdait 16 points dans sa cote de popularité. Ministre de l’éducation le plus apprécié depuis des années, il est devenu la cible du corps enseignant en colère contre les réformes dans l’éducation. Sa loi sur « l’école de la confiance », il y a quelques mois, en plus de chercher à mettre au pas les enseignants a aussi été l’occasion d’un amendement visant à interdire aux mamans voilées d’accompagner les sorties scolaires de leurs enfants. D’abord voté, l’amendement a ensuite été retoqué en commission mixte paritaire. Ce qui n’a pas empêché Blanquer de prendre à nouveau position dans ce débat.

En effet, depuis deux jours, on assiste à une nouvelle déferlante islamophobe avec à la tête de l’affaire, Jean-Michel Blanquer. Dans le cadre de la campagne pour les élections de représentants de parents d’élèves, la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élève) a sorti une affiche sur laquelle figure une maman voilée avec écrit « Oui je vais en sortie scolaire et alors ? ». Blanquer a réagi mardi matin en affirmant qu’ « Il faut avoir le sens de l’histoire, cette fédération de parents d’élèves a été fondée sur la laïcité, donc c’est extrêmement paradoxal, je pense que c’est une erreur de leur part, j’espère qu’ils vont la corriger ». Il a également expliqué que « [les] organisations qui essayent de flatter le communautarisme pour avoir des voix, ce n’est pas une bonne chose. » Celui qui, en novembre 2017, avait tenté d’interdire le stage de Sud Education 93 sur l’anti-racisme réitère donc en critiquant et s’attaquant cette fois-ci à la FCPE.

Son discours sur le communautarisme a permis une fois de plus d’ouvrir grand les portes à tous les pires représentants de l’islamophobie. Ainsi, Laurent Bouvet, fondateur du Printemps Républicain, s’est fendu d’un détournement de l’affiche représentant non plus une maman voilée mais un groupe de djihadistes armés, associant directement terrorisme et Islam. Contre ce déchaînement islamophobe, la FCPE a décidé de porter plainte contre Laurent Bouvet pour « incitation à la haine raciale ».

Offensive islamophobe et raciste : les femmes voilées comme cible

Cette attaque vise une fois de plus les femmes musulmanes voilées. Plus de dix ans après avoir exclu les filles portant le voile de l’école, au tour ici d’exclure les mères. Victimes de lois excluantes et stigmatisantes, comme celle que Blanquer a tenté de faire passer, elles se retrouvent ainsi de manière récurrente (sans avoir rien demandé) au cœur de polémiques.

On l’a vu avec la sortie du Hijab à décathlon, qui avait enclenché une levée de boucliers et une succession de déclarations racistes, ou encore plus récemment début septembre quand un groupe de militantes féministes et musulmanes se sont baignées dans une piscine à Paris, suite à une action similaire menée à Grenoble, pour protester contre leur exclusion des lieux de baignades (piscines, parc aquatique...) au prétexte officiel et juridique que le burkini contreviendrait aux règles d’hygiène en vigueur. Elles ont été évacuées et réprimées par la police.

Ces nombreuses histoires attestent d’une volonté consciente d’exclure les femmes voilées de l’espace public, des piscines ou des écoles. C’est donc ceux-là même qui se préoccupent de « libérer » ces femmes du voile qui les privent de l’accès à l’espace public, à l’éducation ou encore à l’emploi.

Contre l’instrumentalisation des droits des femmes et un principe de laïcité déformé à des fins racistes

Les discours et mesures islamophobes s’inscrivent depuis des années dans un contexte général de stigmatisation et de haine des musulmans qui se cristallisent sur la question du voile. C’est au nom des « droits de la femme », et d’une certaine vision de la « laïcité », que des lois et des discours racistes se développent et mènent à l’exclusion, la stigmatisation de la population musulmane en France. Des lois et des discours qui ont des conséquences concrètes et réelles dans la vie quotidienne des femmes voilées qui se retrouvent reléguées au statut de citoyennes de seconde zone.

S’il n’y a rien d’étonnant à ce que la gauche social-libérale, la droite et l’extrême droite mènent ces politiques racistes et islamophobes, il est par contre inquiétant que toute une partie de la gauche, mais aussi de l’extrême gauche, ne réagisse pas ou reprenne certains de leurs arguments comme celui de la défense de la laïcité, jusqu’à parler de « droit à être islamophobe » à l’université de la France Insoumise, sans que la plupart des porte paroles de la FI ne se délimitent de tels propos. Quand d’autres fois l’argument mis en avant n’est pas celui de la laïcité mais celui d’une prétendue « lutte pour l’émancipation » des femmes comme le disait ce matin Nathalie Arthaud sur le plateau de LCI au sujet de la polémique autour de l’affiche de la FCPE. Comme si la discussion portait ici principalement sur une critique du voile, et pas plutôt sur le fait de retirer une fois de plus des droits aux femmes musulmanes voilées. Car en effet ni Blanquer, ni le gouvernement, ni la droite, ni l’extrême droite, ni la gauche républicaine, ne se soucient de "l’émancipation" des femmes voilées et des femmes en général mais plutôt œuvrent à en stigmatiser certaines, à les exposer à des violences de toutes sortes (racistes, sociales, sexistes) et à précariser la majorité des femmes.


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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