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Politique du moindre coût

"Massifs", "aléatoires" et sous-traités : la SNCF lance le flicage des pass sanitaires

Alors que l’obligation du pass sanitaire dans les trains entre en vigueur cette semaine, aucun moyen supplémentaire n’a été prévu pour mettre en place cette mesure autoritaire. En plus de surcharger de travail les agents du service public qui devront fliquer les usagers, la SNCF rentre dans ses frais en sous-traitant en partie les contrôles.

Inès Rossi

9 août 2021

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Crédits photo : AFP

Le 12 juillet, Macron annonçait la mise en place du pass sanitaire, franchissant un nouveau cap dans la gestion autoritaire de la crise sanitaire. Les contrôles du pass devaient également avoir lieu lors des transports longues distances, c’est-à-dire les TGV, Intercités et trains de nuit. Un peu moins d’un mois plus tard, la mesure entre en vigueur : depuis cette semaine, les passagers doivent obligatoirement se munir de leur pass sanitaire pour voyager.

À cet effet, la SNCF avait annoncé dans un communiqué la mise en place de « contrôles aléatoires et massifs » dans les trains, mais aussi avant l’embarquement, voire à la descente des trains. Ces fameux contrôles « aléatoires » sont en réalité la porte ouverte aux contrôles au faciès, et représentent, pour les agents de la SNCF, une surcharge de travail importante. En effet, les cheminots, dont le cœur du métier est le service aux voyageurs, doivent en plus endosser le rôle de flics au service de la politique autoritaire de Macron.

De plus, dans la droite lignée du processus de privatisation de la SNCF, qui a entraîné la suppression de nombreux postes et l’exigence de toujours plus de polyvalence pour les agents, pas question pour la compagnie ferroviaire d’investir massivement pour suivre les mesures du gouvernement. Non seulement ces nouvelles tâches ne s’accompagnent pas d’une hausse des salaires pour les cheminots, mais la SNCF ne compte pas embaucher de salariés durablement pour épauler ses agents. La politique du moindre coût prime toujours, puisque, comme le montre ce reportage de BFMtv, une grande partie du travail de contrôle est sous-traitée à des prestataires extérieurs, dont on sait que les travailleurs sont souvent précaires, jeunes, et peu protégés par le droit du travail.

L’utilisation de cette nouvelle force de travail, précaire et externalisée, est une « innovation » selon Djebbari, le ministre des Transports, qui se félicite sur BFMtv : « Vous avez vu que nous avons mis en place un dispositif de pré-enregistrement, qui permet de gagner du temps dans les files et de couper les files dès lors que vous montrez que vous avez tous les documents requis. » Ce sont ces nouveaux travailleurs qu’on enverra donc se confronter aux voyageurs, et gérer les inévitables tensions et conflits qui émergeront lors des contrôles des pass.

Il y a fort à parier que ces mesures n’aient de toute façon que peu d’incidence sur les contaminations, puisque la grande majorité des voyages en transports en commun se fait sur les TER, les RER et les métros, dans lesquels s’entassent chaque jour des milliers de personnes, et qui ne sont pas concernés par le pass sanitaire. Le gouvernement cherche aujourd’hui à se dédouaner de son échec à freiner la nouvelle vague, via des moyens répressifs et des attaques contre le monde du travail. En parallèle, il commence paradoxalement à annoncer un allègement des mesures barrières dans les lieux concernés par le pass sanitaire, alors que la vaccination n’empêche pas totalement les contaminations.

Il est urgent d’imposer une réelle stratégie sanitaire pour faire face à l’épidémie, en testant massivement et gratuitement la population, en mettant à disposition des masques gratuits dans tous les lieux de brassage, en rendant la vaccination réellement accessible à toutes et tous. Plutôt que des mesures autoritaires inefficaces sur le long terme, les services publics comme le secteur du transport ont besoin de plus de moyens, pour embaucher massivement, multiplier les rames de trains aux heures de pointe, et permettre ainsi une meilleure gestion de la crise sanitaire.


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