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Violences policières

Marseille. Après la mort de Mehdi tué par la police, l’IGPN classe l’enquête et provoque la colère

« Ils l'ont tué et l'ont menotté par terre ». L’IGPN a décidé de classer sans suite une enquête sur la mort de Mehdi Bourogaa, tué par les balles de la police. Mais les habitants du quartier contestent la version policière et appellent à une marche pour toutes les victimes de violences policières ce samedi à 14h.

Matteo Falcone

24 octobre 2020

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Vendredi 14 février, un jeune homme de 18 ans, Mehdi Bourogaa, est mort tué par balle par la police, après une course-poursuite à Marseille. Après un braquage du magasin Lidl de l’avenue des Chartreux, les agents de police l’avaient pris en chasse la bande jusque dans la cité des Marronniers, où ils avaient fait feu sur Mehdi, puis l’avaient frappé et menotté au sol. Mehdi était mort ce soir-là, avant l’arrivé des secours.

Suite à différents témoignages et une marche blanche organisée en sa mémoire par le collectif Maison-Blanche, l’IGPN avait ouvert une enquête. Mais c’est avec tristesse et un profond sentiment d’injustice que la famille de Mehdi, et les habitants de la cité Maison blanche, dont était originaire le jeune homme, ont appris début octobre le classement sans suite de l’enquête. Pour le procureur de la République, les policiers ont agi en situation de légitime défense, affirmant que le jeune homme les avait braqués avec son fusil.

Mais selon des habitants du quartier, l’IGPN n’aurait pas pris en compte les différents témoignages qui infirmaient la version policière et affirmaient que le jeune n’avait pas braqué les policiers, son arme étant pointée vers le sol.

Pour Naer Abdallah, membre du collectif Maison Blanche, « il y a deux versions différentes. La première, celle des trois individus de la BAC, qui disent avoir été braqués, légitimant d’avoir tiré sur Mehdi. Et la seconde qui dit qu’il n’a pas braqué les policiers et qu’ils ont tiré directement. Depuis 8 mois, dans la bouche du procureur de la République et de l’IGPN, il n’y a qu’une seule de ces versions qui est envisageable, celle des policiers ».

Aujourd’hui, après l’annonce du classement sans suite, Naer Abdallah affirme : « on a le même sentiment que plein de collectif de victimes de violences policières, que la famille Traoré, la déception. Mais pour nous c’est peine perdue, on connaissait déjà les résultats de l’enquête, on n’espérait pas qu’il y ait de condamnation, il n’y en a jamais. On ne peut pas parler de justice quand on vient des quartiers, la stigmatisation, les contrôle au faciès, les insultes, les gifles venant de ceux qui sont censés nous défendre sont quotidiennes ».

Le nom de Mehdi s’ajoute à la longue liste des personnes, originaires de quartiers populaires, tuées par la police, et pour lesquels leurs proches n’obtiendront pas justice. C’est le cas aussi de Zineb Redouane, 80 ans, morte chez elle après avoir reçu une grenade lacrymogène en pleine poitrine lancée par un policier lors des manifestations des Gilets jaunes et pour le droit au logement qui avait secoué la ville de Marseille en 2018.
En sa mémoire et pour exiger justice et vérité, pour elle et toutes les autres victimes de violences policières, une marche qui partira du Vieux port est organisée ce samedi à 14h30.


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