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Eboueurs en Grève

Marseille. 12ème jour de grève des éboueurs contre le harcèlement et les licenciements

Depuis le jeudi 17 décembre, plus de 200 éboueurs marseillais, employés par le sous-traitant Derichebourg Polyceo, sont en grève contre les licenciements, la répression quotidienne exercée par leur direction et pour de meilleures conditions de travail.

Rafael Cherfy

28 décembre 2020

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Les salariés de Derichebourg Polyceo, chargés du ramassage des ordures et de la propreté dans les 2e, 15e et 16e arrondissements de Marseille, continuent leur mobilisation depuis maintenant plus de 11 jours. La totalité des employés, soit 222, sont en grève contre le harcèlement et les sanctions disciplinaires abusives, notamment contre une politique abusive de licenciements (40 depuis 2017). De plus, lls demandent la réintégration d’un de leur collègue récemment licencié et le départ de leur directeur et de son adjoint. C’est aussi pour de meilleures conditions de travail qu’ils ont décidé de se battre, avec l’embauche de CDI pour remplacer les postes vacants, des véhicules en meilleur états et une prime pour les agents de l’atelier mécanique.

Face à une grève dure et totale, plusieurs mécanismes ont été utilisés par la direction pour tenter de casser le mouvement. La direction a d’abord joué la mascarade du dialogue social, réunissant syndicats et représentants de la direction sans qu’aucun accord ne soit trouvé. Ensuite, la métropole a suivi la direction et a mis une place une stratégie répressive, décidant de faire appel aux forces de répression pour lever les blocages des sites de tri, puis en lien avec la préfecture de police de tenter de réquisitionner les salariés. Face à cette répression, les grévistes ont tenus bons, refusant la réquisition et bloquant les sorties des camions bennes réquisitionnés.

Dans la population, les rues submergées de déchets ont fait monté la colère. Récemment certains habitants de Marseille se sont organisés pour débarrasser eux même les déchets avec l’aide de camionneurs privés qu’ils ont financé de leur poche. Une expression du désarroi des habitants instrumentalisé pour accuser les éboueurs d’irresponsabilité alors même que c’est leur direction qui se refuse à répondre aux revendication plus que légitimes des grévistes. Ces héros de la première ligne du confinement, qui hier était applaudis lorsqu’ils prenaient le risque d’être contaminés en ramassant nos poubelles sont aujourd’hui stigmatisés. Nombreux sont les articles qui alarment de l’impact de la grève, avec plus de 1000 tonnes de déchets non collectés dans les rues de Marseille, mais très peu s’intéressent aux raisons profonde de cette mobilisation.

En réalité l’efficacité d’une grève se mesure souvent au degré d’hostilité des médias et des pouvoirs en place. Ces travail invisible au quotidien apparaît soudainement comme crucial et plus qu’essentiel lorsqu’il n’est plus effectué. Les éboueurs sont ainsi copieusement traités comme des preneurs d’otages alors même qu’ils demandent de meilleures conditions de travail et l’arrêt de la répression quotidienne qu’ils subissent.

Plus globalement ce conflit illustre bien le problème du recours à la sous-traitance pour la gestion d’un secteur aussi essentiel que la collecte des déchets. Il met à nu la contradiction de la nouvelle mairie qui se revendique de gauche et écolo mais se contente de menacer timidement que « si Derichebourg n’assume pas, on passe un nouveau marché ». Pourtant, peut importe le sous traitant , l’objectif de ce modèle reste de faire des économies et en toute logique cela crée des conditions de travail dégradés pour les salariés et un service de moins bonne qualité pour la population. Après les récentes désillusions sur la victoire de la liste « Le printemps Marseillais » à la mairie, ce conflit vient d’autant plus illustrer les limites d’une politique réformiste qui ne remet pas en cause le modèle de sous traitance mais s’arrête seulement à choisir le prestataire de service qui sera le moins pire.

L’enjeu est donc d’en finir avec ce modèle avec l’arrêt de la sous traitance et l’internalisation du service à la Métropole. Alors que les grévistes ne cessent de montrer une détermination énorme et continuent la grève. Il est important de les soutenir dans le rapport de force qu’ils imposent, contre la répression et les pressions de la direction, pour qu’ils obtiennent satisfaction sur leur revendications.


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