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Anti-système, mais pas trop…

Marine Le Pen reconnaît et justifie l’emploi fictif de son garde du corps en tant qu’assistant parlementaire

Ce jeudi 16 Février Médiapart et Marianne révélaient le rapport de l’Office européen de lutte contre la fraude (OLAF) transmis au parquet français concernant les soupçons d’emplois fictifs de plusieurs assistants de la députée frontiste au Parlement européen. Deux associés de Marine Le Pen sont particulièrement pointés du doigt : Thierry Légier, garde du corps de la candidate du FN a qui cette dernière a avoué avoir fourni de faux contrats de travail, et Catherine Griset, cheffe de cabinet au siège de Nanterre, qui aurait combiné de manière fictive un emploi d’assistante à Bruxelles. Mais Le Pen se défend : c’est pour « régulariser » des charges et salaires non réglés que la candidate frontiste a fourni un faux contrat de travail à son associé. Un scandale de corruption de plus qui contredit le discours « anti-système » du Front National. K.S

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340 000 euros… rien que ça !

Le document fait 28 pages et recense minutieusement la situation de douze assistants de Marine Le Pen au Parlement européen durant son actuel et précédent mandat (contrats, rémunérations, fonctions…) et présente des éléments qui révèlent une utilisation de « l’enveloppe budgétaire destinée à rémunérer ses collaborateurs au Parlement européen pour payer des agents travaillant pour le Front national ». En cause, deux de ses associés : l’un est T. Légier son garde du corps, l’autre C. Griset son assistante personnelle et cheffe de cabinet à Nanterre ; pourtant tous deux ont été employés et financés comme assistants parlementaires par le Parlement européen alors qu’ils effectuaient leur travail au sein du parti.

C’est sur cette base que le Parlement a exigé à la présidente du FN un remboursement de 340 000 euros correspondant au total des salaires versés de manière frauduleuse à ces assistants fantômes, et que celle-ci s’est jusque-là refusée à payer. Cette somme est pour l’instant retenue sur la moitié de ses indemnités d’élue. Mais pas de panique ! Cela ne devrait pas empêcher la candidate à la présidentielle de se nourrir, quand on sait que le revenu d’un député européen s’élève à 6 200 euros net par mois - sans compter les indemnités diverses.

Thierry Légier l’homme qui valait 79 euros de l’heure

L’un des deux associés soupçonnés d’avoir bénéficié d’un emploi fictif au Parlement européen par la présidente du Front National n’est autre… que son garde du corps. Thierry Légier : ce nom n’est pas connu, pourtant du haut de ses 1m90 et 97 kilos c’est lui qui, depuis 1992, a assuré la garde rapprochée du père puis de la fille. Cet ancien parachutiste, qui a donc reconverti ses « compétences », avait déjà fait son entrée dans la sphère militante lorsqu’à 15 ans il avait rejoint les rangs des monarchistes de l’Action Française.

Le garde du corps de la présidente du FN aurait donc été embauché par elle-même en tant qu’assistant parlementaire pour un trois quart temps alors qu’il remplissait une fonction de garde du corps. Une manière pour la candidate de détourner l’argent du Parlement européen pour payer ses associés, et ce pour un gagne-pain plutôt avantageux : 41 554 euros pour 3 mois de travail... soit 79 euros par heure.

La seconde personne mise en cause dans l’affaire est Catherine Griset, amie et ex-belle-sœur de Marine Le Pen, assistante depuis 1993. Cheffe de cabinet du parti au siège de Nanterre et assistante personnelle depuis 2015, elle est aussi salariée à temps plein en tant qu’assistante parlementaire… à Bruxelles, et ce depuis 2016. Une fraude puisque les assistants parlementaires doivent travailler à Bruxelles ou à Strasbourg et résider à proximité. Par ailleurs elle ne détient pas de numéro belge et possède une voiture française « qu’elle n’a jamais utilisée pour rentrer dans les bâtiments du [Parlement européen] ni à Bruxelles, ni à Strasbourg ». Autant de preuves difficilement explicables du côté de la famille Le Pen et qui rappelle les éléments avancés dans le PenelopeGate.

Faux et usage de faux

Interrogée au micro de France 2 le 9 Février, Marine Le Pen affirme que Thierry Légier « a travaillé quelques heures pendant quelques mois (...) dans le cadre de [ses] activités parlementaires ». Elle affirme aussi plus tard que ces 41 554 euros n’auraient pas été versés au garde du corps mais que celle-ci souhaitait juste régulariser des dépenses de salaires et de charges antérieures qui n’avaient pas été payées à T. Légier. Au-delà de l’argumentaire peu crédible du FN pour justifier ses emplois fictifs, c’est également de faux que le parti d’extrême-droite est aujourd’hui accusé. L’OLAF affirme que le contrat « signé par Mme Le Pen ne correspond pas à la réalité », « de ce fait, le bulletin de salaire établi pour le mois d’octobre 2011 (…) constituerait un faux » et que les « faits en question pourraient être constitutifs d’infractions pénales d’abus de confiance, voire d’escroquerie ainsi que de faux et d’usages de faux, selon les dispositions respectives du code pénal français ». L’OLAF a donc transmis ce rapport à la justice française, qui a ouvert une enquête.

Une affaire qui s’ajoute à la longue liste des scandales de détournements d’argent et d’emplois fictifs comme celui du PénélopeGate, et qui rappellent l’époque des emplois fictifs de la ville de Paris sous Chirac et Juppé. Malgré ces accusations accablantes, le Front national aspire toujours de se présenter comme un parti « anti-système », en tentant de retourner l’accusation envers le Parlement européen qui l’attaquerait personnellement. Mais ce discours ne résiste pas aux faits accablants qui montrent une fois de plus que Marine Le Pen, loin d’incarner une solution contre le système, n’en est qu’un produit qui profite aussi de celui-ci sur le dos du contribuable.


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