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Témoignages

Manif étudiante réprimée à Toulouse : “Les flics veulent mettre la pression à l’approche du 5”

Dans le cadre de la journée de mobilisation nationale contre la précarité étudiante ce mardi, l'Assemblée Générale du Mirail avait appelé à une manifestation dans le centre-ville de Toulouse. Face à la crainte du gouvernement de voir la jeunesse rallier la grève générale du 5 décembre, la police a empêché la manifestation et a nassé les étudiants sortis dans les rues.

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« Ils commencent à avoir peur que les étudiants et les lycéens nous rejoignent dans la rue le 5 décembre » expliquent les quelques Gilets jaunes venus soutenir les étudiants mobilisés à Toulouse ce mardi, face au dispositif de répression impressionnant.

L’assemblée générale de l’université du Mirail avait voté l’organisation d’une manifestation ce 26 novembre, dans le centre-ville, pour faire entendre la colère des étudiants dans les rues de la ville rose. Après une matinée de mobilisation animée au Mirail, où quatre assemblées d’UFR se sont tenues simultanément dans les différents bâtiments du campus, c’est environ 150 étudiants qui ont rallié le point de départ de la manifestation au métro Jean Jaurès, au cœur de Toulouse. L’objectif était de retrouver les étudiants de Sciences Politiques, réunis à 200 en assemblée générale le même jour, devant le CROUS.

Mais la préfecture et les forces de répression en avaient décidé autrement, et 50 mètres à peine après le départ de Jean Jaurès, ils ont empêché les manifestants de rallier les rues menant au CROUS.

Le cortège a donc fait demi-tour pour prendre les grands boulevards et tenter de rejoindre les étudiants de Sciences Po, avant d’être à nouveau bloqués dans une ruelle et menacés par un nombre impressionnant de policiers, armés de flashball et de grenades lacrymogènes. L’objectif était clair : empêcher les étudiants de se faire voir et entendre en centre-ville, et d’éviter toute convergence avec les lycéens et les étudiants d’autres campus.

« Ils nous disent qu’on peut passer par les boulevards, qu’on doit juste leur dire où on veut aller, mais ils nous bloquent à chaque coin de rue » témoignent des étudiants sur place. « Nous, on manifeste contre la précarité, on veut montrer qu’on sera là le 5 décembre et qu’on est en train de s’organiser, on est là parce que nos conditions de vies sont intenables et pour toute réponse, on a des camions entiers de policiers ».

Ce jeu du chat et de la souris entre le cortège du Mirail et les policiers presque aussi nombreux que les manifestants a duré une quarantaine de minutes. Les manifestants, forcés durant un moment de rester sur les trottoirs, ont décidé de prendre la rue et manifester sur le boulevard pour bloquer la circulation. Très rapidement un cordon de CRS a bloqué à nouveau le cortège, et l’officier de la police judiciaire sur place a donné l’ordre de se disperser tout en menaçant d’utiliser les armes de répression contre les étudiants, rejoints entre temps par quelques lycéens et des Gilets jaunes.

Alors qu’ils tentaient de rejoindre la station de métro la plus proche pour retourner au Mirail, une cinquantaine de manifestants ont été encerclés par les forces de répression. Coups de pression, insultes, demande des cartes de presse aux journalistes présents, relevé d’identité et des adresses des étudiants…

« Ils m’ont repéré parce que je tenais la banderole, ils sont venus me chercher dans la nasse après avoir laissé passer des étudiants au compte goutte, témoigne Joachim, étudiant au Mirail, militant au NPA Jeunes et à Révolution Permanente. J’ai eu droit à la fouille au corps, ils ont relevé mon identité, m’ont demandé mon adresse, et ils avaient même l’air surpris que je n’ai pas d’armes sur moi ! On voit qu’à l’approche du 5 décembre, ils ont vraiment peur du potentiel explosif de la jeunesse qui commence à se mobiliser. Ils ont essayé de nous mettre la pression, en prenant des photos de chacun d’entre nous avec leurs téléphones portables personnels »

Anna, également étudiante au Mirail et militante au NPA Jeunes et à Révolution Permanente, témoigne : « Je les ai entendus parler de moi, quand je prenais une vidéo avec mon portable [la vidéo ci-dessus, NDLR]. Ils ont vu que je portais le mégaphone, et ils ont dit “Celle-là elle a le porte-voix et elle nous filme, on la prend en dernier”. Et en effet c’est ce qu’ils ont fait, je suis sortie la dernière de la nasse. Comme les autres, ils ont fouillé mon sac, pris mon adresse, et ont essayé de me mettre la pression en disant que la manifestation était illégale et que j’avais l’air d’être parmi les initiateurs du mouvement. Mais depuis quand on doit avoir une permission pour manifester notre colère et pour le droit de vivre dignement ?! ».

Dans le même temps, des agents de police ont suivi des étudiants qui avaient réussi à échapper à la nasse. Léna et Antoine, tous deux étudiants en première année au Mirail, racontent : « On était tous les deux, on voulait partir en bus, mais deux policiers dont un qui avait l’air d’être plutôt haut gradé nous ont suivis dans la rue. Il a rigolé et il a dit “Deux étudiants, deux grenades”. C’était clairement des menaces, mais comme la presse était présente, ils n’ont pas voulu faire de scandale et on a pu partir. »

À l’issue de la manifestation, une manifestante Gilet jaune qui dénonçait le dispositif de répression impressionnant mis en place pour empêcher les étudiants de rallier le centre-ville a été embarquée au commissariat. Elle est ressortie une demi-heure plus tard, après une vérification d’identité et des menaces : « Ils m’ont dit que si je continuais comme ça, ils allaient s’arranger pour qu’on m’entende moins chanter le samedi. Je leur ai répondu qu’après cette après-midi, j’étais encore plus déterminée à chanter de toutes mes forces et à lutter le 5 décembre et au-delà ».

Cette journée de mobilisation à Toulouse montre que le gouvernement et sa police ont peur de voir la jeunesse étudiante et lycéenne s’organiser et rejoindre la bataille qui s’annonce pour le 5 décembre. Si face aux journalistes ils ont voulu éviter que des images de répression trop brutales soient largement diffusées, l’objectif était clair : repérer les visages et les noms de ceux qui relèvent la tête et ont décidé de se battre contre la précarité généralisée, aux côtés du monde du travail. « Je trouve ça symbolique que les flics aient embarqué notre banderole, sur laquelle on avait écrit “Ils précarisent, on s’organise : le Mirail prend la rue et le 5 on continue”. Mais ces coups de pression, loin d’entamer notre détermination, nous ont surtout convaincu de construire la mobilisation et d’amplifier le rapport de forces, conclue Anna. « Pour gagner et ne plus jamais avoir à reculer ! »


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