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Enquête Mediapart

Malaise étudiant. Neuf étudiants sur dix n’arrivent pas à suivre les cours en ligne

La jeunesse est en première ligne des conséquences de la crise économique et sanitaire. Pour les étudiants, le deuxième confinement s'avère particulièrement destructeur avec une grande partie d'entre eux en décrochage scolaire dont beaucoup connaissent une situation de détresse psychologique.

Rafael Cherfy

7 décembre 2020

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Crédit photo : Shutterstock

Un malaise étudiant généralisé

Dans une chambre qui se transforme en salle de cours, 8 heures par jour devant son écran sans aucun lien social avec ses camarades de classe ni avec les profs, les jours s’étendent et la déprime s’installe pour les étudiants, comme le montre un article publié sur Mediapart.

Dans de telles conditions, il n’y a aucun doute, c’est tout simplement impossible de se concentrer sur les cours. Les chiffres d’un sondage mené par l’Association de l’École d’Affaires Publiques de Science Po Paris (avec environ 1200 réponses) le montre bien : 91 % des étudiants affirment avoir des difficultés à suivre les cours en ligne.

Et les conséquences de ce deuxième confinement vont bien au delà de simples problèmes de concentration. Le stress de l’échec généré par la perspective des examens est d’autant plus important, avec 61 % des sondés qui déclarent être victime d’anxiété (contre 19 % en octobre). Quand on ajoute à cela le fait que la réouverture des établissements n’aura pas lieu avant la mi février, si la situation sanitaire le permet, on comprend bien que 41 % des étudiants vont jusqu’à se déclarer en état dépressif (contre 15 % en octobre).

Toutes les enquêtes font le constat d’une grande dégradation de la santé mentale des étudiants. Une situation qui touche particulièrement les étudiants les plus précaires, avec 73,5 % des étudiants de milieux populaires qui estiment être en détresse psychologique selon l’étude de l’association Article 1. On peut également souligner que, bien souvent parmi eux, les étudiants étrangers sont soumis à une situation particulièrement anxiogène, du fait notamment de l’impossibilité de voir leur visa renouvelé en cas d’échec à l’université.

On peut donc s’interroger sur les possibilités d’un décrochage scolaire massif d’une génération étudiante confrontée à d’énormes difficultés matérielles pour assurer la réussite aux examens. Cela d’autant plus au moment de l’arrivée des partiels du premier semestre, alors même que les universités sont toujours fermées.

L’angoisse d’un avenir précaire

Au delà des difficultés dans les études, il y a toute l’angoisse à plus long terme pour une jeunesse à qui l’on répète sans cesse qu’elle est la génération sacrifiée. Avec 800 000 chômeurs supplémentaires d’ici la fin d’année 2020, l’avenir professionnel apparaît comme des plus incertains. D’autant plus que la précarité est déjà vécue par la majorité des étudiants, avec 74 % des jeunes qui déclarent avoir été en difficulté financière durant la crise, selon une récente enquête Ipsos commandée par la Fage

Face à cette situation, le gouvernement peine à convaincre quand il ne propose que des solutions court-termistes comme la prime de 150 euros pour les étudiants boursiers ou encore le plan "1 jeune 1 solution" qui ne promet que plus d’emplois précaires.

La jeunesse qui subit actuellement des troubles dépressifs n’a pas besoin de plus de psychologues, mais bien d’un changement concret de ses conditions d’études et de ses perspectives d’avenir.

Refusons d’être la génération sacrifiée

Pour des études dans des conditions dignes et avec des conditions sanitaires adaptées, il faut se battre pour qu’il n’y ait pas un seul centime qui soit donné à la police et à l’armée, et en parallèle exiger un plan d’embauche massif dans l’éducation et les hôpitaux. Le tout doit être accompagné d’une véritable stratégie massive de tests, et cela avant même les symptômes, pour réellement maîtriser l’épidémie et ne plus avoir recours à cette méthode moyenâgeuse qu’est le confinement.

De plus, contre un marché du travail saturé qui engendre un chômage massif dont la jeunesse est la première victime, nous devons nous battre pour l’interdiction des licenciements et le partage du temps de travail entre toutes et tous, sans baisse de salaire.

Aussi, face au gouvernement qui attaque directement nos droits démocratiques dans la continuité de la loi de Sécurité Globale avec la loi "séparatisme" stigmatisant les personnes musulmanes ou encore la LPR qui vise à précariser davantage l’enseignement supérieur et la recherche mais aussi à criminaliser les mobilisations étudiante, l’enjeu est à se mobiliser pour le retrait de toutes les lois liberticides (LPR et sécurité globale) et racistes (loi sur le séparatisme).


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