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Petite leçon de stratégie politicienne

Macron traque les "crevards"... pour obtenir de fidèles alliés

Alors que chaque sondage contredit le précédent et que tous les scenarios sont encore ouverts pour la présidentielle, la dynamique impulsée par Emmanuel Macron séduit de plus en plus, et notamment à gauche. Et alors que chaque jour de nouvelles personnalités rejoignent le mouvement "En Marche" certains élus PS sentent le vent tourner... Une situation que Macron entend bien exploiter à son avantage. Nathan Bolet et Frédéric Apoyo

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Des figures du PS qui ne comptent pas rester sur le carreau en cas de "Pasokisation"

Ils sont déjà quelques-uns à avoir flairé le coup, au PS. Ainsi, dernièrement, Jean-Yves Caullet et Jean-Jacques Filleul (respectivement député et sénateur PS), mais aussi Ségolène Royal, François Rebsamen et Bertrand Delanoë, ont déclaré plus ou moins ouvertement leur soutien à la candidature de Macron pour 2017. C’est vrai que le Parti Socialiste n’offre plus d’assurance tout risque de l’emploi politicien. Mis sous pression à gauche par Mélenchon et à droite par Macron, l’hypothèse de ne pas dépasser la barre des 10% aux présidentielles, et de terminer en 5ème position au premier tour, est réelle. Les élus ou cadres du PS se rendent bien compte de ce risque de pasokisation à la française. Il s’agit donc pour ces pontes de s’assurer une porte de sortie.

Pour ce faire, et pour s’assurer un quelconque poste et une présence sur une liste électorale, ils ont une opportunité, qui est aussi la plus grosse contradiction d’Emmanuel Macron : ce dernier n’a pas d’appareil politique stable et solide. Il a créé le mouvement "En Marche" il y a quelques mois à peine, et il était lui-même inconnu du grand public il y a 2 ans. Et si tous préparent l’échéance présidentielle, ils gardent un œil rivé sur les législatives à venir 3 mois après. Et "En Marche" n’a pas assez de cadres, pas assez de candidats à proposer. Alors c’est l’occasion pour des élus PS d’apparaitre comme de potentiels appuis et allié dans l’hypothèse où Emmanuel Macron émerge comme une figure capable de générer autour de lui une force en mesure d’occuper l’espace politique du Parti Socialiste. Pour ce faire, il s’agit avant tout de se positionner comme "la gauche qui rassemble" et souhaite discuter "avec tout le monde". Une manœuvre visant à ne pas se griller totalement en interne, dans l’hypothèse d’un phénomène Macron en "feu de paille".

Forcer la main des "potentiels macronistes du PS". Macron n’entend pas être le dindon de la farce.

En entendant démasquer les "crevards du PS", Macron semble avoir tout à fait saisi les subtilités de la manœuvre... et savoir qu’il est en position de force. Les appels du pied de la part de personnalités influentes du PS peuvent lui permettre de faire face à sa principale faiblesse, celle d’un mouvement n’étant pas (encore) une force politique sur laquelle s’appuyer, que cela soit pour gouverner ou pour conquérir l’espace politique du PS en cas de bon score aux élections. En politique, il est important de saisir les opportunités au meilleur moment. Et Macron le sait, sa dynamique lui offre aujourd’hui un avantage.

Il s’agit donc de mettre des limites et des conditions aux ralliements quotidiens des maires et élus PS. Et elles sont relativement simples : ne soutenir aucun candidat de la primaire et se déclarer avant le 29 janvier, date du résultat de cette primaire. C’est une manœuvre très habile car permettant de faire d’une pierre deux coups. D’une part, il s’agit de porter des coups directs au Parti Socialiste, et de minimiser au maximum les effets de l’opération revitalisante que constitue la primaire, et d’autre part il s’agit de fermer la porte à des retournements de vestes. En effet, prêter allégeance à Macron aujourd’hui revient à trahir officiellement le Parti Socialiste, et assurer Macron qu’une fois embarqué à bord, les alternatives pour quitter le navire relèvent de parcours du combattant.

Et tandis que l’ascension continue, que l’heure tourne et qu’Emmanuel Macron rivalise de stratégies politiciennes (comme tous les autres candidats du système) pour accroitre ses chances, un de ses proches a résumé leur position sur ces ralliements PS, dans Le Parisien : "On ne prendra pas les crevards". Comprendre : nous n’accepterons que celles et ceux qui se décideront avant de savoir qui de Valls, Hamon ou Montebourg représentera la figure de proue de l’opération reconstruction du PS. Indéniablement, Macron est aujourd’hui en position de force. Avec l’espace politique du PS, du centre et d’une partie de la droite en ligne de mire.


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