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Néo-colonisalisme

Macron, le « père fouettard » de la Guyane

L’opération séduction a échoué pour Macron en Guyane. Entre manifestations déterminées à Cayenne et discours colonialiste et ultra-sécuritaire, le séjour du Président jupitérien a mis en exergue son déficit de légitimité flagrant auprès d'une population qui entend faire appliquer le plan d'aide de 3 milliards d'euros arraché suite à la grève générale d'avril dernier.

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Crédits photo : Alain Jocard / AFP
Le président n’a pas convaincu la population de son intention de vouloir aider « l’île » (selon lui) à résoudre les problèmes structurels qu’elle rencontre. À peine arrivé sur le tarmac de la plus grande colonie française, que le président s’est envolé pour Maripasoula, un village enclavé qui cumule tous les problèmes de la Guyane, depuis les difficultés d’accès à l’eau potable et aux soins, jusqu’au manque d’infrastructures scolaires. Sur place, Macron s’est illustré par son discours aux relents méprisants en déclarant qu’il n’était pas venu faire des "promesses de Père Noël".

De retour dans la Préfecture de Cayenne, Macron a été accueilli par une manifestation organisée par le collectif Pou Lagwiann Dékolé qui a mené la grève générale d’avril dernier et arraché au précédent gouvernement les accords de Guyane qui prévoient un plan d’aide en deux parties de un puis de deux milliards d’euros. 

« De-ter-mi-nés », comme le scandaient les manifestants, ces derniers ont exigé de rencontrer le Président le soir-même, ce qu’il a refusé renvoyant à vendredi matin la rencontre avec le collectif pour discuter de l’application concrète du plan d’aide, dont la population n’a pas encore vu la couleur. S’en sont suivis des affrontements entre les forces de répression et les manifestants qui se sont poursuivis jusque tard dans la nuit à grand coup de gaz lacrymogène dans le centre ville.

Devant cette colère populaire, Macron n’a eu comme seule réponse l’annonce d’un renforcement sécuritaire de la Guyane et la volonté « d’accélérer [le déploiements des] renforts à venir, (qui) seront donc achevés plus vite que prévu ». Comme le soulignait Davy Rimane, figure du collectif Pou Lagwiann Dékolé, Emmanuel Macron "n’a plus aucun respect pour nous" et "maintenant on sait à qui on a à faire".

Macron s’est justifié en invoquant l’ordre républicain, rappelant qu’il ne « cède pas aux gens qui sont en cagoule », en référence à la frange des 500 frères. Il s’en est ainsi pris au manque de « légitimité democratique » des manifestants venus le rappeler à ses engagements la veille au soir. De la part d’un Président aussi légitime que lui, cela prête à sourire.

La population s’est néanmoins mobilisée avec force et avec détermination car elle entend bien faire respecter les engagements pris par l’État en avril dernier. Macron, l’air de rien, commence déjà à vouloir les amender et même les réduire drastiquement. Sur les trois milliards convenus, seul le premier est assuré de parvenir aux Guyanais, même si on ne sait toujours pas quand, tandis que les deux autres milliards doivent faire l’objet de discussions supplémentaires. En revanche, le renforcement policier, lui, n’attendra pas, puisque ce sont 90 gendarmes et 22 policiers et adjoints de sécurité qui vont très bientôt venir grossir les rangs de la police en Guyane.

La situation difficile en Guyane est principalement le fait de la domination coloniale de la France, pour laquelle les trois milliards d’euros d’investissement ne seraient pas du luxe. La population a raison de se méfier des tentatives de diversion de Macron et de se mobiliser de manière déterminée pour que les promesses d’aide du gouvernement soient honorées.


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