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Impérialisme français

Macron complice ! La France, un allié militaire et économique historique de l’État colonial israélien

Face au massacre des palestiniens, l’État français a choisi son camp. Le gouvernement français a décidé d’interdire et de réprimer les manifestations de soutien à la Palestine et d’afficher un soutien sans faille à Israël. Cette position n’est évidemment pas surprenante tant l’impérialisme français a toujours soutenu l’Etat colonial d’Israël pour assurer ses intérêts.

Simon Derrerof

14 mai 2021

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Photo : AFP

Les derniers évènements ont placé la situation palestinienne sur le devant de la scène géopolitique mondiale. Et pour cause, la campagne meurtrière du gouvernement israélien a déjà fait plus de 100 morts et plusieurs centaines de blessés, à Gaza et dans le quartier de Sheikh Jarrah dans Jérusalem Est. En effet, ces derniers jours, l’État israélien mène une répression meurtrière contre les mobilisations qui ont suivi l’interdiction d’accès à la Porte de Damas et l’annonce de l’expulsion par la Cour Suprême de nombreuses familles arabes pour y reloger des colons israéliens. Face aux nouvelles offensives coloniales du régime sioniste, la réaction de la France a été celle d’un soutien inconditionnel au régime de Netanyahou.

Dans sa première expression publique sur son compte twitter, Macron a lancé un vague appel à la paix renvoyant au même niveau les bombardements meurtriers de l’État raciste d’Israël et les soulèvements populaires palestiniens contre l’oppression coloniale : « La spirale de la violence doit cesser au Proche-Orient. J’appelle avec force au cessez-le-feu et au dialogue. J’appelle au calme et à la paix  ». Mais derrière ces déclarations officielles, le soutien sans faille du gouvernement français à l’État assassin d’Israël est clair.

Ainsi, ce mercredi, un premier rassemblement en soutien au peuple palestinien a été interdit par le préfet de police de Paris durant lequel le président de l’Association France Palestine a été arrêté. Ce jeudi, Gérald Darmanin annonçait l’interdiction de la manif de soutien au peuple palestinien et les députés de la majorité présidentielle affichait leur « soutien indéfectible à Israël ». Autre preuve, s’il en fallait une autre, ce 13 mai l’Élysée a publié un communiqué dans lequel il affirme que le gouvernement français a « fermement condamné auprès de Mahmoud Abbas les tirs revendiqués par le Hamas et d’autres groupes terroristes visant le territoire israélien, mettant en grave danger la population de Tel Aviv et d’autres villes israéliennes et nuisant à la sécurité de l’État d’Israël », alors que dans le même temps frappes aériennes de l’armée israélienne faisaient déjà plus de 120 victimes palestiniennes.

Ce positionnement en faveur du colonialisme de l’État d’Israël n’est évidemment pas anodin. Historiquement, la France figure parmi les premiers États partenaires d’Israël sur le plan économique, militaire et politique. Face aux massacres du peuple palestinien l’impérialisme français répond donc une nouvelle fois par la défense de son principal allié dans le Moyen-Orient.

Une alliance historique « indéfectible » basée sur des intérêts militaires et économiques

L’histoire de la France et d’Israël, si elle a pu être marquée par quelques tensions diplomatiques sous les mandats de Chirac et de Mitterrand, est surtout marquée par le soutien indéfectible de la France pour son grand allié israélien et son régime d’apartheid, de colonisation, qui a perpétré des massacres multiples à l’encontre du peuple palestinien. Cette alliance franco-israélienne prend son origine dès les années cinquante, lors desquelles la France devient le premier pays européen à reconnaître officiellement l’État d’Israël.

Ce soutien historique de la France à Israël repose bien évidemment sur la défense des intérêts impérialistes et militaires français au Moyen-Orient. Rapidement, Israël devient l’un des premiers clients français en termes d’exportations massives d’armes et de matériels militaires. Lors de la crise du Canal de Suez en 1956, la France fait alliance avec Israël contre Nasser à la suite de la nationalisation du canal. Cette alliance entre les deux États se fait autour d’intérêts économiques et politiques communs et marque une première étape de la relation franco-israélienne autour des intérêts impérialistes.

Quelques années plus tard, en récompense de liens étroits renforcés par l’opération de Suez, la France fournit à Israël la technologie pour construire un réacteur nucléaire dans la région de Dimona. L’objectif est alors clair : doter l’État hébreux d’une arme de dissuasion massive pour maintenir son pouvoir sur les pays arabes et faire du pays, un allié de poids de l’impérialisme français au Moyen-Orient. Un « cadeau » de la France qui n’est évidemment pas gratuit mais motivé par le fait que les services de sécurité français sont persuadés que Nasser, ennemi de l’Israël, aide le FLN algérien. Le soutien matériel et militaire historique de la France à Israël s’est donc fait dans une perspective de préserver ses positions coloniales en Algérie et dans une perspective contre-insurrectionnelle de répression des indépendantistes algériens.

De l’après-guerre à Hollande, jusqu’à Macron, la continuité de la centralité militaire dans le soutien impérialiste à Israël

Des décennies plus tard, le gouvernement Hollande continue d’afficher un soutien indéfectible au régime israélien autour de la lutte commune contre l’Iran et de la bataille pour les intérêts français dans le Moyen-Orient. L’Élysée explique alors au Point, en 2013 reprenant la rhétorique du président d’extrême droite que : « la prolifération nucléaire [...] en Iran tout particulièrement est un danger, une menace sur Israël, la région et le monde entier ».

Plus largement, la coopération militaire ne faiblit pas durant les derniers mandats présidentiels, comme le montre une multitude de formations militaires communes, en novembre 2015 un responsable du RAID affirme sur RTL : « On a travaillé là-dessus en faisant des stages avec les unités d’intervention israélienne » selon Pierre Bouvaret. En 2016, ce sont cette fois des bombardiers israéliens qui viennent s’entraîner sur le sol français, dans une base militaire Corse, ceux-là même qui répriment et tuent dans la bande à Gaza.

Les liens entre la France et l’Israël ne s’arrêtent pas aux seuls intérêts militaires, de 2015 à 2019 selon le ministère de l’économie et des finances la France est le 9ème plus grand importateur du pays, ce qui représente chaque année environ 3 milliards d’euros sur le marché. Sur le plan de l’industrie militaire, les prises de commandes de l’État d’Israël vers la France sont en constante augmentation passant 12,4 millions d’euros en 2011 à 34,9 millions d’euros aujourd’hui. Dassault la plus grande entreprise d’aviation militaire en France travaille également étroitement avec l’entreprise israélienne Elbit Systems pour développer de nouvelles technologies militaires*

Face aux intérêts impérialistes, solidarité avec le peuple Palestinien

La première visite officielle de Hollande en Israël est hautement symbolique, l’ancien président y affirme alors un soutien indéfectible au premier ministre d’extrême droite, Benyamin Netanyahou, en déclarant « Je suis votre ami et le resterai toujours » lors d’une visite officielle. Lors des multiples massacres commis par l’État colonialiste israélien, la France a toujours fait attention à soutenir son allié. Il n’est dès lors par étonnant de voir successivement Sarkozy, Hollande puis Macron soutenir bec et ongle Israël et sa politique coloniale systématique, tout en faisant des grands discours sur le droit international. Rappelons que malgré ses belles déclarations iréniques, la France n’a même pas daigné reconnaître l’État palestinien, montrant par là une nouvelle fois son positionnement.

Le quinquennat Macron a encore accentué le soutien au régime d’extrême droite de Netanyahou, en effet Valls puis le gouvernement actuel ont cherché à établir un lien entre antisémitisme et antisionisme faisant entrer l’antisionisme dans la définition juridique de l’antisémitisme, cédant à une revendication de longue date de l’institution très conservatrice qu’est le CRIF et assimilant directement la critique du régime politique israélien à une attaque raciste. Autre exemple frappant, en 2017, le quai d’Orsay salue le plan Trump-Kushner , qui entre autre transfère l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, revendication historique du mouvement sioniste.

La position de la bourgeoisie française est donc particulièrement claire : les massacres et la colonisation d’un peuple sont un mal nécessaire pour les intérêts impérialistes et aux profits. Si la France défend à l’international une solution à « deux États » c’est avec une grande hypocrisie. Car d’une part, la France soutient dans les faits la domination d’un pays sur l’autre et d’autre part, il est évidemment impossible que deux États puissent coexister, alors que l’État d’Israël maintient un monopole capitaliste sur les ressources d’eau et industrielles et détient l’appui des puissances impérialistes, sur le plan économique et militaire.

Pour construire une véritable perspective anti-impérialiste, aucune demi-mesure n’est possible. Il faut se battre pour la dissolution de l’État colonialiste et la mise en place d’un État palestinien socialiste et révolutionnaire qui refuserait toute oppression religieuse ou raciale et où vivraient ensemble juifs et arabes. Pour une vie entre ces deux peuples il faut, en opposition à l’impérialisme français, démanteler l’État raciste et colonial qu’est Israël. En ce sens, étant donné l’appui historique de l’impérialisme français mais aussi américain sur lequel Israël fonde sa domination et opprime les palestiniens, il est fondamental que la classe ouvrière et la jeunesse des pays impérialistes se solidarisent avec le peuple palestinien. La classe ouvrière française, la jeunesse, les quartiers populaires doivent en ce sens se mobiliser pour exiger la cessation immédiate des attaques contre les palestiniens, mais aussi la fin de toute aide étrangère au régime sioniste.


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