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Argentine : retour au passé

Macri fait appel au FMI : une décision qui s’annonce catastrophique pour les classes populaires

Des jours difficiles s’annoncent pour les classes populaires avec la décision du Président Macri de faire appel au FMI pour essayer de mettre un frein à la crise économique déclenchée il y a un peu plus d’un mois avec la fuite des capitaux, et son corollaire la dépréciation du peso argentin.

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Depuis déjà plus d’un an, la Banque Centrale argentine a émis des bons du trésor nommés LeBaC (Letras del Banco Central) pour protéger les réserves internationales et ainsi mettre fin à la fuite de devises. Les LeBaCs ce sont des bons libellés en pesos qui donnent un taux d’intérêt plus élevé que les taux internationaux et qui se renouvellent tous les 38 jours.

D’autre part, et pendant ces deux dernières années le gouvernement a fait des emprunts internationaux pour un montant d’à peu près 90 milliards de dollars, ce qui a amené la dette à un montant de 342 milliards de dollars . Le ratio dette-PIB est de 60%, rien de préoccupant en soi, mais c’était sans compter avec la situation internationale, la FED augmentant ses taux d’intérêts progressivement jusqu’à 1,75% aujourd’hui, ce qui a incité les spéculateurs à migrer vers les bons du trésor étatsuniens, bien plus sûrs que les LeBaCs, obligeant la banque centrale à augmenter à son tour le taux jusqu’à un exorbitant 40%, ce qui n’a pas empêché que la devise passe de 20,40 pesos pour un dollar le 9 avril à 23,10 pesos le 10 mai. Mais le pire est à venir, puisque mardi, il y a une échéance de LeBacs de presque 30 milliards de $, soit quasiment 60% des réserves de la Banque Centrale. Sans compter que le gouvernement doit financer le déficit de la balance de paiements qui est aussi équivalant à 30 milliards de $, une situation qu’on peut qualifier sans crainte de quasi faillite.

C’est ce panorama catastrophique qui a obligé Macri à aller quémander l’aide du FMI, mais que celui-ci ne donnera sans contrepartie, c’est-à-dire, plus d’austérité, plus de privatisations, de nouvelles attaques contre les retraités et les travailleurs, etc.

Depuis le début de son gouvernement en 2015, Macri a appliqué une politique dite « néolibérale » des plus orthodoxes. Il a décidé du licenciement de 120.000 fonctionnaires de l’État, autant de licenciements dans le privé, éliminations d’impôts aux agro-exportateurs, il a mis fin aux subventions pour les entreprises des services publics, qui avait été privatisées sous le gouvernement Menem, ce qui c’est traduit par des augmentations extraordinaires des factures payés par les usagers atteignant le taux effarant de 100% dans bien des cas !

Aujourd’hui, 32,6% de la population argentine vit sous le seuil de pauvreté, dont 12% dans l’indigence, souffrant de malnutrition et d’exclusion, des taux équivalant à ceux de la fin des années 90.

Ce panorama pour le peuple argentin ressemble beaucoup à celui de l’année 2000 et ses séquelles traumatiques : 32 morts lors de manifestations qui ont mené à la fuite historique en hélicoptère du Président De la Rua, les terribles images de saccages de supermarchés violemment réprimées par les forces de l’ordre, des banques fermant leurs fenêtres blindées et la foule réclamant qu’on lui rende l’argent, des personnes âgées déambulant dans les rues le regard hagard, sans savoir que faire, où aller, des moments inoubliables par son dramatisme pour tous ceux qui les ont vécues. Mais aussi les assemblées de quartier, les gens qui luttaient, qui ont continué à manifester et qui ne sont jamais déclarés vaincus, comme nos camarades du PTS se battant contre la fermeture des usines comme Zanon et Brukman, pour ne donner que ces exemples.

Mais aujourd’hui, il ne s’agit plus de la classe ouvrière des années 90 qui avait subi une défaite historique. Celle-ci a connu un regain de combativité : à l’image des centaines de milliers de manifestants le 14 et le 17 décembre dernier contre la réforme des retraites qui ont escroqué 5 milliards de dollars aux personnes âgées, mais aussi l’immense manifestation du 8 mars pour la journée internationale de la femme, les énormes manifestations pour le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit, ou encore la lutte de nos camarades contre les fermetures d’entreprises, pour que les commissions paritaires dépassent le seuil du 15% fixé par le gouvernement, et bien d’autres combats.

Le capitalisme est le système de la crise permanente, dans lequel ceux qui payent les plats cassés sont toujours les mêmes : les travailleurs, et il faut en finir avec cela.


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