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PARIS 2024

Limitation du droit de grève et forces policières : sous pression, Macron prépare des JO répressifs

Alors que les Jeux Olympiques débuteront dans deux ans à Paris, le gouvernement, sous pression quant à l’organisation de l’évènement, cherche à donner des gages sur les terrains budgétaires et sécuritaires depuis le début de la semaine. Entre renforcement de la répression policière et limitation du droit de grève, la macronie se prépare pour supporter le test des JO.

Erell Bleuen

26 juillet 2022

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Crédits photo : AFP

Dans deux ans jour pour jour débutera la cérémonie des Jeux Olympiques à Paris. Mais entre le contexte économique inflationniste que l’on connaît actuellement et le souvenir de la gestion catastrophique du Stade de France, des voix inquiètes ont commencé à s’élever dans le camp de la bourgeoisie sur la tenue de l’évènement : le Figaro titrait ce lundi que « la facture va forcément déraper » tandis que l’éditorial de l’Opinion désignait l’échéance comme « un condensé de problèmes bien français ».

Sous la pression, le gouvernement multiplie les gages sur le terrain budgétaire et sécuritaire depuis le début de la semaine. Après une « réunion de chantier » convoquée ce lundi par Macron avec une dizaine de ministres, il a donné un entretien au journal sportif L’Equipe dans lequel il cherche à rassurer en déclarant qu’il n’y « a pas de dérives de nos coûts » - estimé à 8 milliards - et qu’il n’y « aura pas d’impôt JO ». Le président des riches a même tenté un coup médiatique avec l’annonce de la mise en place d’une « billetterie populaire » de 400.000 billets pour distribuer aux jeunes et aux bénévoles.

Mais derrière ces discours, se cache un renforcement de la répression contre le monde du travail. Alors que depuis près d’un an, la colère contre l’inflation explose dans de nombreux secteurs, celui-ci détaille sans sourciller dans l’interview que « tout sera fait afin que l’on ne soit pas tributaire et exposé à un risque de mobilisation sociale » car selon lui, « nos compatriotes dépensent parfois beaucoup d’argent plusieurs mois à l’avance pour aller à un événement sportif et il n’est pas acceptable qu’ils ne puissent s’y rendre ». Pour se faire, il travaillerait à ce que « toutes les confédérations syndicales adhèrent à l’événement ».

Pour autant, le « dialogue social » n’est pas la seule méthode que compte employer le gouvernement. Toujours au micro de l’Equipe, Macron s’est dit prêt à renforcer les limitations du droit de grève des salariés des transports. Il rappelle en effet les salariés du secteur à l’ordre, en citant « des lois [qui] portent déjà des exigences à l’égard des professionnels : le service minimum en cas grands évènements », qui viendront à être renforcées par le ministre des transports. En somme, le même qui a privatisé la SNCF et qui travaille aujourd’hui à l’ouverture à la concurrence de la RATP tente désormais d’instaurer des mesures préventives pour faire taire la colère des secteurs à l’avant-garde des batailles du quinquennat précédent.

Dans le même temps, malgré le chaos du Stade de France, le gouvernement se prépare à toujours plus de répression pour assurer la tenue de l’évènement. Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports, détaillait ce mardi dans Le Monde que « 7.000 et 11.000 forces de sécurité seront mobilisées quotidiennement » et qu’ils avaient « besoin de 17.500 agents de sécurité privée en moyenne quotidienne, avec des pics qui iront jusqu’à 22.000 ». S’ajoute à cela la création de « onze nouvelles unités mobiles qui resteront au-delà des Jeux » selon les mots de Macron, qui utilise l’évènement pour légitimer ses projets de lois répressifs comme la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (qui prévoit notamment l’augmentation du budget de la police d’1,5 milliards d’euros).

Ainsi, dans le contexte de crise politique profonde pour la macronie, qui se couple à une crise économique d’ampleur, l’organisation des JO apparaît comme un nouveau test pour Macron qui cherche toujours à conquérir une légitimité qu’il sait très affaiblie. Si l’évènement sert aussi de point d’appui au gouvernement pour avancer son agenda anti-social et sécuritaire, le président est attendu au tournant, et risque en cas d’échec, de se retrouver en première ligne pour payer les pots cassés. Alors, à l’inverse de la pseudo « unité » que souhaite construire Macron avec les organisations syndicales pour s’assurer du bon déroulé de l’évènement, la fébrilité du gouvernement doit nous servir de point d’appui pour préparer la contre-offensive, et ce sans attendre 2024 !


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Erell Bleuen

Twitter : @Erellux

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