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Tant pis pour le changement

Les libéraux reviennent au pouvoir au Canada

Ivan Matewan La plus longue campagne électorale de l'histoire du Canada a pris fin lundi 19 octobre. Non sans surprise, c'est le Parti libéral du Canada (PLC) qui en sort clairement vainqueur avec une majorité absolue au Parlement fédéral. L'ancien Premier ministre Stephen Harper du Parti conservateur (PCC) s'est quant à lui vu désavouer après près d'une décennie au pouvoir par une population de plus en plus frappée par la récession économique, les mesures d'austérité et la stagnation salariale.

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Après le scrutin électoral du 19 octobre, le Parti libéral (centre) s’apprête à reprendre les rênes du gouvernement canadien après une traversée du désert qui a duré près de dix ans. Il a en effet remporté plus de 40 % des voix et 184 sièges, lui accordant ainsi une majorité absolue à la Chambre des Communes. Cette victoire vient seulement quatre ans après la pire défaite électorale du Parti libéral qui a vu la base électorale de ce pilier historique du bipartisme canadien s’effondrer et sa relégation à la troisième force politique du pays loin derrière le Nouveau Parti Démocratique (NPD, social-démocrate).

Le scrutin d’hier constitue également un désaveu du Parti conservateur et du Premier ministre Harper qui a annoncé sa démission avant même l’annonce officielle des résultats. Les Conservateurs ont perdu plus de 60 sièges à travers le pays et plusieurs des membres du gouvernement comme le Ministre des Finances Joe Olivier n’ont pas été réélus. Dans les mois précédents, un sentiment « tout sauf Harper » s’est installé dans le pays. Les politiques d’austérité imposées par le gouvernement conservateur, sa coopération toujours plus étroite avec l’impérialisme états-unien et ses attaques contre les droits démocratiques et sociaux ont suscité un grand mouvement d’opposition qui s’est cristallisé dans le vote libéral.

Si les Libéraux ont pu capitaliser sur ce sentiment populaire, c’est parce que le NPD, deuxième force politique du pays depuis 2011, en lien étroit avec les directions syndicales, a mis en avant un programme plus à droite que traditionnellement. Dans leurs efforts pour s’imposer en tant qu’« alternative crédible » aux yeux des classes dominantes, les Néo-Démocrates se sont en effet engagés à « équilibrer » le budget, à ne pas augmenter les impôts sur les plus hauts revenus, à réduire les impôts sur les grandes entreprises et à respecter les engagements militaires du Canada dans le monde. Alors que le NDP était donné favori pour l’élection du 19 octobre au début de la campagne, il a également subi un échec cuisant, perdant plus de la moitié de ses sièges au Parlement et un tiers des suffrages.

La stratégie droitière du NDP a permis aux Libéraux de doubler ce dernier sur la gauche en apparaissant comme les plus féroces opposants à l’austérité. Pourtant ce n’est pas nouveau pour le PLC. En 1993, les Libéraux sont arrivés au pouvoir après neuf années de règne conservateur en promettant d’en finir avec la rigueur budgétaire et de mettre l’accent sur la création des emplois. Par la suite, ils ont procédé au plus grand démantèlement des services publics et des acquis sociaux dans l’histoire du pays.

Malgré les belles promesses de la campagne électorale, le PLC compte bien poursuivre l’œuvre de Harper, bien qu’avec des méthodes a priori plus « douces », avec l’objectif de contenir une colère sociale grandissante parmi les travailleurs, les jeunes et les classes populaires. Le chef des Libéraux a déjà annoncé l’augmentation du nombre des soldats canadiens en Irak et des dépenses budgétaires pour assurer une coopération toujours plus étroite entre Ottawa et Washington. Le programme du parti indique en plus que le nouveau gouvernement devra trouver six milliards de dollars d’économies budgétaires par an d’ici 2019. Tant pis pour le changement...


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