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Le viol comme arme de guerre

Les États-Unis bloquent la résolution de l’ONU sur les violences sexuelles

Le Conseil de Sécurité de l’ONU a, ce mardi, adopté une résolution pour condamner le viol comme arme de guerre…vidée de son contenu. Effectivement, les Etats-Unis se sont opposés à une mention concernant la prise en charge sanitaire des femmes subissant ces agressions, qui les autorisait à avorter. La politique réactionnaire de Trump a donc des conséquences à l’échelle nationale et internationale sur la condition des femmes. Cette résolution n’aura donc que très peu d’impact sur la réalité à laquelle ces femmes sont confrontées, à savoir les agressions sexuelles utilisées par les puissances impérialistes pour asseoir leur domination.

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Crédit photo : AFP/Getty Images North America/Drew Angerer

Ce mardi 23 avril, au Conseil de Sécurité de l’ONU, a été adoptée une résolution pour combattre le viol comme arme dans les zones de guerre. Cependant, celle-ci a été largement vidée de son contenu, via l’opposition de la Russie, de la Chine mais surtout des Etats-Unis sur certaines des dispositions qu’elle incluait. Les Etats-Unis ont effectivement fait preuve d’une grande résistance, en menaçant d’user de leur droit de veto si la résolution n’était pas modifiée.

A l’origine proposée par l’Allemagne, la résolution avait pour but premier de permettre la création d’un organisme international qui permettrait la poursuite judiciaire des auteurs de violences sexuelles, afin qu’ils soient reconnus coupables de leurs actes. Ce « mécanisme », qui aurait permis le renforcement de la surveillance et du recensement de ces violences, a été rejeté par Moscou, Pékin et Washington. Mais ce n’est pas tout.

La résolution avait également pour mention le développement de la protection des femmes ayant été violées lors des conflits, afin qu’elles soient entendues et qu’elles obtiennent les réparations et les soins nécessaires. Cela incluait donc « une gamme complète de soins de santé, notamment sexuelle et procréative, un soutien psychosocial, une aide juridictionnelle et des moyens de subsistance, ainsi que d’autres services multisectoriels, compte tenu des besoins particuliers des personnes handicapées ». C’est précisément sur cette mention que Washington s’est fermement opposé, en menaçant de faire usage du droit de veto. La raison de cette opposition : l’autorisation d’avorter pour les femmes tombées enceintes à la suite d’un viol.

Après ces nombreuses amputations, la résolution a été finalement été adoptée à 13 voix pour (dont les Etats-Unis) et 2 abstentions (la Chine et la Russie). Mais à quel prix ? La position des Etats-Unis empêche les femmes victimes de viols d’avorter et d’avoir accès à des soins conséquents. Il est probable que le nombre d’avortements illégaux va se multiplier, alors qu’ils entraînent le plus souvent la mort des femmes concernées.

Cette décision a entraîné de vives réactions des pays présents, comme la France, qui dénonce l’interdiction des femmes concernées à l’accès à l’avortement ; mais également des prix nobel, qui dénoncent un « échec collectif » de la communauté internationale. L’abjecte position des Etats-Unis sur le droit à l’avortement mène à la remise en cause de 25 ans d’acquis pour le droit des femmes dans des situations de conflits armés. Malheureusement depuis l’élection de Trump, la situation des femmes ne fait que se dégrader, à l’échelle des Etats-Unis d’abord, et maintenant à l’échelle internationale.

Trump et son idéologie réactionnaire aggravent toujours plus l’oppression des femmes

L’avortement est, depuis 1973, ancré dans la Constitution des Etats-Unis. Néanmoins, depuis l’élection de Trump, ce droit se retrouve restreint et remis en cause dans de nombreux états.

Effectivement, l’exemple du Mississippi, qui interdit l’avortement après 15 semaines de grossesse (contre 20 auparavant) ou l’Iowa, qui interdit l’IVG à partir du moment où est détecté un battement de coeur de fœtus, montre la volonté de réduire les possibilités d’avortement. Trump a également, dès les premiers jours de son élection, interdit le financement par les fonds fédéraux des ONG qui pratiquent l’avortement ou qui militent à l’international pour sa législation.

Nul besoin de rappeler la misogynie dont Trump a fait preuve, et son engagement « pro-vie » qui profite aux gouverneurs des états, qui jouissent de plus en plus de libertés sur ces questions. Sous couvert d’évangélisme et de valeurs conservatrices, ce mandat connaît déjà un nombre affolant de lois réactionnaires, qui amplifient l’oppression des femmes.

La remise en cause du droit à l’avortement restreint les droits fondamentaux des femmes ; d’autant plus que pour les femmes les plus précaires, dans l’impossibilité de se déplacer à l’étranger pour avorter, et qui seront donc forcées de pratiquer des avortements illégaux, connus pour le nombre de décès qu’ils entraînent. Son engagement à l’échelle nationale a donc des impacts à l’international, se répercutant sur les femmes victimes de violences sexuelles de guerre dans les zones de conflits.

Les femmes en première ligne face aux horreurs de la guerre

Il est nécessaire de rappeler que le viol est une arme de guerre, largement utilise par les pays en conflit, mais aussi par les puissances impérialistes, afin d’asseoir leur contrôle sur les populations.

Effectivement, les agressions sexuelles que subissent les femmes ne représentent pas seulement une « distraction » pour les soldats, car elles leur permettent de s’approprier le corps des femmes en les traîtant comme des objets. Ces viols représentent, plus encore, des armes politiques qui servent à marquer un territoire, et à affirmer la domination d’une population sur une autre. La guerre reflète très nettement les débris d’un système basé sur l’oppression et l’exploitation, mais également de l’ordre patriarcal, faisant des femmes les premières victimes.

La position des Etats-Unis sur la résolution est donc largement condamnable, puisqu’elle refuse de fournir de l’aide aux femmes subissant ces violences. Cependant, la position prise par la France est plus qu’hypocrite, puisque ses soldats sont eux-mêmes concernés par des accusations de viols dans des zones de conflit. Plusieurs affaires ont émergé, mettant en cause la France comme d’autres pays impérialistes, comme les scandales de l’opération Sangaris, où « 41 enfants, âgés pour la plupart de 7 à 13 ans, témoignent avoir subi des agressions sexuelles de la part de militaires français de la mission Sangaris, entre 2013 et 2014. »

Le viol reste donc une arme encore majoritairement utilisée par les grandes puissances impérialistes, qui ne se gênent pas pour imposer leur supériorité par tous les moyens. L’influence que ces puissances exercent dans ces pays se retrouve doublée d’une affirmation de domination directe, via les agressions sexuelles subies par la population sur place.


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