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Une réforme du Code du travail qui pourrait virer au cauchemar pour le gouvernement

Le spectre du CPE hante Hollande et Valls ?

Gérard Filoche n’a pas mâché ses mots en parlant de « plus importante contre-révolution depuis un siècle » au sujet du projet de loi El Khomri. Mais au petit jeu des records, ce que craint l’Élysée, c’est que la bronca qui s’exprime pour l’instant dans les conversations et les réseaux sociaux contre la réforme du Code du travail se transforme en un CPE bis. Et Hollande pourrait y perdre quelques plumes… Juan Chingo

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Après la lepénisation assumée du gouvernement, on a eu avec Macron son ultralibéralisme assumé. Aujourd’hui, avec le projet de loi El Khomri, il est même décuplé… L’attaque contre les droits des travailleurs est intégrale.

Mais cette inflexion particulièrement brutale de la politique gouvernementale pourrait donner lieu à un brusque virage dans la situation politique et sociale. C’est ce que l’on peut par ailleurs souhaiter de mieux à l’Exécutif. Le gouvernement, qui a perdu tout ce qu’il avait pu capitaliser après les attentats de novembre, se retrouve face à une opinion publique hostile à son projet. En témoigne la pétition lancée sur change.org qui a recueilli plus d’un demi-million de signatures en un temps record, ce qui n’est pas anodin.

Parallèlement, le projet de loi a forcé l’Intersyndicale à se remette sur pied, même si jusqu’à présent c’est la CFDT qui s’efforce de dicter la mesure. Jusqu’à présent, le hollandisme s’était surtout appuyé sur le dialogue (et la collaboration) social(e) à travers, notamment, la CFDT, pour imposer son agenda de contre-réformes. Le mécanisme, pourtant bien rodé chez les socialistes, avait déjà commencé à montrer des signes de fatigue, comme on avait pu le constater, avec le triple recours au 49.3 pour faire passer la loi Macron. En tout état de cause, les dates avancées (3 mars pour une nouvelle Intersyndicale et 31 mars pour une journée d’action cégétistes) sont trop peu précises ou trop lointaines pour satisfaire les plus remontés, et ils sont nombreux. C’est le sens des discussions au sujet d’un contre-feux qui pourrait se monter dès le 9 mars. Accompagné du spectre CPE…

On se souvient comment, il y a dix ans, la jeunesse lycéenne et étudiante était descendue dans la rue, entraînant dans son sillage les syndicats à travers d’énormes journées d’action interpro qui avaient eu raison de l’entêtement de Villepin et de son Contrat Première Embauche. C’est dans le cadre de ce climat que les actions les plus dures se sont produites, avec blocages du réseau routier et ferré, accompagnées d’un certain degré d’explosivité et de violence, notamment après l’entrée en scène de la jeunesse lycéenne de banlieue, quelques mois à peine après la grande révolte de 2005.

Ce scénario, tendanciellement, s’était répété en 2010 avec l’entrée en mouvement de la jeunesse lycéenne. C’est en ce sens qu’après le succès de la pétition contre le projet de Loi El Khomri puis de la page Facebook « 9/3 Nous exigeons le retrait de la loi "travail" », la réunion de 21 organisations de jeunesse, en milieu de semaine, au siège parisien du NPA, n’est pas anodine. L’appel à rejoindre l’appel à la grève lancé le 9 mars par les syndicats du rail et de la RATP non plus.

Si cette journée se confirme être un succès, cela pourrait être une première étape dans une mobilisation de rue massive pour le retrait du projet de loi. Plusieurs secteurs syndicaux pourraient se joindre à la journée, comme en témoigne le climat de solidarité qui caractérise par ailleurs la campagne pour les « huit de Goodyear ».

Que cette aile marchante soit en capacité d’imposer aux directions syndicales la perspective du « Tous ensemble ! », la seule façon de construire la grève générale et de battre en brèche le gouvernement et son projet de loi, c’est là tout l’enjeu. La crainte du débordement pourrait être un élément de poids dans les discussions qui traverseront la prochaine Intersyndicale. Pour ce qui est des analystes les plus lucides de la presse commerciale, la plupart pressent le gouvernement de hâter le pas, précisément pour éviter qu’une possible mobilisation de la jeunesse ne puisse prendre de l’ampleur.

L’Hexagone va-t-il connaître, dans les semaines à venir, un mouvement aussi massif que ceux de 1995, 2006 ou 2010 ? Pour l’heure, il est prématuré de l’affirmer. Mais compte-tenu des caractéristiques de l’évolution de la lutte des classes en France, le scénario n’est pas exclu, et il aurait un impact décisif au niveau européen.


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Juan Chingo

@JuanChingo
Journaliste

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