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Un véritable simulacre...

Le féminisme made in Schiappa : pot-pourri de réactionnaires à son Université d’été

Organisée sous l'égide de Marlène Schiappa, la première université féministe du gouvernement Macron s'est tenue ce jeudi 13 et vendredi 14 septembre. Alors que cet événement prétendait mettre « les projecteurs sur les femmes et hommes engagés pour l'égalité », Marlène Schiappa a invité Elisabeth Levy, Lunise Marquis, Raphaël Enthoven ainsi que Peggy Sastres, qui se sont démarqués par leurs propos et théorisations réactionnaires et profondément sexistes. De quoi questionner et susciter la polémique..

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Cette première université d’été organisée par le gouvernement Macron, sous l’égide de la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre femmes et hommes, Marlène Schiappa, suscite en effet de nombreuses polémiques et réactions. Et pour cause. Alors que la parole des femmes dénonçant l’oppression sexiste tend constamment à être étouffée et que le mouvement #MeToo s’est heurté à son lot de réactions sexistes visant à décrédibiliser la parole des femmes ainsi que la réalité systémique et structurelle des violences de genre, Marlène Schiappa, la caution féministe du gouvernement antisocial de Macron, n’a pas trouvé mieux que d’inviter et de donner une tribune à des personnalités politiques dont l’antiféminisme n’est plus à prouver.

Ainsi, Elisabeth Levy, directrice du très droitier magazine Causeur et signataire de la tribune réactionnaire sur le « droit d’importuner les femmes » de Catherine Deneuve, Peggy Sastre, elle aussi signataire de la tribune, mais aussi Lunise Marquis du Printemps Républicain, ou encore le philosophe Raphaël Enthoven, connu pour ses sorties racistes et sexistes, ont été invités à l’université d’été du féminisme organisée par le gouvernement.

La justification de leur présence ? D’après Marlène Schiappa, le féminisme n’est « ni une secte ni une marque déposée » et « le mouvement féministe n’a jamais été monolithique et a toujours été traversé de différents courants se croisant et, parfois s’affrontant ». Seulement, comme le déclarait Christine Delphy, l’antiféminisme, que défendent toutes ces personnalités, n’est pas un courant du féminisme. Il est par ailleurs curieux de revendiquer le « droit à la parole » pour justifier de leur accorder une tribune dans un événement qui se veut féministe quand ces derniers sont les premiers à tenter d’étouffer la parole de celles et ceux qui dénoncent l’oppression patriarcale et qui en sont victimes.

A cet exercice, Elisabeth Levy a, comme à son habitude, tapé fort. Après s’être indignée à l’égard des huées qui lui étaient adressées - les qualifiant de « signal faible de la barbarie » … - cette dernière a à nouveau totalement nié l’oppression patriarcale, tentant de minimiser et invisibiliser les violences de genre. Ainsi, selon elle, il n’y a pas de culture du viol, car le « viol reste l’exception » - niant la dimension systémique des violences de genre et la multiplicité des formes qu’elles prennent dans la société. Elle poursuit ensuite : « Je crois qu’aujourd’hui la condition des femmes n’a rien à voir avec le récit victimaire qui est délivré par Me too. Je vois autour de moi des femmes qui ne vivent pas cette vie de domination, de souffrance et d’humiliation. C’est tout simplement pas un bon récit ». Quid de ses déclarations les plus réac et nauséabondes, après l’atelier qu’elle a animé, cette dernière a regretté, dans une interview avec Guillaume Meurice, « l’idée que le désir en général doit être transparent, que la sexualité doit être transparente, que quand on dit non, c’est non. Moi j’ai souvent dit non en pensant oui. Et toute la littérature française s’arrêterait très vite si quand on dit non c’est non ». Des déclarations qui ne font rien d’autre que de justifier et encourager les violences sexuelles.

Peggy Sastre, également signataire de la tribune de Catherine Deneuve, a quant à elle regretté le fait que dorénavant les hommes auraient « peur » et que certaines femmes s’en féliciteraient : « les femmes et féministes disent maintenant les hommes ont peur, et elles sont très contentes de ça. Déjà qu’avant les rapports civilisés hommes femmes étaient un peu pourris, on pourrit encore plus les rapports humains, on criminalise des comportements qui sont bénins ». Quand dénoncer les violences sexuelles, renvoyées par ailleurs à des faits « bénins », signifie pourrir les rapports humains...

Mais c’est la présence de Raphaël Enthoven, le professeur de philosophie invité pour introduire le thème « la place des hommes dans le féminisme », qui, sur un ton virulent et arrogant - « Si vous me permettez je vais finir, après vous pourrez m’interrompre » - a tenté de donner une leçon de féminisme à toutes ces femmes et féministes qui n’y comprennent rien, qui a provoqué le plus de réactions et d’indignations.

Et pour cause, ce dernier a déroulé un monologue agressif fustigeant la non-mixité, accusée de « favoriser la tentation de replis communautaires » et d’être responsable de la « racialisation croissantes des discours ». Une rhétorique bien rodée pour ce philosophe qui, sous couvert d’une croisade contre un pseudo communautarisme genré et racisé qui mettrait en danger l’universalisme républicain, véhicule racisme et sexisme.

Après s’en être pris à la sociologue Nacira Guénif, la dessinatrice Emma et l’association féministe Lallab, ce fut au tour des victimes de #MeToo d’être, à nouvelle fois dans cette université d’été « féministe » made in Schiappa, prises à parti. Ainsi, selon Raphaël Enthoven, après avoir dénoncé les violences sexuelles perpétrées à leur égard, les femmes doivent retourner à leur place et la fermer puisque ces dernières, trop impliquées, ne peuvent émettre un avis et une prise de position sur ce sujet : « Les victimes sont plutôt mal placées pour juger du juste et de l’injuste ». « La souffrance n’est pas un diplôme. Être victime n’est pas un passe-droit, c’est une exigence supplémentaire. ». Un pot pourri d’idées réactionnaires pour ce philosophe qui a pour habitude de se positionner comme victime d’un pseudo sexisme inversé et racisme anti blanc, allant jusqu’à déclarer dans une interview accordé au journal Le Point « J’aimerais être une femme noire pour pouvoir dire la même chose de la même manière et qu’on arrête de m’emmerder avec mon sexe ou ma couleur de ma peau » …

Lunise Marquise, du printemps républicain, a quant à elle été d’une violence inouïe envers la représentante de l’association féministe Lallab lors du débat sur le port du voile, qui s’est faite insulter à la fin du débat, comme le mentionne sur Twitter l’association : « Nous sommes actuellement sous le choc. Un débat court, Laura n’a pas eu la parole pour dire tout ce qu’elle souhaitait dire et des insultes ont fusé à la fin. C’est inadmissible et honteux. Malheureusement, une fois de plus, nous n’avons pas pu avoir la parole ».

Accompagné de tout ce beau monde, la présence des membres du gouvernement qui n’ont cessé de mettre en place, depuis le début du quinquennat Macron, des réformes visant à précariser davantage la situation des femmes. Ainsi, pour l’atelier « Femmes et travail », c’est la ministre du travail, Muriel Pénicaud, qui a porté la Loi Travail XXL, réelle attaque contre le monde du travail et plus particulièrement contre les secteurs les plus précarisés, en premier lieu les femmes, qui a défendu, en toute hypocrisie, la nécessité et la tension du gouvernement pour la mise en place de Loi relatives à l’égalité hommes femmes dans les entreprises.

Tout ceci témoigne que cette université d’été du féminisme organisée par Marlène Schiappa, et qui a par ailleurs coûté plus de 300 000 euros, à l’heure où le gouvernement ne cesse de précariser les femmes et les associations féministes qui sont étranglées depuis plusieurs années par les coupes budgétaires, poussant certaines d’entre elles à la fermeture, n’est qu’une mascarade et un vernis social pour un gouvernement des riches profondément impopulaire et qui mène une politique desservant les droits des femmes et de tous les opprimés.


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