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Le droit à l’avortement menacé à l’international : des milliers de personnes mobilisées à travers la France

Alors que l’accès à l’avortement est mis en danger à l’international, plusieurs rassemblements et manifestations ont eu lieu ce mercredi 28 septembre dans différentes villes de France pour revendiquer un accès libre, sûr et gratuit à l’IVG, défendre la liberté à disposer de son corps, et exprimer une solidarité internationaliste avec les femmes du monde entier, notamment les iraniennes mobilisées.

Cécile Manchette

3 octobre 2022

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Ce mercredi 28 septembre au soir plusieurs rassemblements et manifestations étaient appelés dans différentes villes pour défendre le droit à disposer de son corps à travers le monde. Le 28 septembre, journée internationale pour le droit à l’avortement, à été investie de manière plus importante que d’autres années dans de nombreuses villes. Cela est dû à la fois au contexte international où le droit à l’IVG est menacé dans plusieurs pays, mais également grâce à une préparation plus importante de la date par un ensemble d’organisations féministes et LGBTI. A Rennes, Paris, Metz, Toulouse, Bordeaux, ou encore Montpellier, plusieurs centaines de personnes, souvent beaucoup de jeunes, ont défilé dans les rues.

A l’échelle nationale un appel a été initié par le collectif avortement Europe, signé notamment par le planning familial, les organisations syndicales ou encore des organisations politiques de gauche. Localement, des appels parallèles ont été publiés insistant sur la nécessité d’élargir l’appel au-delà du droit à l’avortement et du mot d’ordre de constitutionnalisation de l’IVG.

Ils et elles se sont mobilisé.es pour le droit à l’IVG mais plus largement pour le droit à disposer de son corps dans le contexte de la polémique transphobe contre le planning familial ou encore de la situation aux Etats-Unis où les attaques contre l’IVG sont assorties d’attaques contre les personnes trans et LGBTI.

Au-delà de la constitutionnalisation de l’IVG qui est la promesse agitée par le gouvernement, les manifestant.es ont tenu aussi à souligner que bien que légal en France le droit à l’avortement n’est pas pleinement accessible. Ce qui met en danger principalement l’accès à nos droits reproductifs et la santé sexuelle c’est la casse des services publics, ainsi que l’existence d’une "clause de conscience". Dans plusieurs villes des personnels de santé mobilisés contre la casse de l’hôpital, pour de meilleures conditions de travail et une augmentation des salaires étaient présents pour porter ce message. Ces personnels ont insisté sur le fait que c’est seulement par la mobilisation et la grève des travailleurs.es du public comme du privé, autour de mots d’ordre communs, qu’il sera possible d’obtenir l’accès réel et effectif pour tous et toutes à un droit élémentaire comme l’IVG.

Enfin, des pancartes et des slogans chantés pendant les différentes manifestations exprimaient une solidarité internationaliste notamment avec les mobilisations en Iran et les iraniennes qui luttent contre le régime théocratique iranien.

Plus de 200 personnes à Rennes

Plusieurs organisations du mouvement féministe et de la gauche rennaise étaient rassemblées ce mercredi dont le collectif Du pain et des roses, le Planning familial, Nous toutes 35, le NPA ou encore les syndicats tels que la CGT et Solidaires.

Les différentes interventions rappelaient l’importance d’une solidarité internationale des femmes et des LGBTI, et dénonçaient les attaques contre le droit des personnes à disposer de leurs corps à travers le monde. Le planning familial d’Ille et Vilaine a souligné l’ensemble des lois qui, des Etats Unis à l’Italie en passant par la Hongrie, vont dans le sens de restreindre l’accès à l’avortement : « en Hongrie, depuis une nouvelle loi votée le 15 septembre, les personnes concernées sont obligées d’écouter battre le cœur du fœtus avant d’avorter ».

A chaque fois ces politiques réactionnaires s’attaquent au droit à l’avortement mais également aux droits LGBTI et mènent une offensive contre les droits trans. Ainsi, au Royaume Uni, Liz Truss, la première ministre qui vient d’être élue est connue pour ses positions transphobes. Une militante du planning familial a rappelé que la première ministre « s’est opposée, dès les premiers jours au pouvoir, à la reconnaissance de genre pour les personnes trans ».

En France, les attaques transphobes contre le planning familial viennent de l’extrême-droite mais aussi du gouvernement Macron qui prête une oreille attentive à des militantes transphobes qui cherchent à créer des paniques morales sur les questions de genre. Par ailleurs, l’accès aux droits reproductifs est rendu difficile par la crise, organisée par les gouvernements successifs, que traverse le secteur de la santé : « C’est la destruction des services publics de santé, de centres IVG qui rend de plus en plus difficile cette prise en charge », insiste une syndicaliste de Solidaires.

Les militantes du collectif du pain et des roses, tout comme les syndicats et organisations sur place, ont appelé à venir à la manifestation du 29 septembre pour les salaires et contre la dégradation des conditions de travail : « les nombreuses réformes, sur les retraites, de l’assurance chômage et du travail vont précariser de plus en plus la population et donc en grande partie les femmes et les LGBTI ».

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Un cortège unitaire dans la manifestation parisienne pour défendre la liberté à disposer de notre corps par la lutte de classes

A Paris deux communiqués appelaient à venir manifester de Bastille à la Concorde pour le droit à l’avortement. A l’initiative de Du pain et des roses, de XY média, du Collectif Féministes Révolutionnaires, d’Alerta Féminista et d’autres collectifs féministes et LGBTI, un cortège unitaire de quelques centaines de personnes a défilé derrière une banderole « Ici et partout, IVG, transition, PMA, dans la rue pour nos droits ! ». L’intention était d’insister, dans le contexte politique à l’international, sur la nécessité d’un féminisme qui lutte pour l’ensemble des droits reproductifs et la liberté à disposer de notre corps en indépendance des institutions et de l’Etat.

Par ailleurs, ce cortège unitaire tenait à revendiquer un accès à l’IVG, la PMA, à des transitions dignes pour toutes et tous en allant au-delà de la revendication de la constitutionnalisation de l’IVG. Aujourd’hui, « la casse des services publics ne permet pas un véritable accès à l’avortement en France » a expliqué Cécile, militante du Pain et des Roses en direct de la manifestation. En effet, à l’image des attaques contre l’IVG à l’international, en France, malgré l’allongement du délai du recours à l’IVG, le manque de personnel et de moyens dans le domaine de la santé constitue un des obstacles à un accès réel à l’avortement. Le communiqué unitaire insistait donc sur la nécessité de lier la lutte pour nos droits reproductifs à une lutte anti capitaliste aux côtés des travailleurs.es pour, notamment, des moyens massifs dans les services publics, ou encore l’indexation des salaires sur l’inflation, dans un contexte de crise économique aigue.

Dans ce sens, les sages-femmes et le personnel médical de la maternité des Lilas, menacée de fermeture, ont eu l’occasion de revenir au micro de Révolution Permanente sur les difficultés d’accès à l’avortement, le manque de personnels, et la nécessité de défendre politiquement ce droit. Elles ont ainsi expliqué que « si la maternité des Lilas ferme c’est 900 IVG sur le 93 qui disparaissent ».

Quelques centaines de personnes ont défilé à Montpellier

A Montpellier, c’est quelques centaines de personnes qui ont manifesté dans le centre-ville de Montpellier. Les militantes de Du pain et des roses ont défilé avec des pancartes telles que « de l’Iran aux Usa, IVG, transition, PMA, nos corps, nos choix ! ».

Toulouse, l’inter orga féministe à l’initiative d’une manifestation aux couleurs internationalistes !

A l’image d’autres villes, des personnels du secteur de la santé étaient présent.e.s à Toulouse pour exiger plus de moyens afin de garantir un accès libre, gratuit et digne à l’IVG. Lucie de Sud Santé 31 a déclaré en ce sens « la maternité de Purpan a été conçue pour 3200 accouchements. Elle en pratique 5000 aujourd’hui ! Pour un accès libre, gratuit et digne à l’IVG et aux soins reproductifs, et pour des moyens pour le garantir ! ».

Etaient présentes à la manifestation des militantes de la CGT 31, de Sud santé 31, d’Attac, du planning familial ou encore de Du pain et des roses. L’inter orga féministe a rappelé dans ses interventions que la lutte pour les droits des femmes est indissociable de la lutte pour les droits trans, que cette lutte doit se mener avec les méthodes de la lutte de classes c’est à dire la grève, ou encore que la lutte pour les droits des femmes et LGBTI est internationale.

A Bordeaux, un appel à se mobiliser le 28 pour le droit à disposer de son corps et le 29 pour les salaires !

A l’appel de l’assemblée féministe Gironde, du collectif féministe Meuf, de Du pain et des roses, presque un millier de personnes étaient présent.es à la manifestation pour le droit à disposer de son corps.

Marie-Laure Charchar, de la CGT blanchisserie du principal hôpital de Bordeaux est intervenue notamment pour insister sur la nécessité de lier la lutte contre le patriarcat et pour nos droits démocratiques à la lutte des travailleurs et travailleuses contre l’inflation et pour la hausse des salaires : « Avec Du pain et des Roses et Révolution Permanente nous revendiquons une hausse immédiate des salaires de 400 euros et l’indexation des salaires sur l’inflation, pour que ce ne soit pas aux travailleurs.es et à la jeunesse de payer la crise ! »

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A Metz, un rassemblement pour le droit à disposer de notre corps

A Metz, le collectif féministe la Grenade, Transgressif, la CNT, ou encore Du pain et des roses ont participé à l’organisation d’un rassemblement pour le droit à disposer de son corps, en défense des droits des femmes et des personnes LGBTI.

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