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« Le combat pour la libération des femmes est anti-clérical ! » Un millier de personnes contre le intégristes chrétiens à Berlin

Un millier de personnes est descendu dans la rue samedi dernier à Berlin pour bloquer la Marche pour la vie. Près de 5 000 réactionnaires contre le droit à l’avortement, parmi lesquels Beatrix von Storch, membre d’AFD, sont venus participer à cette mascarade réactionnaire. Les tentatives de bloquer la manifestation n’ont pas réussi, mais elles ont obligé les manifestants d’extrême-droite à considérablement écourter leur trajet. Lilly Freitag, Klasse Gegen Klasse

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Il pleuvait des cordes lorsque la manifestation féministe s’est réunie samedi. Mais les quelques 1000 manifestants présents étaient décidées à faire entendre leurs voix contre les misogynes chrétiens. Les slogans se sont élevés à mesure que la pluie diminuait : « Non à l’intégrisme ! A bas Jésus et vive le féminisme ! », criaient-ils. Ou bien : « Au feu le patriarcat ! A bas l’État, non au sexisme au quotidien ! »

« Si la Vierge Marie avait avorté, vous nous auriez épargnées ! »

Selon la police, 6 000 personnes ont participé à la réactionnaire « Marche pour la vie ». Au premier rang figurait comme les autres années la vice-présidente d’AFD Beatrix von Storch. Celle qui voudrait que l’on puisse tirer à l’arme à feu sur des enfants migrants défend la « vie » de foetus qui ne sont pas nés. Des évêques catholiques étaient également présents, ainsi que des chrétiens évangélistes ; un véritable carnaval réactionnaire.

Deux contre-manifestations féministes

Deux collectifs avaient appelé à manifester contre la Marche. À eux deux, ils ont réuni 1 000 personnes pour exiger le retrait du paragraphe §218 – qui interdit officiellement l’avortement – et réfuter les attaques contre le droit à l’avortement. En Allemagne, l’avortement demeure interdit, il est impuni dans certaines conditions seulement.

« Nous sommes en colère, nous manifestons contre ces vieux réactionnaires. Ils veulent nous dicter ce que nous devons faire de nos corps et nous réduire au rôle traditionnel de femme au foyer. C’est pour ça que nous sommes dans la rue. », affirme Tabea Winter, membre de Pan y Rosas et de RKJ (Jeunesse Communiste Révolutionnaire). Milena, lycéenne à Berlin, ajoute : « Pour moi, il est important de montrer que nous sommes prêtes à descendre dans la rue pour défendre nos droits. Nous ne pouvons pas la laisser à l’extrême-droite. »

A 13h commence la manifestation d’extrême-gauche What The Fuck. Dans la foulée, les manifestants essayent par petits groupes de bloquer celle des intégristes. Un peu plus tard

débute également celle du collectif pour l’émancipation sexuelle, portée par des partis institutionnels. Un peu moins de 500 personnes ont défilé, parmi lesquelles de nombreux députés.

La tentative de blocage a échoué, mais le parcours de la manifestation a dû être considérablement raccourci. Dans de nombreux endroits, des manifestants de gauche se tenaient aux abords de la « Marche pour la vie » et donnaient libre cours à leur colère. Les misogynes étaient protégés par la police de Berlin. A la fin de la manifestation de l’extrême-droite, devant le Reichstag, les policiers ont même attaqué les contre-manifestants avec des matraques et du gaz poivre.

Ce qui est problématique dans les conceptions du collectif What the Fuck est avant tout leur refus d’un diagnostic pré-natal, qu’il jugent validiste. Nous nous battons au contraire pour que toute femme enceinte ait le droit de choisir si elle veut un enfant malgré ses éventuels limitations physiquement ou en dépit de sa bonne santé. Bien entendu, cela implique un accès total à toutes les informations qu’elle souhaite.

Droit à lavortement et socialisation du travail domestique

Le droit à l’avortement, pourtant, ne suffit pas. Il permet aux femmes d’exercer un certain contrôle sur leur corps mais n’enraye pas la machine patriarcale à faire souvent reposer sur leurs épaules l’éducation des enfants. Le choix d’une grossesse est donc déjà limité par les contraintes découlant de la division sexuelle du travail ; la femme à la maison, l’homme au travail. Il faut donc également se battre pour que l’éducation des enfants ne soit pas le travail de femmes individuelles mais soit socialisé. Alors seulement elles auront la liberté réelle de choisir d’avoir ou non des enfants.

Les militantes de Pan y Rosas, également membres de RKJ*, ont participé à la manifestation du collectif What The Fuck avec leur propre banderole et ont distribué leurs tracts dans l’autre manifestation :

« Nous exigeons le droit à lavortement gratuit, sans consultation obligatoire, délais, autorisation parentale, et sans tabous. Il est important pour les femmes dêtre conseillées, mais cela doit aller dans leur sens et ne pas donner lieu à des obligations. En outre, nous exigeons laccès gratuit à la contraception et à une meilleure éducation sexuelle. Mais cela ne suffit pas. Un véritable pouvoir de décision des femmes sur leurs corps et leurs grossesses ne pourra être atteinte que lorsque le travail domestique et léducation des enfants sera prise en charge par lensemble de la société. Tant que nous, femmes, sommes en charge des enfants et du travail domestique, tant que nous ne sommes pas rémunérées pour cela, et tant quavoir un enfant mène à une dépendance financière encore plus grande par rapport aux hommes, il ne peut y avoir un choix réel des femmes pour ou contre une grossesse.  »

*RKJ : Organisation marxiste révolutionnaire incluant des membre de RIO (Organisation Internationaliste Révolutionnaire), section allemande de la FT.


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