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Écologie au Canada

Le Parti libéral vide les égouts de Montréal dans le fleuve Saint-Laurent

Ivan Matewan Le maire de Montréal, Denis Coderre, a annoncé mardi 10 novembre le déversement programmé de huit milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent. Le déversement a commencé quelques heures plus tard et durera environ 7 jours consécutifs. « Un mal nécessaire » affirme le maire du Parti libéral (PL).

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Huit milliards de litres d’eaux usées déversés

La ville de Montréal procède depuis mercredi matin au déversement de huit milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent. Des travaux de réparation et d’entretien des infrastructures de traitement de l’eau sont à l’origine de cette décision du maire montréalais, Denis Coderre, du Parti libéral. En effet, le tuyau de 30 kilomètres qui achemine les eaux usées de la ville vers la station d’épuration est endommagé et doit être réparé. Le projet prévoit par ailleurs l’installation d’un équipement de désinfection à l’ozone et des bassins de rétention ainsi que le réaménagement des chutes à neige, le tout censé réduire les déversements non planifiés lors des grandes pluies ou de la fonte des neiges.

Fortement critiqué pour cette décision, la mairie montréalaise affirme que les risques pour l’environnement sont limités. Selon ses estimations, l’ajout de matières en suspension au fleuve s’élèverait à peine à 1 mg par litre, soit l’équivalent d’une goutte d’eau. Pourtant, les habitants de la ville et des communes situées en aval du fleuve sont interdits de toucher à l’eau du fleuve tout au long des travaux et même quelques jours après. Malgré les belles paroles de l’administration Coderre, le déversement pourrait avoir des répercussions sur la qualité de l’eau potable que ces municipalités tirent du fleuve. Il ne manquera pas non plus d’avoir des conséquences sur les communautés des Premières Nations installées sur le fleuve. Les déversements de ce type sont malheureusement récurrents au Québec : la province en a connu 45 000 en 2013.

Le Canada : le cancre mondial de l’écologie

En dépit de ses paysages immaculés, le Canada est de loin l’un des plus mauvais élèves en matière d’écologie à l’échelle mondiale. Les politiques menées par l’ancien Premier ministre conservateur Stephen Harper à la tête du pays pendant plus de neuf ans ont largement contribué à faire du Canada l’un des « cancres » de l’écologie. Après son désengagement du protocole de Kyoto en 2011, son gouvernement a encouragé l’exploitation des sables bitumineux et a réduit les régulations environnementales à une peau de chagrin en se faisant le champion des énergies fossiles et du scepticisme climatique.

Le Canada est aujourd’hui l’un des plus gros pollueurs au même titre que les États-Unis et la Chine. Selon une étude réalisée par l’Université Concordia, le Canada contribuerait à environ 2% du réchauffement climatique, en dixième position, à égalité (presque) avec la France. Quand ce taux est reporté au nombre d’habitants, le Canada monte de plusieurs rangs et se retrouve en troisième position. De plus, l’industrie forestière a ravagé les forêts du pays ces dernières années. Entre 2000 et 2013, on estime que la forêt intacte a reculé de 7,3 % au Canada. Ainsi, ce dernier se situe au premier rang en matière de déboisement.

Vers des jours meilleurs sous le nouveau gouvernement libéral ?

L’arrivée au pouvoir du nouveau Premier ministre libéral Justin Trudeau a été accueillie avec enthousiasme dans certains milieux écologistes, qui attendent du Parti libéral une rupture nette avec les politiques conservatrices de la dernière décennie. « Si Justin Trudeau a réellement l’intention d’assurer le changement auquel aspire la grande majorité des Canadiens qui ont voté pour lui, il doit faire en sorte que leur pays redevienne un leader mondial au niveau de la science, du développement et de la lutte contre les changements climatiques » estime Rania Massoud de Greenpeace Canada. « Le nouveau Premier ministre doit trancher avec l’ère Harper et sortir le Canada de son isolement sur la scène internationale » poursuit-il.

Mais le programme du Parti libéral, au service du patronat, ne laisse que peu d’illusions d’un changement avec les politiques de l’ancien gouvernement en matière d’écologie et d’environnement. Le nouveau Premier ministre soutient par exemple le project Keystone XL, un projet de pipeline de sables bitumineux qui est fortement critiqué en Amérique du Nord. Il refuse par ailleurs de fixer un objectif de réduction des émissions de gaz à effets de serre et ne remet pas en cause les engagements, aussi minimaux soient-ils, pris par le gouvernement Harper en mai dernier en vue de laCOP21 qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre au Bourget, à Paris.

Une telle rupture est d’autant moins attendue que les Libéraux, malgré leurs belles promesses électorales, comptent bien poursuivre l’oeuvre de Harper sur le plan tant militaire que budgétaire. Comment investir 1,2 milliard de dollars dans les énergies vertes ou débloquer 20 milliards de dollars pour favoriser les transports collectifs, tout en promettant de trouver six milliards de dollars d’économies budgétaires par an d’ici 2019 ?

Cette rupture devrait être d’autant moins attendue que c’est le nouveau gouvernement qui a effectivement autorisé le projet de déversement d’eaux usées du maire montréalais. Un signal fort de son action future en matière d’écologie. 



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