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Conséquence de la destruction de l'hôpital

Le CHU de Bordeaux condamné en justice après la mort d’une patiente faute de prise en charge

Le 21 juin, le CHU de Bordeaux a été condamné par la justice pour le décès d’une patiente, morte après avoir attendu plus de 10 heures dans le couloirs des urgences en 2018. Derrière la mauvaise prise en charge, se cachent les conséquences dramatiques de la casse de l’hôpital public.

Karl Nara

27 juin 2022

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L’affaire remonte à mars 2018. Une patiente âgée de 48 ans, atteinte de la maladie de Still (une maladie inflammatoire chronique rare) est admise le 8 mars à 10 heures du matin aux urgences du CHU Haut-Lévêque à côté de Bordeaux. Son état (fièvre et tension basse) pousse les urgentistes à appeler le Samu pour la transporter à l’hôpital Saint-André, dix kilomètres plus loin. Contacté à 12 h 30, le véhicule du Samu n’arrivera qu’à 20 h 30. La patiente est alors transférée en réanimation et décède deux jours plus tard.

Le procès du tribunal administratif de Bordeaux s’est conclu mardi 21 juin 2022 et a condamné le CHU dà verser 47 378 euros à la famille de la patiente. Le tribunal conclut : « Le retard de prise en charge en réanimation, qui a résulté de la sous-estimation de la gravité de l’état de santé de [la patiente], tant par l’équipe du service de médecine générale et des maladies infectieuses de l’hôpital Haut-Lévêque que par le Samu, révèle un défaut dans l’organisation et le fonctionnement du service public hospitalier, de nature à engager la responsabilité du CHU »

France Info rapporte par ailleurs des propos indécents de défense du CHU durant le procès, qui aurait déclaré que la prise en charge avait été faite : « Conforme aux règles de l’art ». Aujourd’hui, si le CHU a annoncé ne pas faire appel, il continue pourtant d’assumer ce genre de politique.

Quand bien même la faute revient au CHU pour une mauvaise prise en charge au résultat tragique, il convient avant tout de voir ici les conséquences de la casse de l’hôpital public menée par les gouvernements successifs. Les politiques libérales qui ont mis à genoux le système de santé publique sont criminelles, et l’on voit déjà ses conséquences concrètes. Manque de personnel, de moyens, sous-effectif structurel, usure et méthodes de management ignobles : autant de facteurs qui dégradent les conditions de travail, la qualité des soins et pousse à ces évènements tragiques.

Entre temps, le Covid est passé par là et a révélé aux yeux de tous la destruction de l’hôpital public et ses conséquences. Aucun moyen n’a depuis été ajouté. Dernièrement, les urgences du CHU de Bordeaux, trie leur accès la nuit et «  si à partir de 17h […] vous n’êtes pas passé par la case Samu ou médecin, vous serez accueilli par deux bénévoles de la Protection civile. […] passé 22 h, ces bénévoles seront remplacés par un bouton joignant le 15. ». À cela, vient s’ajouter la fermeture de 600 lits pour l’été 2022 qui met en évidence la situation de crise qu’est en train de vivre le deuxième CHU de France.

Mais il n’est qu’une vitrine d’un problème structurel plus profond qui touche l’ensemble du système de santé français. Les gouvernements successifs et leurs politiques néolibérales sont les coupables ! Les conséquences au quotidien sont terribles et la crise actuelle de l’hôpital ne peut que laisser envisager une augmentation des cas de décès pour mauvaise prise en charge, attente, ou tri des patients. En finir avec cette logique est urgent, seule une embauche massive et une revalorisation des salaires, seraient en mesure de permettre à l’hôpital public de souffler et aux patients de se faire soigner correctement et dignement. Pour porter ces mots d’ordre, et imposer des moyens pour la santé publique, ce sera en unifiant les colères qui s’expriment à l’hôpital : contre tout corporatisme, il faut dès maintenant s’atteler à un plan de bataille pour lequel il vaut la peine de se battre !


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