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La relance selon Macron : moins de salaire pour les travailleurs, moins d’impôt pour les patrons

Le gouvernement montre plus que jamais dans sa gestion de la crise, quelles sont ses priorités. Le plan de relance « à la Macron » consiste d’un côté à vanter les bienfaits des baisses de salaires pour sauver l'emploi (tout en subventionnant les licenciements dans l'automobile ou l'aéronautique), de l’autre, d’aider les entreprises en supprimant un impôt de productivité.

Tyshka Rostov

18 juillet 2020

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Taxer les plus pauvres et sauver les grandes entreprises. Voilà sans surprise le cap que tient Macron pour faire face à la crise économique majeure que nous vivons depuis la pandémie. En effet, interrogé sur le plateau de TF1 ce 14 juillet à propos de l’APC (l’Accord de Performance Collecttive) signé dans la filiale Derichebourg Aeronautics à Toulouse (contre lequel les salariés ont mené une lutte exemplaire), Macron tient ses positions : au nom du maintien de l’emploi, il se dit favorable à la baisse des salaires que mettent en place certaines entreprises grâce à ces accords de performance, imposés le couteau sous la gorge. Il se dédouane ainsi en ne l’imposant pas mais en donnant très clairement son aval aux entreprises sur cette méthode. Ce dispositif est déjà enclenché dans plusieurs entreprises, sous la forme d’APC, comme à Derichebourg Aero, ainsi que dans un florilège d’entreprises de sous-traitance d’Airbus. Les APC, consistent à précariser les salariés en remettant en cause leur contrat de travail tant sur la rémunération, que le temps de travail ou encore la mobilité, tout ça sous le même prétexte : il faut « faire des efforts ». "Pour notre pays, je préfère qu’il y ait des salaires qu’on doit baisser momentanément plutôt qu’il y ait des licenciements" dit Macron. Cet argument n’est même pas valable, puisqu’une baisse de salaires aujourd’hui n’est pas incompatible avec des plans de licenciements à la rentrée. Aujourd’hui on dit aux travailleurs « si vous voulez gardez votre emploi, acceptez la baisse de salaire » et demain, ces mêmes salariés pourront subir des vagues de licenciements. Le patronat cherche simplement à garantir ses marges (voire à les augmenter) en profitant de la crise pour mordre partout où il peut ! Pour prendre l’exemple du patronat aéronautique, qui s’est gavé depuis des années mais se prétend aujourd’hui en crise, personne n’est assez naïf pour croire qu’il n’y aura pas une nouvelle bonne raison pour ne pas remonter les salaires ou les primes à leur stade antérieur, une fois la baisse "momentanée" passée. Macron semble avoir conscience de ça et prend des pincettes en disant "Ça ne doit pas prendre la forme d’un chantage. [...] Quand il y a de la peur dans un pays, le dialogue social a une valeur inouïe parce que ça permet de mettre des gens autour d’une table". Comme d’habitude, chaque sujet qui grince est résolu par le gouvernement Macron par l’argument ultime du « dialogue social » et l’invitation à la collaboration de classe.

En période de crise, la baisse des salaires est une stratégie commune utilisée par la bourgeoisie et les gouvernements. Sous prétexte qu’il faut à tout prix préserver les emplois, ils revêtent leur vernis social en conseillant à tout le monde de faire des efforts en ces temps de crise, et en brandissant l’argument de l’unité nationale. Comme si les salariés étaient des héros de la nation pour sacrifier contre leur gré une partie de leur salaire au profit de leurs patrons. Pourtant, ce n’est pas aux travailleurs de payer cette crise, et le gouvernement ainsi que les grands patrons ont suffisamment accumulé d’argent dans leurs poches pour empêcher des baisses de salaires et des licenciements. Mais pour eux, cela voudrait dire arrêter la course au profit.

Et si la crise permet de justifier des attaques contre les travailleurs, elle permet aussi de faire de substantiels cadeaux aux patrons. C’est bien pour ça que Bruno Lemaire, ministre de l’Economie, a annoncé, une énième fois, ce jeudi à Matignon vouloir aider le patronat. En France, les entreprises sont soumises à des impôts directement prélevés sur les bénéfices ; et à des impôts sur la production, qui ne dépendent pas des bénéfices. La Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) fait partie du deuxième cas. Dans le cadre du plan de relance, Bruno Lemaire dit vouloir instaurer une « baisse significative » de la CVAE , un impôt de production perçu notamment par les régions. Selon lui c’est « l’impôt qui pèse le plus sur les entreprises ». Il s’agirait alors d’une baisse de 10 milliards d’euros. C’est une baisse conséquente si l’on prend en compte que le produit annuel de ces impôts représente environ 70 milliards d’euros.

Le budget des régions est directement dépendant de cet impôt versé par les entreprises, les élus régionaux sont donc très mitigées sur ce sujet. Renaud Muselier, le président LR de l’association Régions de France, s’oppose formellement à toute baisse ou suppression de la CVAE. Dans une interview pour les Echos il affirme « C’est presque un tiers de nos recettes. On ne peut pas parler de relance et assécher nos ressources. ». A moins que ce ne soient les caisses de l’Etat qui se vident pour le renflouer, dans tous les cas de l’argent public aura été laissé dans les mains du patronat.

Pendant que Macron clame sur les plateaux que les travailleurs déjà précaires doivent voir leur salaire diminuer, les grandes entreprises voient leurs impôts baisser. Face à cette gestion capitaliste de la crise, nous devons nous organiser. Nous ne devons accepter, ni licenciement, ni baisse de salaire ! Les salariés sont ceux qui ont déjà supporté la crise du Covid et maintenu l’économie à flot, ce n’est pas à nous de payer la crise !


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