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Témoignage du secrétaire de l’UL CGT

La police hors jeu à Valenciennes : blocage inattendu cette nuit au dépôt pétrolier d’Haulchin

Au jeu du chat et de la souris avec les forces de répression, on peut dire que les travailleurs de Valenciennes (59) ne manquent pas de créativité. Après avoir bloqué, jeudi dernier, la circulation des trains de marchandises, ils ont été nombreux ce lundi 25 à apporter leur soutien aux routiers en grève reconductible contre les ordonnances Macron. Après une longue journée d’action, ils bloquent en ce moment même le dépôt pétrolier d’Haulchin, ayant réussi à détourner l’attention de la police. A 22 heures ce lundi, nous faisons le point avec Émile Vandeville, secrétaire général de l'union locale CGT de Valenciennes.

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« On a installé des tentes, on va passer la nuit ici ».

« Tu ne me déranges pas, on vient de finir de s’installer, on bloque le dépôt pétrolier d’Haulchin là, on est 80 », répond Emile au téléphone, sur le ton le plus naturel du monde, conscient du rapport de force que peuvent imposer les travailleurs organisés pour faire face au patronat. Cette force, ils l’ont déjà vérifiée pendant la mobilisation de 2016, où ils avaient bloqué le même dépôt pétrolier pendant 6 jours et 6 nuits, avant d’être délogés par la gendarmerie.

Sur le pied de guerre depuis 2 heures du matin, la fatigue se fait ressentir mais elle n’a pas pris le dessus sur le moral des troupes. Alors que la plupart des 40 points de blocages des routiers ont été levés au bout de quelques heures, Emile raconte comment les choses ont évolué au cours de la journée dans le valenciennois : « Ce matin on est arrivés au dépôt sur les coups de 6h30 et il y avait 8 ou 9 camions de la gendarmerie mobile. Donc on n’a pas insisté et on a été bloquer les routes d’accès de la raffinerie, un peu plus loin, mais pas le dépôt lui-même. Puis ensuite on est partis en opération escargot sur l’autoroute pour aller en Belgique à une quarantaine de voitures. On pensait avoir fini nos actions pour la journée et puis en fin d’après-midi, vers 18h30, un camarade est passé devant le dépôt et nous a signalé qu’il n’y avait plus qu’une voiture de police avec deux flics dedans. Du coup on a envoyé des SMS à tous les camarades, on s’est donné rendez-vous dans une zone industrielle à 2 kilomètres du dépôt, on est arrivés en force à une vingtaine de voitures et on est rentrés dans le dépôt. Tout s’est bien passé, à l’heure qu’il est on a installé des tentes, on va passer la nuit ici ».

Un mot d’ordre : « le blocage de l’économie »

Notre blocage n’est pas une fin en soi dans la mesure où le blocage de l’économie doit avoir lieu d’abord dans les entreprises, mais en même temps ces actions-là mobilisent et motivent les camarades. Ca permet aussi de créer des convergences, on mène des actions communes avec Sud. Ce matin par exemple les actions de blocage de la route et l’opération escargot, on les a décidées en AG intersyndicale avec Sud. Le but de l’opération escargot, c’était d’aller au poste frontière pour bloquer les camions qui venaient de Belgique, histoire de bloquer l’économie. Mais ça on n’a pas réussi à le faire parce que les flics nous ont bloqué la route.

S’il reconnaît qu’il y a encore du travail à faire dans les boîtes pour convaincre plus largement les travailleurs de se mobiliser, Emile est confiant par rapport aux suites du mouvement : « les choses avancent. Par rapport au 12, davantage d’entreprises se sont mises en action le 21. Et les actions qu’on fait, même si ce n’est pas ça qui va bloquer l’économie, c’est un vecteur de mobilisation, c’est vu d’un bon œil par les collègues. D’ailleurs, en 2016 quand on avait bloqué le dépôt pendant 6 jours et 6 nuits, on avait reçu un réel soutien de la population ».

« On a besoin d’un appel ferme de la confédération »

Quant on l’interroge sur ce qu’il pense de la politique de la confédération CGT, Emile émet des réserves : « On a besoin d’un appel ferme de la confédération. Là c’est les routiers, le 10 c’est la fonction publique… cette division, c’est problématique. C’est pour ça qu’au niveau de l’union départementale CGT du Nord, on a lancé un appel à la grève reconductible, voté au comité général du 15 septembre. Je pense qu’il y a nécessité de refaire un appel très rapidement à une journée nationale de grève et de manifestations, et puis d’appeler à la reconduction. Après c’est vrai qu’il y a un travail à faire dans les entreprises, mais ça ne peut que nous aider, donner de la lisibilité aux travailleurs ».

Mise à jour : Le piquet a été délogé par les CRS ce mardi 26 septembre à 4 heures du matin.


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