×

Grève dans l’aéronautique

« La lutte des Sabena montre la voie » : billet d’un travailleur de l’aéro solidaire des grévistes

A Toulouse, les salariés de Sabena Technics, un sous-traitant aéronautique, sont entrés en grève ce 6 octobre pour des conditions de travail digne et des augmentations salariales face à l’inflation. Pour les soutenir, participez à la caisse de grève en ligne !

Facebook Twitter

Crédits photo : Révolution Permanente Toulouse

Pour soutenir les grévistes de Sabena Technics, partagez et donnez à la caisse de grève

Si, depuis les années 70, les luttes ont été rares dans le secteur de l’aéronautique, on assiste ces dernières années à l’émergence de quelques grèves qui montre un regain de combativité dans ce secteur. La crise du covid, d’abord, à donné lieu à des vagues de licenciements massifs, le contexte économique de très forte inflation actuel après des années de gel des augmentations cause des pertes de salaire réel.

Après les licenciements, c’est tout le secteur aéro qui peine à recruter, les travailleurs en place devant fournir plus d’efforts dans le minimum de temps pour répondre aux exigences de productivité : c’est travailler plus pour gagner moins. Cette situation est de plus en plus insupportable et conduit des travailleurs à relever la tête et engager le rapport de force par la grève contre leur patron. On peut penser, par exemple, à la lutte de Derichebourg en juin 2020 ou bien, plus récemment à Mécachrome qui ont obtenu de meilleures augmentations ou à Satys, le concurrent direct de Sabena Technics.

Étant moi-même ouvrier dans une petite boîte de la sous-traitance aéronautique où, comme partout les conditions de salaires se dégradent, je suis allé au piquet de Sabena Technics rencontrer des grévistes, chercher l’inspiration et surtout leur apporter mon soutien plein et entier. J’y ai rencontré des collègues très sympas et accueillants, heureux de voir que leur mouvement fasse parler d’eux, fiers d’avoir relevé la tête pour se battre pour des conditions de travail décentes, et déterminés à faire plier le patron.

Pour une première grève, où la moyenne d’âge est très jeune, où beaucoup de grévistes sont encore intérimaires, ce degré de détermination avec un taux de participation à la grève de 100% chez les ouvriers fait plaisir à voir et donne de l’espoir à tous les travailleurs qui voient la crise les frapper de plein fouet pendant que leurs patrons se gavent à coups de millions. Surtout, la lutte des ouvriers de Sabena nous montre la voie à suivre face à la hausse des prix qui nous condamne chaque jour à un peu plus de misère.

D’autant que les conditions de travail à Sabena Technics, qui fait la peinture des avions, ont l’air particulièrement difficiles : en particulier, des produits très toxiques et volatils, des opérations de ponçage ou de décapage qui nécessitent des équipements de protection type combinaison intégrale, et donc de faire des pauses régulières pour s’aérer et s’hydrater, alors que derrière on pousse les ouvriers à la productivité. L’un des grévistes me parlait de personnes qui font des malaises, dont une en période d’essai qui n’aurait pas été reconduite à cause de ça.

Des alertes ont été lancées auprès de l’inspection du travail sans que rien ne change. Et tout ça pour des salaires vraiment au ras des pâquerettes... D’où la revendication de la prime « décapage » qui est acquise dans toutes les autres entreprises aéronautique et les autres sites Sabena Technics, mais pas au site de Toulouse. On sent vraiment la direction qui voulu tester un management à la dure sur un nouveau site pour voir jusqu’où ça allait tenir, malgré les contradictions que cela entraîne.

En effet, il y a un énorme turn-over dans l’entreprise. La plupart des anciens quitte l’entreprise pour trouver mieux chez les concurrents à côté. Ceux qui restent doivent faire la même quantité de travail tout en formant les jeunes qui viennent passer leurs qualifications et partent une fois celles-ci obtenues... Visiblement, c’est la boîte où personne ne veut rester. Et ça c’est un signe qui ne pardonne pas, là où il y a un tel turn-over, c’est que les conditions de travail doivent être vraiment dégueulasses. L’un des grévistes comparait son usine à un McDo, c’est dire. Pour une boîte de l’aéronautique, le fameux fleuron de l’industrie française, qui brasse du fric par millions, c’est vraiment choquant.

Ainsi, la dégradation des conditions salariales dans un secteur qui était historiquement plutôt un secteur « favorisé » du mouvement ouvrier marque l’ampleur de la crise qui nous guette, nous les travailleurs. Et donne la mesure de la riposte qui s’impose face à l’exploitation éhontée de nos patrons.

Les grévistes de Sabena Technics grâce au caractère de leur mouvement, leur détermination, leur enthousiasme, leur spontanéité, leur cohésion ou le dynamisme de leur piquet nous montrent la voie à suivre, celle du rapport de force pour arracher les droits les plus élémentaires des travailleurs : des conditions de travail dignes et une rémunération qui nous permette de vivre dignement . D’où l’importance que cette grève soit victorieuse pour amorcer avec force le prochain combat pour de véritables augmentations de salaires lors des prochaines NAO annoncées avant la fin de l’année.

Pour cela, la réflexion autour d’un plan de bataille pour aller le plus loin possible, le développement de l’auto-organisation pour que chaque gréviste puisse s’emparer pleinement de sa lutte deviendront des questions cruciales. Et au-delà de Sabena, une victoire des grévistes seraient aussi un magnifique signal d’encouragement à l’ensemble des travailleurs, de l’aéro comme d’ailleurs, pour montrer qu’il n’y a aucune fatalité à subir la crise actuelle mais au contraire tout à gagner à se mobiliser pour arracher des victoires.

En attendant, les négociations du jour n’ayant pas abouti, la grève est reconduite pour la journée du vendredi. Tous les soutiens extérieurs seront les bienvenus pour donner de la force et toute participation à la caisse de grève qu’ils ont lancé sera un plus pour aller plus loin.


Facebook Twitter
5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

100€ à débourser pour accéder à son CPF : le gouvernement fait à nouveau payer les travailleurs

100€ à débourser pour accéder à son CPF : le gouvernement fait à nouveau payer les travailleurs

« Tavares gagne 36,5 millions grâce aux ouvriers sous-payés » Vincent, délégué CGT Stellantis

« Tavares gagne 36,5 millions grâce aux ouvriers sous-payés » Vincent, délégué CGT Stellantis

« Ils veulent museler toute contestation ». La CGT Fleury Michon appelle à la grève contre la répression

« Ils veulent museler toute contestation ». La CGT Fleury Michon appelle à la grève contre la répression

Toulouse. Marche blanche en mémoire d'Adrien, employé de l'ATPA-SPA en lutte contre la maltraitance animale

Toulouse. Marche blanche en mémoire d’Adrien, employé de l’ATPA-SPA en lutte contre la maltraitance animale

Chambéry. Les parents d'élèves rejoignent la mobilisation en soutien à une enseignante

Chambéry. Les parents d’élèves rejoignent la mobilisation en soutien à une enseignante 

SNCF. Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend convoqués en conseil de discipline

SNCF. Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend convoqués en conseil de discipline

Toulouse. Les travailleurs d'Airbus Defense & Space en grève pour les salaires

Toulouse. Les travailleurs d’Airbus Defense & Space en grève pour les salaires