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Privatisation

La ligne de TER Nice-Marseille attribuée à Transdev : la privatisation du rail en marche

Cette semaine, la région PACA a annoncé l'attribution à l'entreprise privée Transdev de l'exploitation de la ligne TER Marseille-Nice. Une première conséquence de l'ouverture à la concurrence qui ira de pair avec le transfert au privé de 166 cheminots.

Belkacem Bellaroussi

8 septembre 2021

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C’est une première dans l’histoire de l’entreprise, et les effets directs de la loi ferroviaire de 2018, posant le cadre général de l’ouverture à la concurrence. Alors que la privatisation est déjà en marche dans la région Haut-de-France avec notamment le transfert d’un certain nombre de cheminots vers le privé d’ici 2024, celle-ci se matérialisera dans la Région Sud par l’exploitation de la ligne TER Marseille-Nice par Transdev.

Une attribution qui se fait dans le cadre de l’ouverture à la concurrence de l’ensemble des lignes TER de France dans les 10 ans à venir. Conséquences directes du nouveau pacte ferroviaire de 2018 (et combattu par les cheminotes et cheminots à l’époque). Nous pourrons bientôt constater partout les mêmes mécanismes perdants-perdants pour l’ancienne entreprise publique et pour les cheminots. Et même les usagers les plus enthousiasmés par l’idée de la concurrence peuvent constater qu’ils ne profiteront jamais d’un choix d’opérateurs tel qu’ils pouvaient peut-être se l’imaginer. Puisqu’une fois la ligne assignée à une compagnie, ils se retrouveront coincés avec pour 10 ans. 10 ans à subir des décisions basées sur les profits plutôt que sur la sécurité des circulations, le service public, l’équilibre du territoire et l’écologie.

Le changement d’opérateur en région PACA ne pourra s’effectuer rapidement, car il faudra procéder au transfert de personnel, commander de nouvelles rames, et construire un nouvel atelier de maintenance réservé à cette activité à Nice, pour 2025. Trois entreprises étaient en concurrence : l’opérateur historique SNCF, Transdev et l’Italien Thello. Le contrat devrait être signé pour 10 ans, et est estimé à 870 millions d’euros. Avec l’offre de Transdev, « dès 2025, le trafic sera doublé » passant de sept allers-retours quotidiens à 14, selon la Région.

Cette nouvelle constitue une attaque frontale contre les cheminots de la ligne Marseille-Nice. En effet, ce ne sont pas moins de 166 cheminots qui seront transférés à Transdev pour l’exploitation de la ligne. Autant de cheminots qui perdront alors leur statut SNCF, leurs acquis, et verront leurs conditions de travail dégradées. Le Secrétaire général de la CGT cheminot à Marseille, Rémy Hours l’annonce : "On va avoir des conditions de travail dégradées, des rémunérations dégradées, un niveau de formation qui ne sera peut-être pas suffisant, et derrière la sécurité de la circulation qui peut être remise en cause".

Le syndicat SUD-Rail a lui dénoncé un “dumping social” et un “morcellement” du réseau. “Ce modèle est essentiellement basé sur le dumping social, c’est-à-dire sur la dégradation des conditions de travail et de vie des cheminots, alors même qu’elles sont un élément essentiel de la sécurité ferroviaire”, écrit dans un communiqué SUD-Rail Paca. “Cette décision n’est pas du tout une surprise, car la Région Sud aurait été embêtée si elle avait retenu deux fois la SNCF dans les deux appels d’offres, alors qu’elle se disait être mécontente de la SNCF. La Région aurait perdu toute crédibilité”, a-t-il ajouté.

Le PDG actuel, Jean-Pierre Faradandou s’est fendu d’un message à l’adresse des cheminots à propos de la perte du marché. Ils sonnent comme une belle hypocrisie à l’heure où les appels d’offre partout en France ne font même pas l’objet d’une candidature de la SNCF. M. Farandou (ex-PDG Keolis) fait candidater uniquement des filiales de droit privé et impose à tous les cheminotes et cheminots dévoués au service public (notamment en cette période COVID), le transfert de personnel obligatoire.

Quatre autres régions de France ont également annoncé leur volonté d’expérimenter l’ouverture à la concurrence de leur TER : le Grand-Est, les Hauts-de-France, l’Ile-de-France et les Pays-de-la-Loire. La question n’est pas tant de savoir quelle entreprise privée remportera les appels d’offre mais plus de comprendre que le morcellement ligne par ligne de la SNCF historique détruit l’aménagement homogène du territoire, dégrade la sécurité (qui ne fait jamais bon ménage avec les profits) et tends vers l’augmentation progressive du prix du billet (comme en Angleterre) car les appels d’offre ultra compétitifs poussent à réduire artificiellement les prix pour les emporter, tout en sachant que tôt ou tard les entreprises privées et leurs actionnaires réclameront des retours sur investissement.

Personne ne sort gagnant de cette grande braderie hormis les patrons du CAC40 qui voient là encore les moyens de privatiser les profits tout en subventionnant les pertes par de l’argent public.
Le 7 octobre un rassemblement à Metz va permettre aux cheminots du Grand-Est (eux aussi dans les premiers impactés) et à ceux qui soutiennent une vision pérenne des services publics de montrer leur détermination face aux décisions dogmatiques et néfastes d’un gouvernement qui détruit le train à l’heure où la planète en aurait le plus besoin.


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